N’est-ce pas le moment de me poser la question : comment la résurrection devient-elle réalité dans ma vie ?

Publié le par Michel Durand

Eugène Burnand (1898), "Les Disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection"  -  Des migrants attendent au port de Izmir en Turquie le 20 mars 2016 de se rendre par bateaux vers la Grèce ((c) Afp)
Eugène Burnand (1898), "Les Disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection"  -  Des migrants attendent au port de Izmir en Turquie le 20 mars 2016 de se rendre par bateaux vers la Grèce ((c) Afp)

Eugène Burnand (1898), "Les Disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection" - Des migrants attendent au port de Izmir en Turquie le 20 mars 2016 de se rendre par bateaux vers la Grèce ((c) Afp)

source de la photo
Lire ici les textes de l'eucharistie du jour de Pâques
(après ceux de la veillée pascale

Bien sûr, pour aborder l’ensemble des textes de ce dimanche de Pâques, nous ne pouvons que nous placer devant le mystère de la Résurrection. L’homme, fils de Marie, mis à mort par le pouvoir romain selon le désir des responsables religieux du Temple de Jérusalem, l’homme Jésus est ressuscité.

Regardons Corneille le païen de Rome qu’un bon juif religieux ne doit pas fréquenter. Il est centurion de la cohorte appelée l’Italique ; un militaire en quête avec toute sa maisonnée de vérité et d’humanité. Dans les actes des Apôtres, le récit de Pierre en la maison de Corneille développe tout simplement un certain nombre de faits concernant la vie publique de Jésus de Nazareth. L’auteur des Actes, Luc, d’une façon très factuelle, retrace ainsi la vie de Jésus de son baptême par Jean le baptiste jusqu’à la résurrection en présentant les bonnes raisons de croire. Nous avons dans cet exposé la présentation d’un Jésus très incarné, proche des gens tout en étant pénétré de la puissance divine. L’Esprit Saint est avec lui.

Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui.

Il importe de souligner encore que Corneille est un païen, un fonctionnaire de l’armée romaine occupant la Palestine ; un étranger qu’aucun juif ne devait approcher. Après avoir dépassé ses hésitations, Pierre en se rendant chez lui a compris par révélation divine qu’il peut, qu’il doit partager son repas avec eux. Il constate alors que Dieu est présent parmi eux.

L’Esprit tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole (Ac 10, 44).

Pierre en est le témoin direct. Le Fils, le Ressuscité par Dieu le Père, accueille tous les hommes, y compris l’étranger occupant. Autrement dit, Pierre, dans son témoignage rappelle ce que les prophètes annonçaient depuis au moins cinq siècles : il y a un seul Dieu, Juge des vivants et des morts pour tous les humains de la Terre. Dieu présent dans le Ressuscité.

Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.

Allons à la rencontre du glorifié par le Père après son inhumaine condamnation et ignoble supplice. Suivons les pas audacieux de Marie Madeleine qui s’approche du tombeau avant que le jour ne se lève.

Là aussi, comme pour la lecture des actes des Apôtres, le récit de l’évangile est une série de faits. Il y a beaucoup de mouvements. Marie Madeleine se rend dans la maison où Pierre et Jean ont passé la nuit. Ils reviennent au tombeau.

Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.

Cette peinture d’Eugène Burnand (1898), "Les Disciples Pierre et Jean courant au sépulcre le matin de la Résurrection" montre très clairement toute la tension qu’il y a dans leur vie intérieure. Leur inquiétude, leur espérance, leur tension vers l’avant, l’advenir. Est-ce bien vrai tout cela ?

« On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »

Non, il n’a pas été enlevé ; le suaire, les linges, sont pliés, roulés, posés chacun a sa place. Personne ne s’est emparé du corps du Seigneur. Mais, comme il l’a dit, il est ressuscité.

Relisons la dernière annonce de la Passion :
Après l’avoir flagellé, ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera.

Nous ne pouvons pas ignorer les doutes de Marie Madeleine, de Pierre, de Jean. Nous ne pouvons pas cacher les nôtres. L’interrogation demeure. En fait, elle laisse la place à la démarche de foi. C’est le jeune, Jean, qui nous interpelle le plus :

Il vit et il crut

Alors que l’Europe s’enferme dans un refus de voir les racines de ses problèmes, alors qu’elle pousse à l’extérieur de ses frontières les migrants fuyant une mort certaine, n’est-ce pas le moment de nous poser personnellement la question : comment la résurrection devient-elle réalité dans ma vie ? Et, collectivement, comment la résurrection devient-elle réalité dans le monde, dans l’Église ?

Le Christ est ressuscité, qu’est-ce que cela veut dire

Cela veut dire qu’il est vivant, qu’il a traversé la mort pour vivre à jamais.

Cela veut dire qu’il est avec nous, entièrement disposé à nous aider à vivre pour que nous transformions notre vie en une existence qui conduit au Père. Le Christ est opérateur d’unité. À sa suite, quand nous œuvrons pour supprimer ce qui divise, nous construisons le Royaume de Dieu qui est un peuple de frères.

Que le Christ soit ressuscité, cela signifie qu’il est vivant, agissant aujourd’hui en nous et dans nos lieux de vie pour que nous soyons de véritables serviteurs les uns des autres. Pas seulement serviteurs à l’adresse des membres de notre église, vue comme un club, mais aussi et surtout serviteurs pour les hommes et les femmes que nous rencontrons dans la banalité de notre existence.

Aujourd’hui Christ est vivant.

Il est vivant pour tous.

Vivant pour nous qui essayons d’être ses disciples.

Vivant pour le monde, trop marqué de matérialisme. Oui, le monde est beau et aimable. Il est encore plus beau quand la gloire divine qui le pénètre est reconnue par tous les habitants qui le peuplent.

En conclusions, la fête de Pâques que nous célébrons n’est pas une belle image du passé. C’est une action. Christ, présent parmi nous agit pour nous et par nous afin que toutes personnes perçoivent que le Vivant apporte la Liberté.

Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts.

 

 L'audio de cette homélie ne provient pas d'un enregistrement dans l'église. Il y avait trop de réverbération ; l'écoute n'était pas égrable. Alors j'ai réalisé ce montage.

Homélie du jour de Pâques en l'église Saint-Alban, Paroisse Saint-Maurice à Lyon

Publié dans Eglise

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