« Il n’y a pas de culture pure pour exprimer la foi chrétienne »

Publié le par Michel Durand

Il y a peu j’ai rencontré un jeune catholique lyonnais qui veut remettre la culture contemporaine sur le bon chemin.

« Face aux polémiques actuelles*, dit-il, une petite association lyonnaise, Alternative Catholique, se propose d'animer une veillée de prière pour un renouveau spirituel de l'art contemporain. »


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Mon regard est autre. Je ne me sens pas face, mais dans la culture actuelle. Je n’ai pas, membre de l’Église, à proposer une alternative culturelle, mais à écouter ce que les artistes disent à l’humanité et à l’Église d’aujourd’hui. Et, dans le dialogue, je me sens libre de dire mon accord ou mon désaccord. Loin de moi donc la prétention de « proposer une alternative culturelle et spirituelle aux provocations actuelles contre les symboles de la foi chrétienne ». En effet, avant d’accuser une œuvre de tendances sacrilèges, il convient de la connaître à partir des intentions du créateur.

 

Mgr Wintzer écrit :

« Plutôt qu’à l’invective et à la condamnation, c’est au travail que nous sommes appelés, travail par lequel chacun prend le temps de comprendre qui est l’autre et ce qu’il veut dire. Le dialogue est un travail de l’esprit et du coeur. Il est emprunt de modestie. Il est écoute bienveillante. Il est parole qui oriente vers le vrai et le beau. Il met sa joie dans la recherche partagée de la vérité.

Le dialogue exclut tout amalgame et tout mépris. Il nous invite à sortir du simplisme selon lequel les artistes sont des provocateurs, des blasphémateurs. Il nous appelle à prendre le temps de les interroger, ou tout simplement de lire ce qu’ils disent de leurs oeuvres. »

 

Je partage cet avis et engage fortement à lire l’ensemble de son texte : « A propos du spectacle de Romeo Castellucci « Sur le concept du visage du fils de Dieu ».

Voir le fichier joint.

Le quotidien La Croix, sous la plume d'Isabelle de Gaulmyn, en fait une juste analyse : Mgr Wintzer propose une mise en perspective théologique et spirituelle du rapport entre culture et foi, dans une société qui n’est plus culturellement chrétienne.

 

 

Le dialogue, plutôt que la violence

 

Le premier présupposé est le choix du dialogue. Cela n’a rien d’évident. « Il nous faut accepter que des personnes qui n’appartiennent pas à une religion puissent aussi en parler » , confie Mgr Wintzer. Le dialogue, et non la violence, qui « blesse les relations que l’Église catholique s’est toujours efforcée d’entretenir avec les arts et les artistes » .

Rien ne serait plus faux que de cultiver l’idée d’une Église fermée à l’art contemporain. L’accueil de spectacles ou d’expositions dans les églises, les commandes, témoigne de l’inverse. Un christianisme qui se replierait sur lui-même, et se développerait en dehors de la société et de la culture, « se contredirait lui-même »  explique le document qui s’inquiète de la tentation, pour les croyants, de se vivre comme des minoritaires environnés par une culture profane qui ne seraient pas leur.

La culture religieusement « pure » n’existe pas : Mgr Wintzer demande aux chrétiens de sortir du rêve d’une société naturellement chrétienne : « il n’y a pas de culture pure, apte par elle-même à exprimer la foi chrétienne ».

 

Interroger l’oeuvre d’art

 

Penser cela, le pratiquer, ce serait « expurger des cultures, voire des églises. Selon quels critères ? Quelle expression artistique serait-elle « pure » ? Et laquelle « impure » ? » , s’interroge-t-il. C’est même le propre du christianisme : l’Évangile « n’existe pas en soi dans une société, il est toujours inscrit dans des cultures, celles que se forgent inlassablement les hommes en quête du vrai, du beau, de la transcendance, au sein des drames de l’existence et de son apparente absurdité ».

Dès lors, la seule attitude possible du chrétien, c’est d’interroger l’œuvre d’art. Même si celle-ci semble occulter la religion, « demeure, peut-être, un espace ouvert et disponible » .

Au fond, Mgr Wintzer oppose deux formes d’iconoclasmes : celle d’artistes qui sous prétexte de refuser les images lénifiantes de Dieu, détruisent l’humanité par la violence de leur représentation, et « l’iconoclasme qui « protégeant » les seules images idéalisées, préfèrent détruire les autres » .

 

Pas de naïveté

 

Pour sortir de cette impasse, il faut chercher à comprendre, dans un dialogue à la fois avec l’œuvre, son auteur et son époque. Tout l’enjeu est dans l’interprétation d’œuvre à recevoir en fonction de leur esthétique et de l’émotion suscitées. Mais aussi, ose Mgr Wintzer, ces œuvres transmettent un message théologique, « même s’il est existentiel, avant d’être dogmatique, ou biblique » .

Refusant toute naïveté, Mgr Winzer admet enfin qu’il existe des œuvres qui sont une insulte aux croyants. Mais elles le sont avant tout dit-il, par mépris de l’homme. Tel n’est pas à ses yeux la plupart des œuvres d’art contemporain. Si l’Église refusait ce dialogue avec l’art, elle risquerait, en « l’absence d’un sens commun partagé, d’encourager la parcellisation de l’homme ».

On aurait alors un monde cauchemardesque, où « chaque groupe, chaque communauté, chaque chapelle serait la seule apte à dire ce qui la concerne ». Car « là où rien ne peut plus être dit à l’autre, et là où l’autre n’accepte rien de ce qui est dit de lui, l’individu triomphe peut-être, mais la communauté humaine est en péril ».

ISABELLE DE GAULMYN

 

* Sur le concept du visage du fils de Dieu , donnée du 20 octobre au 6 novembre à Paris et les 10 et 11 novembre à Rennes.

* Golgotha picnic,  donnée du 16 au 20 novembre à Toulouse, puis à Villeneuve-d’Ascq et à Paris.

 

Voir ici le texte de Mgr Winzer


Publié dans Art

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G
<br /> Merci Père pour votre réponse.<br /> <br /> <br /> Pardonnez-moi si je vous parais usurper le nom de la BASA, mais je tenais personnellement à ce que notre veillée soit en résonance avec votre démarche que j'approuve et dans<br /> laquelle je me reconnais pleinement.<br /> <br /> <br /> Je ne crois vraiment pas que nos démarches divergent et si je prends le temps d'organiser cette veillée, c'est justement parce que je désire le dialogue.<br /> <br /> <br /> Nos intervenants viennent pour susciter des questions, pas pour asséner des réponses.<br /> <br /> <br /> Je serais heureux que vous puissiez prendre la parole mercredi soir, si vous le souhaitez, pour parler de votre engagement dans la création actuelle.<br />
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M
<br /> <br /> Gaultier<br /> <br /> <br /> Comme promis je serais présent et l'on verra comment se passe le débat. Vous en avez l'expérience, ce n'est pas toujours facile de maîtriser les expressions, les diverses prises de position.<br /> <br /> <br /> Résonance est un mot technique, comme partenaire ou partenariat. Je peux vous dire que la BASA, suite à une proposition de la biennale d'art contemporain de la ville de Lyon<br /> BAC-2009, à déposé un dossier pour être en résonance avec la BAC. Demande qui ne fut pas retenue parce que, de toutes façons, la BASA se trouvait hors thème.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Cher Père,<br /> <br /> <br /> Je tenais juste à vous signaler que grâce à vos réponses, nous avons fait évoluer notre proposition.<br /> <br /> <br /> Je vous invite à en lire le nouveau texte de présentation, par ici:<br /> <br /> <br /> http://lesoupirailetlesvitraux.hautetfort.com/archive/2011/11/24/evangeliser-par-l-art.html<br /> <br /> <br /> <br /> Si nous<br /> chrétiens voulons dépasser la polémique souvent stérile, il nous faut revenir à l'essentiel : le témoignage de notre foi, l'annonce de l'Evangile. <br /> <br /> C'est pourquoi<br /> il nous semble nécessaire que les chrétiens réinvestissent pleinement le champ artistique, non seulement en dialoguant avec les artistes contemporains, mais en encourageant une démarche<br /> artistique féconde et exigeante, propre à nous élever par le beau au mystère de la transcendance. <br /> <br /> En effet,<br /> désenchantée par le matérialisme, notre société a plus que jamais besoin d'une création artistique qui puisse éveiller en chacun un désir de comprendre et de<br /> s'émerveiller. <br /> <br /> <br /> De<br /> Dante à Claudel, de Bach à Messiaen, de Giotto à Arcabas, l'histoire de l'art nous révèle que création artistique et quête spirituelle se fécondent et s'enrichissent mutuellement.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans cette<br /> perspective, notre veillée se veut un temps de réflexion, de méditation et de prière au service d'un renouveau spirituel de l'art au sein de notre société en manque de sens et de<br /> beauté.<br /> <br /> Notre<br /> conviction ? <br /> <br /> Les chrétiens<br /> ont besoin de l'art et l'art a besoin des chrétiens !<br />
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M
<br /> <br /> Cher Gaultier<br /> <br /> <br /> Je vous remercie pour l'attention que vous portez au débat que vous souhaitez et je reconnais tous les efforts que vous accomplissez pour garder le contact. Pour nous comprendre une seule soirée<br /> ne peut suffire, car nos regards diffèrent profondément. Vous souhaitez que les chrétiens réinvestissent le champ artistique ; vous souhaitez encourager une démarche artistique... propre à nous<br /> élever au mystère de la transcendance. Mais les chrétiens n'ont jamais déserté ce terrain à moins que vous ne pensiez qu'à un art édifiant celui que l'on trouve dans des séances de catéchisme.<br /> <br /> <br /> Et, les artistes (certes pas tous, à nous de discerner) mêmes non chrétiens ont toujours investi le champ de la transcendance. Je rappelle que la Biennale d'art sacré actuel n'est pas, comme vous<br /> le dites, en résonance avec votre désir d'une veillée de prière tout simplement parce que le point de départ théologique n'est pas le même. Par ailleurs nous n'avons pas établi ensemble de<br /> convention de partenariat : choix des axes de réflexion, choix des intervenants… Vous deviez me rendre visite pour cela ; mais il devait faire vite pour être prêt avant la fin de<br /> novembre.<br /> <br /> <br /> Je serais mercredi au débat que vous souhaitez à Saint-Bonaventure. Le recteur de ce sanctuaire souhaite ma présence. Je ne sais pas encore quand et comment, je pourrais intervenir ; mais,<br /> peut-être vous ne le souhaitez pas comme je peux en déduire de votre présentation pourtant revue.<br /> <br /> <br /> Ne faudrait-il pas au préalable s’entendre sur le sens de l’annonce de la Bonne Nouvelle ?<br /> <br /> <br /> Vous voyez le terrain est large à débroussailler ! Je le fais publiquement sur mon blog pour faire suite à diverses annonces, celle par exemple qui figure sur le blog de P. de<br /> Plunkett.<br /> <br /> <br /> Débat à suivre : je communiquerai les exposés des intervenants de la conférence débat du jeudi 24 novembre : en quoi l’art contemporain peut-il être d’Eglise.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Selon le Robert historique :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> « BLASPHEME n. m. est emprunté (fin XIIe s.) au latin chrétien blasphemia " parole outrageant la divinité ", également employé<br /> dans les textes médiévaux avec les sens affaiblis et laïcisés de "médisance", "calomnie", "accusation", "inculpation" et "mauvaise réputation". »<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le mot ne fait donc son apparition qu’à la fin du XIIe siècle. Et c’est au XIIIe siècle que se met progressivement en place, dans toute la<br /> chrétienté latine, « un système répressif punissant de manière sévère voire cruelle toute atteinte à l'honneur dû au nom de Dieu, dans la vaste gamme allant du simple juron au blasphème<br /> intentionnel en passant par le parjure » (Fr. BOESPFLUG, Caricaturer Dieu ? Pouvoirs et dangers de l’image, Paris, éd. Bayard, 2006, p. 118) Louis IX fut le<br /> maître-d’œuvre de cette pénalisation des "péchés de la langue" pour le royaume de France.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Voilà où je voulais en venir : l’apparition de la notion de blasphème est contemporaine de la répression des blasphémateurs. L’un et<br /> l’autre sont étroitement intriqués et correspondent finalement à un type de chrétienté particulier : c’est le moment où les rois, en France et en Angleterre posent les fondements de ce qui<br /> deviendra, quelques siècles plus tard, l’Etat.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nous ne sommes plus en chrétienté ; les rois ne sont plus investis – comme Louis IX – de la mission douteuse d’assurer par des moyens<br /> coercitifs le salut de leur peuple (à la place du Christ). Ma question est directe : pourquoi y a-t-il encore des abrutis pour crier au blasphème ? le mot, sorti de son contexte, est<br /> vide de sens.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Mgr Wintzer a bien raison d’écrire :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> « Le dialogue exclut tout amalgame et tout mépris. Il nous invite à sortir du simplisme selon lequel les artistes sont des provocateurs,<br /> des blasphémateurs. »<br /> <br /> <br />  <br />
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M
<br /> <br /> Partons donc à l'écoute de ce l'Esprit nous dit dans les paroles d'artites.<br /> <br /> <br /> Merci Blaise pour votre apport.<br /> <br /> <br /> <br />