Un désir de Noël que partagent les non-croyants : l'art porte les questions fondamentales de l'humanité. Rencontre des publics

Publié le par Michel Durand

 Peinture de Michèle Frank ; chemins d'art et de foi en Moselle

Peinture de Michèle Frank ; chemins d'art et de foi en Moselle

L'association chrétienne Chemins d'art et de foi en Moselle propose des concerts et lectures théâtralisées, faisant la part belle aux œuvres non chrétiennes. Une façon d'encourager la rencontre autour du sens profond de l'Avent.

Petit ou gros rhume, activités diverses pas très unifiées… voilà que je me suis longuement absenté de ma page d’En manque d’Église. Je le regrette, car, à chaque fois que je m’en éloigne, un manque se greffe dans mon quotidien. J’ai ce même sentiment quand je me trouve dans l’obligation d’écourter ma méditation matinale. Comme je l’ai déjà exprimé, le temps de la retraite (de curé, pas celle de prêtre) place plus dans l’être plus que dans le faire. Penser à soi ! N’est-ce pas important ? J’ai déjà exprimé cette idée (mais où ?) avec la réflexion d’un des prêtres d’Antoine Chevrier qui voulait quitter le Prado pour enfin faire son salut. « L'Abbé Duret, depuis plusieurs jours, écrit Antoine Chevrier, me dit qu'il n'est pas capable de faire le catéchisme, qu'il faut faire son salut avant tout… qu'il faut qu'il aille à la Grande Chartreuse ».

Ce que j’ai lu ce matin pour l’office des lectures entre dans ce type de méditation. « Commence par avoir du zèle pour toi-même, et alors tu auras le droit d'étendre ton zèle jusqu'à ton prochain ». 

Samedi 19 décembre, la Biennale 2015, Demain, sera terminée.

Un bilan en sera tracé avec les artistes le dimanche 20 à la suite de l’Eucharistie dominicale. Il est certain que l’attente de tous est claire. Nous souhaitons que la biennale perdure.

Hélas, malgré mes demandes récurrentes, nous n’avons jamais eu la certitude d’une pérennité de cette présence d’Église dans le monde d’aujourd’hui. Je précise. Au sein du service arts, cultures et foi (et même avant), j’ai régulièrement indiqué qu’une visibilité devait être donnée d’une façon pérenne à l’action missionnaire des disciples du Christ auprès des artistes et des visiteurs des expositions d’art contemporain. Une église bien placée dans l’agglomération et dédiée à ce dialogue avec les arts pourrait servir de référent ecclésial largement visible, œuvrant au dévoilement de la Bonne Nouvelle du Christ dans le langage porté par les créateurs actuels. Les bâtiments qui jouxtent l’église Saint-Polycarpe et l’église elle-même remplissent cette mission. Pour que cela soit confortablement dans le long terme, il faut qu’une sérieuse harmonie existe entre la vie paroissiale et le dialogue avec les créateurs et les amateurs de créations artistiques actuelles. Bref, importe qu’il y ait une politique pastorale et missionnaire allant dans ce sens. Dans le présent ce n’est pas le cas. Les cadres de l’Église à Lyon veulent « garder » cette église sans orientation précise pour la remettre à une communauté monastique. Depuis 2002 j’entends qu’il ne convient pas d’oblitérer l’avenir de Saint-Polycarpe.

C’est en lisant un article du Journal La Croix que j’ai repensé à tout cela. Dans l’Eglise à Metz, l’orientation est différente, me semble-t-il. J’ai eu l’occasion d’en parler avec le père Robert Féry.

Bref, assez causé, je vous laisse à la lecture de cet article.

Une petite salle de théâtre, l'obscurité, et sur scène, dans un rayon de lumière, un comédien professionnel. Durant quatre heures, à Metz, un dimanche de début de l'Avent, Samir Siad déroule, avec force et humilité, l'Évangile selon saint Luc. Connu des spectateurs, pour la plupart pratiquants réguliers, le texte, revêtant toute sa richesse dramaturgique, sonne soudainement comme tout à fait nouveau. « On s'approprie mieux cet Évangile », confie, à la fin, une spectatrice, manifestement émue.

Cette même démarche culturelle guide toute la programmation du mois de décembre dans diverses églises de Metz, intitulée « Pour marcher vers Noël », en clin d'œil aux marchés de Noël qui attirent touristes et habitants. Conçue par l'association Chemins d'art et de foi en Moselle, elle est portée par deux prêtres: le P. Robert Féry, son fondateur, ancien chanoine de la cathédrale, et le P. Robert Scholtus, son actuel président, curé de Saint-Maximin.

L'association organise régulièrement expositions, conférences, concerts et balades. Objectif : créer des ponts entre les églises et la ville, retrouver la beauté dans l'expression de la foi, faire dialoguer le monde des artistes et celui des croyants. Les propositions sont particulièrement nombreuses pendant l'Avent.

« Beaucoup de paroisses organisaient des concerts de Noël. Nous les avons recensés et y avons ajouté nos propositions », indique le P. Scholtus qui a, par exemple, débauché une pianiste géorgienne fréquentant Caritas, qui venait répéter régulièrement dans son église. Au total, pas loin de trente rendez-vous, du quatuor de chants polyphoniques italiens aux solos de soprano sur des œuvres de Haendel, Bach ou Mozart, en passant par une balade dans le centre-ville sur la route des orgues.

Chaque dimanche matin de décembre, après la messe de 9 heures dans la très jolie église Saint-Maximin (célèbre pour ses vitraux de Jean Cocteau), est aussi proposée une lecture de texte en résonance avec la Bible, et qui a trait à l'attente, par des comédiens professionnels, accompagnés par un instrument. « Comme la messe se finit tôt, cela permet de lui donner un peu d'amplitude, et d'attirer des personnes nouvelles, ce qui contribue à la fraternité », indique le P. Scholtus. Un dimanche, Yves Thouvenel a par exemple lu, accompagné de l'accordéon, des passages des Contes inédits de l'écrivain français libertaire Jean Meckert, où la parabole du bon Samaritain est transposée dans un café. Hier, c'était l'extrait de La Traversée de la nuit, où Geneviève de Gaulle Anthonioz raconte sa nuit de Noël 1944 à Ravensbrück, lu par Chantal Bungert.

On est bien loin d'un Avent féerique ou folklorique. « L'objectif est que les gens entrent dans des dispositions intérieures pour vivre Noël. Au-delà de la préparation de la fête, il s'agit d'habiter de l'intérieur l'attente, le désir, trop souvent étouffés », explique le curé de la paroisse. Un désir de Noël que peuvent aussi partager les non-croyants : « La littérature, l'art portent les questions fondamentales de l'humanité. La rencontre des publics est alors possible. » 
DESCAMPS Élise

 

Publié dans Art, Eglise

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article