Il n’est pas possible de suivre les directives légales qui s’opposent aux droits humains fondamentaux. Donc, soutien aux migrants
La mobilisation pour soutenir l’accueil des migrants s’intensifie. La question, humanitaire (caritative), est également politique. Si j’avais l’occasion de me trouver en présence d’un élu au gouvernement, ou de son représentant, tel un préfet, au nom de tous, qu’est-ce que je lui dirais ?
Dans ma matinale méditation, j’ai laissé murir ce texte :
Suite à nos engagements pour accompagner les personnes, familles et célibataires, jetées à la rue par l’État français vers le premier avril 2015, il nous faut dire pourquoi nous durons dans cette présence.
- Dans un pays où la circulation des marchandises est une loi évidente de l’économie, nous estimons que la libre circulation des personnes doit être garantie pour tous.
- Les actuels modes de gouvernance sont orientés par la croyance en un progrès technique et économique sans fin. La croissance du PIB est un absolu. À cette illusion nous objectons en plaçant en première ligne la croissance humaine. Celle-ci est accompagnée de solidarité, voire de fraternité. Devise de notre République qui ne peut être absente d’une visée socialiste.
- Les OQTF prononcées contre la majorité des personnes expulsées de leur lieu de vie datent de plusieurs mois, semble-t-il. Ce n’est donc pas à la suite des expulsions qu’elles furent prononcées.
- Les expulsions d’immeubles s’exécutent sans qu’il y ait proposition de relogement, l’État n’étant pas tenu à loger ceux qui ne sont pas légalement présents sur le territoire français. Pourquoi, ne pas agir dans le sens du Droit au logement opposable ? On dit qu’il n’y a pas de logements. Cette affirmation est mensongère. La longue liste des immeubles d’appartements vides et de logements possibles le prouve.
- Quand nous avons constaté, début avril, que les personnes étaient ignorées au pied de l’immeuble et du terrain qui venait d’être évacué, nous avons réalisé que nous ne pouvions les laisser aux dangers, inconforts et intempéries de la rue. Une première solution d’urgence fut trouvée, courte, grâce à la bienveillance d’un directeur d’école. Puis une deuxième, plus longe qui permettait de voir une possible solution humaine. Notre espérance était l’ouverture d’un nouveau squat avec l’aimable complicité d’un propriétaire, l’intelligence simplement humaine des pouvoirs publics apte à ouvrir les locaux vides ou sous occupés : écoles, casernes, logements d’enseignants de l’enseignement public, immeubles privés ou non, vides depuis de longues années et, de ce fait réquisitionnables.
- Dans ce laps de temps, nous espérions que des militants habiles en ce domaine trouveraient des solutions. Hélas, ce ne fut pas le cas. Ceci constaté, nous tenons à préciser que le départ des personnes « abritées » dans le local industriel de Décines, n’est aucunement une expulsion. Certains voudraient faire porter « aux curés » la responsabilité de ce départ et leur faire porter l’initiative gouvernementale des OQTF. Ce n’est que regrettable désinformation. Le terrain fut mis à disposition pour un mois, invitant les occupants à trouver des solutions. Ce temps passé, les personnes non accueillies par l’État se retrouvent dans la situation qui leur étaient imposées par l’État au 1er avril.
- Nous saluons chaleureusement et admirons les citoyens français qui ont accueilli, qui accueillent chez eux, des familles, des hommes, des femmes soumis à une grande détresse. Ils accomplissent ce que leur conscience leur indique et suppléaient ainsi aux carences de l’État. -- Parlons de l’État.
L’État dit appliquer la loi. Le préfet indique qu’il n’a rien d’autre à faire que de veiller à l’application de la loi, car si ce n’était pas ainsi, ce serait le cahot ; or le cahot n’est jamais acceptable. « Nul n’est censé ignorer la loi ». Certes, mais la Loi dont on parle à la préfecture n’est pas celle du Droit universel respectant l’Homme. C’est la relative loi de la politique gouvernementale d’un État dont on constate les incohérences européennes.
- Ce que l’on observe aujourd’hui : non prise en compte des situations de maladies ; non-écoute des attentes d’enfants scolarisés, bien intégrés dans leur école ; non-attention du danger rencontré dans le retour au pays d’origine ; non-regard systématique de la dimension humaine de chaque personne ; non prise en compte des besoins élémentaires de personnes jetées à la rue par les forces de l’ordre… ne peut qu’interroger notre conscience et nous solliciter à ne pas suivre des directives qui s’opposent aux droits humains fondamentaux. Voilà ce qui nous incite à durer dans l’accompagnement des personnes en grande détresse par le non-accueil de la France. Désormais, il n’est plus possible de parler de la France, terre d’asile et, en conscience nous ne pouvons que nous opposer à la politique irrespectueuse actuellement menée.