Lyon n’aime pas ses artistes…
Lettre ouverte à Monsieur le Maire de Lyon
Je reçois de Fabien C. cette lettre qui me semble d’autant plus intéressante qu’elle reflète ce que pensent de nombreux artistes en arts plastiques. Pascale Marthine Tayou a bien de la chance de montrer ses œuvres dans la ville du 24 février au 15 mai 2011 sous la protection du MAC, musée d’art contemporain de la ville de Lyon.
Ceux qui ne sont pas exposés avec autant de prestige sont-ils jaloux ?
Il y a, peut-être, plus de 15 ans, j’avais organisé un débat sur la rencontre de l’art dit contemporain avec l’art actuel. Thierry Raspail était présent devant plus de 100 plasticiens. Ne faudrait-il pas reprendre ce débat ? C’est un peu ce à quoi j’ai pensé en publiant sur ce blog (blogue) quelques pensées à propos de la colonne pascale 2010 de Pascale dans l’église Saint-Bonaventure.
Lyon n’aime pas ses artistes…
C’est en effet ce qu’on est amené à penser quand on fait les constats suivants :
- La ville de Lyon se désintéresse et laisse mourir ses salons historiques, alors que ces salons restent le premier lieu de découverte des jeunes artistes lyonnais et qu’il serait très simple et peu onéreux que cette fonction leur soit facilitée et développée.
- Elle achète parcimonieusement ici ou là quelques œuvres d’artistes lyonnais mais qu’elle entasse pour la plupart dans quelque lieu obscur sans jamais les montrer comme si elle en avait honte.
- Elle subventionne très parcimonieusement la MAPRA qui est pourtant une organisation d’artistes exemplaire et qui fait un vrai travail de soutien et de promotion des artistes lyonnais.
- Elle ne possède pas de lieux d’expositions temporaires ou de structure muséale pour montrer des collections permanentes ; ce qui permettrait d’honorer et célébrer ses artistes du 20e et 21 e siècle qui sont pourtant nombreux et dont la notoriété dépasse le cadre régional.(C’est le Musée Paul Dini à Villefranche qui comble un peu cette carence)
- Elle ne fait rien pour inciter ou aider les galeries d’art à s’organiser entre elles et se promouvoir tant localement que nationalement.
- Elle n’a pas de vraie politique de création d’ateliers pour les plasticiens, hors ceux qui se conforment aux normes esthétiques de la DRAC.
- Elle subventionne une foire d’art qui exclut systématiquement les galeries et les artistes lyonnais au nom d’une étrange stratégie de rayonnement international
- Selon cette même stratégie de communication, elle dépense sans compter pour ses trois ou 4 lieux associatifs d’art contemporain subventionnés, qui, dédiés à la promotion d’une même esthétique formatée à « l’international », méprisent la création « régionale » et n’ont aucun public.
- Elle soutient généreusement Sa Biennale d’Art Contemporain dans la mesure où celle-ci donne à la plupart des artistes s’y aventurant encore, de fortes envies de suicide après sa visite.
Tout se passe donc comme si la ville de Lyon, au nom d’on ne sait quelle invraisemblable et obsessionnelle logique de marketing ou de rayonnement culturel, s’employait à dissuader ses propres artistes de vivre et de créer, à disqualifier ses propres richesses et à dévaloriser son patrimoine artistique.
Nous aimerions, Monsieur le Maire, que vous mesuriez la gravité de la situation à laquelle vous avez votre part de responsabilité et qu’il vous soit possible d’initier une consultation sur la situation des arts plastiques dans la ville de Lyon, sur les moyens de vraiment favoriser la création et la diffusion, pour une vraie inscription dans la cité et pour un vrai rayonnement vers l’extérieur. Pour peu que vous en compreniez la nécessité, cette consultation pourrait être facilement organisée par vos services qui sauront trouver et choisir les personnes à réunir, afin de former une « assemblée consultative » ouverte et représentative de la diversité des acteurs, créateurs et diffuseurs d’art concernés de la ville de Lyon
Je vous remercie , Monsieur le Maire, pour ce que vous pourrez faire en ce sens et vous salue respectueusement.