Prier, réfléchir, agir - 3

Publié le par Michel Durand

1115.jpgLes disciples

1 - La prière individuelle

 

Les Evangiles donnent peu d'indications sur la prière des disciples de Jésus. Il nous faut principalement regarder les Actes des Apôtres. Toutefois, certains éléments du Troisième Evangile montrent, au moins selon la pensée de Luc, que la prière est toujours présente. Elle entoure les moments importants de la vie des gens.

 

1.1 a) Il en va ainsi pour l'ensemble de l'Evangile de l'Enfance.

Le contexte que Luc lui donne est celui de la prière. Le silence méditatif, contemplatif étant le lieu de la révélation, il est logique que cela soit à une personne, disposée à la prière d'action de grâce, que la parole de Dieu s'adresse : Marie, et c'est elle, dans sa prière, qui entend et répond (l, 46-55). Idem pour Zacharie. Il offrait l'encens à l'intérieur du sanctuaire ; la multitude du peuple priait au dehors ; alors le Seigneur s'adressa à lui par l'intermédiaire d'un ange (l, 10).

1.1 b) La grande action de la publication de la Bonne Nouvelle débute dans et par la prière. Avec elle, Dieu parle ; l'homme écoute. Avides d'Absolu, les hommes n'auraient-ils pas pour fonction principale le devoir de prier ? C'est dans la prière que nous entendons la Parole; c'est par la prière que nous y répondons. Prière d'action de grâce, tel le psaume que chante Marie :

" Mon âme exalte le Seigneur Il ou la gloire rendue à Dieu par les miraculés de Jésus.

Luc a fortement souligné la reconnaissance du peuple après la visite de Dieu. A la vue de la résurrection d'un jeune homme à Naim, "tous rendent gloire à Dieu", écrit-il (7, 16). Le paralysé qui dût être descendu devant Jésus, par le toit, une fois guéri, part chez lui "en rendant gloire à Dieu" (5, 25). L'aveugle (18, 43) ; le lépreux (17, 15) accueillant avec joie la guérison, laquelle répond à leur foi, suivent Jésus en rendant grâce.

Notons au passage, rapidement, car là n'est pas notre propos, que Jésus est ici présenté par Luc dans sa divinité. Il est Seigneur-Dieu. C'est à lui que les apôtres demandent que leur foi soit augmentée (17, 5) ; or, seul le Tout-Puissant peut agir sur la foi des hommes. Le 1épreux guéri se prosterne devant Jésus ; il manifeste ainsi sa foi en la divinité du ressortissant de Nazareth (17, 15. 19). Le bon larron, formulant une prière de mourrant fréquente dans le judaïsme, s'adresse à Jésus comme à Dieu.

 

1.2 Voilà, la prière se présente bien à tous les moments importants de la vie. Au début d'une action à accomplir : . guérison, conversion, changement… cela requiert une attitude de foi. Puis, dès que la prière est exaucée : action de grâce, remerciement.

Allons-nous vérifier ce comportement chez les apôtres et les premiers chrétiens tels que les Actes des Apôtres nous en parlent ?

1.2 a) Assurément. A Joppé, Pierre "se retire sur la terrasse de la maison pour prier" (Ac. 10, 9). Il prie seul ; à une heure qui n'est pas usuelle dans la tradition juive. Pour mener à bien sa mission, il devait en ressentir un besoin pressant. Or, c'est dans le silence de sa solitude que Dieu, avec sa vision, s'adresse à lui (Ac. 10, 9).

Ainsi, sa prière fut l'acte dans et par lequel Dieu l'a préparé à accepter les païens et leurs coutumes. A eux aussi, la Bonne Nouvelle doit être annoncée, l'Esprit-Saint donné. Pierre doit donc de nouveau se convertir ; il élargira, à la demande de Dieu, ses horizons. C'est dans la prière qu'il comprit l'élargissement de la mission comme il s'en explique aux disciples de Jésus le Christ (11, 5).

 

1.2 b) Le premier contact que Saul prend avec les "Saints" passe par la prière.

A la suite d'une vision éblouissante et violente (9, 3-4), il se retire dans une maison de la "rue droite" ; Ananias (9, 10), également interpellé par Dieu dans la prière, dans un climat de référence constante au Tout-Puissant, le rencontre dans cet état de prière (9, 11). Nous ne connaissons pas le détail de la conversation entre les deux hommes. Mais, nous tromperions-nous en supposant une attitude contemplative permanente ? Comprenant peu, selon la raison humaine, ce qui se passait, que faire sinon se confier au Maître de l'univers ? Nous découvrons cette forme d'esprit dans le témoignage que Paul donne de sa conversion :

" Ananias me dit : le Dieu de nos Pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le juste et à entendre sa propre voix. Tu dois en effet être témoin pour lui, devant tous les hommes, de ce que tu auras vu et entendu. Pourquoi donc hésiterais-tu ? Allons ! Reçois le baptême et la purification des péchés en invoquant son nom " (Ac. 22, 16).

Ce verset est très important. Nous y reviendrons. Tout se déroule dans un dialogue entre Dieu et les apôtres. C'est dans la prière que le Seigneur manifeste sa volonté, indique son plan pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée à tous. Ainsi, de Paul priant au Temple (22, 17) ; de Silas et Paul priant dans la prison (16, 25) ; de Paul montant à Jérusalem pour adorer (24, 11).

 

1.2 c) Les situations priantes que nous avons évoquées jusqu'à maintenant sont plutôt structurées, préparées. Pour prier, les apôtres se sont retirés, se sont donnés les éléments favorables au recueillement. Nous avons parlé des temps forts de prières. Il convient d'ajouter à ceux-ci les prières spontanées, prononcées sur le tas, dans le feu de l'action, comme celles de Paul et d'Etienne.

Se rendant de Malte à Rome, dans les chaînes, c'est-à-dire emprisonné, Paul (finalement) reprit confiance, rendit grâce à Dieu en voyant les chrétiens venir à sa rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux Trois Tavernes (65 et 49 kms de Rome) (Ac. 28, 15).

Voyant sa mort inévitable, Etienne prie avec les paroles de Jésus sur la Croix. Ce ne sont que de brèves invocations, des cris :

" Seigneur Jésus, reçoit mon esprit Seigneur ne leur compte pas ce péché " (Ac. 7, 59 a.)

 

1.2 d) La dernière prière personnelle qui me reste à citer est celle de Corneille (10, 2. 31).

Corneille invoquait Dieu en tout temps et comblait de largesses le peuple Juif. C'est alors que Dieu s'adressa à lui dans une vision. Il lui fut révélé que "prières et largesses" plaisent à Dieu et que, en conséquence, on ne voit pas pourquoi il ne bénéficierait pas de l'intégralité du don de Dieu. La rencontre avec Pierre sera le résultat concret de la prière individuelle de Corneille (10, 34 s), prière vécue dans une vie généreuse.

 

Publié dans Il y a 30 années...

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