Église… Catholique... Universelle… s'il est bien un lieu où l'universalité prend tout son sens, n'est-ce pas dans les quartiers populaires ?
Témoignage donné à Lyon, le vendredi 25 mai 2012, par la Mission ouvrière
Présence de l’Église dans les quartiers populaires.
Des questions se posent au sein même de l’Église Catholique quant aux façons de répondre à des attentes religieuses multiples, allant de l'action catholique à des religiosités populaires pouvant apparaître comme un retour à des pratiques anciennes.
Et si nous osions ajouter un nouveau qualificatif à ces quartiers, qui en bénéficient déjà de multiples, pour les définir comme... des territoires d'universalité du peuple de Dieu, dans sa diversité (culturelle, ethnique, religieuse), avec ses difficultés (économiques, sociales, cadre de vie) et ses richesses (solidarité, vivre ensemble, vie militante).
A l'évidence, l’Église se doit d'y avoir une présence particulière au travers d'un apostolat des quartiers populaires pour vivre la solidarité avec les plus petits, annoncer, proposer la foi et construire la fraternité.
Face à l'exclusion sociale, la relégation urbaine, le rejet de l'étranger, il existe une tradition d’engagement des chrétiens aux côtés de ceux qui souffrent, qui luttent, pour dépasser les difficultés du quotidien. Citons ces prêtres ou ces religieux(ses) ayant fait le choix de vivre en « voisins de palier » d'habitants pas forcément paroissiens ; ces militants actifs dans les associations de quartiers, dans lesquelles la prise de responsabilité offre une existence sociale à des privés d'emplois ; ces bénévoles qui proposent la foi, annoncent l’Évangile et accompagnent aux sacrements dans toutes les circonstances de la vie ; ces communautés qui font vivre des paroisses vivantes et accueillantes au cœur des quartiers.
La Mission Ouvrière s'enracine historiquement dans ces quartiers par la présence et l’action de l'ACE, la JOC, l'ACO ou des Rencontres Fraternelles. À ses côtés, d'autres familles spirituelles ont aussi trouvé dans ses quartiers un sens à la mission, à l'instar du Prado, du SAPPEL, de la Mission de France. Tous ces exemples montrent la richesse des outils créés au sein de l’Église pour proposer à tous les âges de la vie des lieux d’action collective et d'éducation populaire, des moments de partage de foi, de relecture. Cela permet de mettre en avant la richesse de chacun, l'enracinement dans une histoire, la capacité d'agir, l'envoi vers le monde.
En dépit de toutes ces dynamiques, l’Église catholique est confrontée à des difficultés importantes. Ses prêtres vieillissent, les religieux(ses) et laïcs aussi, et la relève semble peu encline (ou formée) à investir ces terres de mission. S'en suit une carence dans la fondation des mouvements et donc dans la formation de militants. De nouveaux courants religieux, inspirés du Christianisme et de l'Islam, attirent des personnes en quête d'identités et de repères forts, au travers d’une spiritualité plus charismatique et/ou conservatrice. Dans ce paysage religieux multiple, des questions se posent quant au dialogue entre ces différents courants ou religions. Quelle est la réalité de ce dialogue aujourd’hui ? S’agit-il réellement d’un dialogue ou d’une concurrence pour capter plus de fidèles ?
Des questions se posent au sein même de l’Église Catholique quant aux façons de répondre à des attentes religieuses multiples, allant de l'action catholique à des religiosités populaires pouvant apparaître comme un retour à des pratiques anciennes. Malgré tout, n'est-ce pas la mission de l’Église que de rejoindre chacun là où il est ? Ne doit-elle pas offrir une lumière d'espérance sans cesse renouvelée, en réinterrogeant ses propres pratiques et ses propositions pour que l'annonce de l’Évangile réponde aux attentes et aux besoins du peuple de Dieu présent dans les quartiers populaires.
Pour débattre de toutes ces questions, le groupe lyonnais des « Amis des Éditions de l'Atelier » a proposé de consacrer une soirée d'échanges sur la présence de l’Église en quartiers populaires. La salle de la rue Rachais était pleine : 150 personnes, 200 ; plus. Je n’ai pas compté. Au cours de cette soirée, ont été plus particulièrement abordées les questions suivantes :
Quelles sont les évolutions des croyances et des pratiques religieuses au sein de ces quartiers ?
Comment la mission ouvrière et d’autres mouvements répondent-t-ils à la diversité des réalités et des attentes ? Ces différentes approches sont-elles encore pertinentes ?
Jean-Pierre Roche, prêtre et théologien auteur de « La spiritualité de la mission ouvrière : une chance pour les milieux populaires aujourd’hui ? » (Éditions de l’Atelier, 2011), témoigna de la pertinence actuelle de ce courant original. Des chrétiens présents au quotidien dans des quartiers populaires lyonnais ont témoigné de leur présence et de leur engagement.