Quand un catholique prend le modèle économique libéral pour l’ordre du monde, invoquant un libéralisme idéal sans voir le réel

Publié le par Michel Durand

Quand un catholique prend le modèle économique libéral pour l’ordre du monde, invoquant un libéralisme idéal sans voir le réel

 

source de l'image, le site de P. de Plunkett

Cela doit être dû à mes premiers appels dans la mission selon l’Évangile. Quand je parle de l’Eglise du Christ, je me situe plus facilement à l’extérieure de l’Eglise réunie que dans son sein. Il me semble important de montrer, hors Eglise, le visage réel du Ressuscité à ceux et celles qui de toute façon, marqués par le poids de l’histoire, estiment que rien de bon ne peut sortir des curés. J’appelle cela dévoiler en plein monde hostile la saveur de l’Évangile.

Patrice de Plunkett, témoignant de son retour dans l’Eglise après un réveil provoqué par l’Emmanuel, se situe au bon milieu des catholiques dont il souhaite que ceux-ci se mettent à vivre l’Évangile. Il veut convertir les chrétiens. Bon courage.

En fait, Patrice a conscience de la difficulté de la mission. Aussi, très souvent, il secoue avec vigueur. N’étant pas suffisamment présent au milieu du public visé, j’ignore comment sa parole est perçue. Que dit-on de cet appel à la vie sobre dans les beaux milieux catholiques du 6e parisien ou de Versailles, pour ne reprendre que deux clichés ?

Dans La révolution du pape François, on lit que les papes ont toujours eu raison et qu’il faut seulement un peu d’intelligence pour s’en apercevoir et mettre les déclarations officielles en pratique. Un catholique ne peut qu’obéir à un évêque, donc, en conséquence, à l’évêque de Rome, le pape (et inversement, du pape à l’évêque). Si, dans une culture athée, ce type d’argument ne peut absolument pas passer, est-il efficace en catholicité ? Je connais des cadres supérieurs de l’Église romaine qui ne me semblent pas totalement enclins à cette obéissance. Et, mais cela doit être dû à mes fréquentations peu catholiques, j’ai rencontré plus de militants de la cause de la vie sobre et affirmant leur éloignement de la foi chrétienne me dire leur enthousiasme à la lecture de Laudato si. Des athées (ou agnostiques) expriment à qui veut bien l’entendre, leur joie de lire les encouragements de François à changer de vie. On ne peut que « dénoncer l’emprise croissante des nouvelles technologies et leurs risques pour la société et l’environnement », rappelle P. De Plunkett dans la ligne de Pièces et main-d’œuvre de Grenoble.

Enfin, si j’écris cela ici, c’est tout simplement pour inviter à lire ce livre surtout lorsque l’on se dit profondément catholique. Le lire et former des groupes de parole pour en parler. La révolution à laquelle le baptisé est invité nécessite assurément le cheminement du dialogue tel qu’on peut le connaître dans la vieille méthode de l’action catholique : le voir, juger, agir.

Je cite de Plunkett : « C’est donc le moment de se poser entre catholiques la question gênante : donnons-nous l’image de gens crispés sur des nostalgies, qui feraient salon dans une religion-refuge, plutôt que l’image de gens disposés à quitter leurs habitudes mentales pour faire corps avec l’Église, quitte à marcher, avec elle, vers un avenir où (par eux-mêmes) « ils n’auraient pas voulu aller » (c’est ce que Jésus dit à Pierre, Jn 21, 18) ?

Il n’y a pas de renouveau sans retour aux sources, et pas de retour aux sources sans conversion » (p. 184).

Il me semble que, dans mon homélie dimanche dernier en l’église Saint-Maurice, je me situai sur ce terrain. Notre conversion personnelle et collective est indispensable pour que les chemins de nos parcours terrestres se redressent. Changeons… pour que le climat ne change pas.

Encore une citation tirée de Face à l’idole Argent pour créer le désir de lire ce livre

« Qu'un personnage comme Mamère en vienne à abjurer l'idée de progrès en la qualifiant de « culte » (ce qui n'est pas un compliment dans la bouche d'un anticlérical) voilà un signe des temps. En effet, le mythe du Progrès est la structure même de l'idéologie occidentale forgée au XVIIIe siècle : ce système philosophique postule une séparation (un conflit fondamental) entre l'homme et la nature ; conflit dont le stade suprême, au XXIe siècle, serait la «libération» de l'homme rejetant définitivement la nature et se réinventant lui-même, par l'abracadabra des biotechnologies, du virtuel et de la robotique.

En condamnant cela, Mamère s'est néanmoins douté qu'il venait de parler comme le pape, et qu'abjurer le progrès risquait de lui aliéner les progressistes. D'où son rappel précautionneux : attention, je suis fermement laïque, et si la vision écologique du monde n'est pas soumise au progressisme, elle n'est pas (non plus) «liée seulement aux idéologies religieuses » ! (p. 131)

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