La perspective d’obtenir la canonisation d’Antoine Chevrier interroge ma foi. Est-ce que je crois vraiment que prier peut obtenir la guérison ?

Publié le par Michel Durand

Père Antoine Chevrier

Père Antoine Chevrier

La perspective d’obtenir la canonisation d’Antoine Chevrier interroge ma foi. Est-ce que je crois vraiment que prier peut obtenir la guérison ?

 

 

Depuis plusieurs années, je suis invité, par les responsables de l’Institut des prêtres du Prado, à faire le maximum, dans le domaine de la communication, pour que soit effective la canonisation d’Antoine Chevrier. Prier pour obtenir un miracle afin qu’il soit reconnu comme saint.

De nombreux confrères français affirment que cela est un combat bien inutile. Il y a, maintenant, tellement de « saints » que la « sainteté » officiellement reconnue comme telle par Rome est dévaluée. Or, d’année en année, les supérieurs pradosiens mettent la pression pour qu’Antoine Chevrier soit officiellement reconnu comme saint. Ils souhaitent mener à bien le procès de canonisation. Nombreuses, me semble-t-il, sont les communautés religieuses qui agissent ainsi. Je donne à lire, en ce sens, ce que publient les Oblats de Marie Immaculée.

 

Il y est également question de la vénération des reliques. C’est, du reste, la question des reliques qui éveilla en moi, le besoin de réfléchir sur les reliques d’Antoine Chevrier. Par exemple, son cœur est dans une urne d’albâtre exposée dans sa chambre ouverte à la visite des pèlerins. Comment nous comportons-nous face à cette relique.

Lisons, ici ce qu’écrivent les OMI.

 

La lecture des ces textes, procès de canonisation, notamment à propos des reliques montrent sans équivoque qu’ils dépendent de la tradition juridique (canonique) de l’Eglise latine.

Ayant séjourné, il y a plus de 10 ans, une semaine, au monastère copte Abou Makar, il me semble que les Églises Orientales se comportent autrement. Je souhaite, une autre fois, développer ce point en ayant dépoussiéré mes souvenirs : la place de la réserve eucharistique face à celle des reliques des saints fondateurs.

 

 

Le postulateur pour la reconnaissance de sainteté d’Antoine Chevrier est un frère dominicain italien, Gianni Festa. Le 12 mai 2022, il a fait le point sur la cause d’Antoine Chevrier, bilan et pistes de travail.

Son analyse n'a pas pour objet les difficultés de collaboration des différentes branches de l'institut du Prado, mais l'ouverture d'une enquête sur un processus de guérison inexplicable sur le plan scientifique. D'après ce qu'il a observé voici les pistes qu'il propose :

  • Revaloriser l'aspect du culte autour du Bienheureux Antoine Chevrier, une figure charismatique beaucoup étudiée (il n'y a qu'à voir le nombre d’ouvrages).
  • Possibilité d'avoir un espace réservé dans la chapelle ou un autre lieu pour la dévotion (intercession du Bienheureux), avoir une urne visible d'où l'intérêt d'envisager l'exhumation du corps du Bienheureux. C'est une démarche administrative au niveau de la Congrégation pour le culte des saints. Développer la visibilité pour favoriser le culte. Favoriser les neuvaines. Travailler la symbolique du culte (lieux de prière dédié à l'intercession du Bienheureux).
  • Travailler avec les avec les évêques dont Monseigneur Olivier qui a la conviction que la figure du Père Chevrier peut aider les prêtre à se conformer aux Christ, cheminer vers la sainteté. Chevrier est un modèle.
  • Faire connaître en paroisse le charisme du Bienheureux, susciter la dévotion, le culte, le sens de la prière d'intercession, la ferveur, faire connaître son message, l'identité clérical et son message de dépouillement.
  • Être en lien avec les paroisses et les séminaires pour faire connaître les messages du Bienheureux.

À mon avis, toutes ces recommandations invitent à prendre en compte la religion populaire, les dévotions personnelles, la vie intime de prière. N’avons-nous pas l’habitude de considérer la prière dans sa dimension missionnaire ? L’action plus que la piété ?

Autrement dit, cette demande d’agir dans la perspective d’obtenir la canonisation d’Antoine Chevrier interroge ma foi. Est-ce que je crois vraiment que prier pour obtenir la guérison de quelqu’un sera suivi d’effets ? Chaque matin, à la demande des cadres du Prado je prie avec cette prière officielle que l’on distribue largement.

 

 

Quelle est le degré de ma foi ? Je me vois sourire en observant la prière d’une personne à l’adresse de Sainte Rita. Dans ce même domaine, que dire de la dévotion de nombreuses personnes qui touchent, embrassent des reliquaires, se prosternent devant eux comme on le fait devant le tabernacle ?

En voyage au Maroc, Omar me fit visiter un sanctuaire musulman dont je ne me rappelle plus le nom. Une foule imposante de croyants se pressait autour d’un tombeau. Un mausolée. Une femme venait déposer ses vêtements intimes tout contre la tombe. Omar m’expliqua qu’elle ne devait pas avoir d’enfants et que stérile, elle implorait sa guérison. J’ai souvent vu des marocains prier dans un « marabout » tombeau du saint fondateur de la ville, du quartier… Mes souvenirs sont vagues ; il me faudrait consulter les théologiens musulmans experts en religions populaire. J’en parle ici parce que je vois un lien spirituel entre toutes les religions. Nous en avons parlé en ce lieu avec Robert Peloux.

 

Bref, je dois terminer cette page ; je commence à être trop long et il me faudrait revenir sur cette réalité des reliques. En fait, j’ai débuté une recherche avec les outils informatiques. Je propose de lire cet Aperçu sur les reliques chrétiennes.

 

Il y a aussi l’encyclopédie libre, Wikipedia, au mot Relique

 

Et il importe de voir la vidéo qui parle de la translation des reliques du Bienheureux Père Marie-Eugène. C’est Armando qui fit connaître cela en indiquant que, pour le Prado, on devrait installer un reliquaire « Antoine Chevrier » pour les pèlerins. C’est à la suite, du reste, de cette initiative que je me suis interrogé sur notre comportement face à l’urne contenant le cœur du Bienheureux Antoine Chevrier. J’aimerai connaître les pensées intimes et profondes de mes confrères.

En attendant, je regarde cette vidéo « Notre-Dame de Vie »

 

Ses auteurs n’ont pas les scrupules, les timidités, les interrogations que je peux avoir. N’empêche que je m’interroge et que j’éprouve le besoin d’une réflexion aboutie permettant de concilier le charisme d’Antoine Chevrier et les demandes et exigences vaticanes ou les désirs rituels de croyants.

Quelle doit être notre présence au monde si loin de Dieu, le Créateur et Re-créateur en Christ ?

 

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