L’Eglise en se laissant approcher par les sirènes politiciennes des droites, en recevant les brigades de l'ultra-droite a pris un risque

Publié le par Michel Durand

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L’ultradroite, famille recomposée

Libération, 17 avril 2013

Il y a quinze jours un père, devenu g

rand-père, me parlait d’un de ses fils homosexuel. Et il se demandait pourquoi cette vague antiTaubira réinstalla l’homophobie. Ses paroles me rappelèrent ce que ressentent les membres de David et Jonathan tels qu’ils en parlèrent en invitant la paroisse St Polycarpe à leur 40e anniversaire. Je pense aussi à des lecteurs de Témoignage Chrétiens qui ne se sentent plus tellement d’Églises...

Suivant l’actualité dans mes commentaires d’Évangile pour les homélies dominicales je ne pouvais ignorer le nombre de catholiques dans la rue. Quelques fidèles m’ont demandé pourquoi je leur faisais de la pub.

C’est avec tout cela en tête que j’ai abordé la lecture de l’humeur des jours de Bruno Frappat (La Croix 2 juin 2013). Je vous invite à lire la fin de son article. Et on peut le comparer aux nombreux commentaires laissés sur TC à la suite de l’article : Mariage pour tous : « Ma tentation d'être à nouveau invisible ».

Nous avons avec ces paroles les bases d’un débat ; non pour tout accepter, mais pour poser les marques de l’écoute.

Le nuancier se rétrécit

Bruno Frappat

Eh bien, ces catholiques pour qui l'enseignement de l'Évangile ne saurait se résumer au conservatisme, et encore moins à des obsessions réactionnaires, imaginez comment ils ont vécu la dernière période ! Comment le simplisme, notamment médiatique, les a en quelque sorte abolis en les effaçant de la carte, en ne leur donnant jamais la parole. D'ailleurs, l'auraient-ils prise ? Les évêques, les curés et les organisateurs de la prétendue « résistance » les ont abasourdis et tétanisés. Ils ont eu le sentiment de se situer désormais au fond des églises, tandis que le chœur et la nef résonnaient des accents des militants de la « cause familiale », en l'occurrence de l'anti-mariage gay. L'Église appelait au « débat » mais n'a pas su l'organiser en son sein. Quelques imprudents l'ont tenté mais se sont vite fait reprendre par des leçons de catholicisme données par ceux qui avaient le vent en poupe. Des vieux « conciliaires » se sont fait traiter de tous les noms par des freluquets.

L'Église s'est beaucoup avancée sur ce dossier. Ses raisons ne sont pas secondes ni injustifiées. Mais en laissant les fidèles se faire approcher par les sirènes politiciennes des droites, et cheminer en traînant dans leur sillage les brigades de l'ultra-droite (quitte à se pincer le nez), elle a pris un risque. Elle a accompagné, sans se rendre compte ni évidemment le vouloir, un « retour du refoulé » de l'homophobie (celle-ci s'étale sans honte sur les forums de l'Internet). Elle a pris le risque d'être instrumentalisée par des officines plus proches de l'intégrisme que de la fidélité à Rome. Surtout, elle aura fourni mille et un arguments aux anticatholiques primaires qui, depuis des lustres, trouvent en elle l'incarnation de la réaction. L'empêcheuse de vivre. Ceux-là se frottent les mains quand l'actualité a l'air de justifier leur propre simplisme. 

Publié dans Politique

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