Comment être chrétien pour de bon, ne pas avoir peur de se salir les mains, les vêtements en étant proche des autres, ouverts aux surprises
Dimanche prochain je suis invité à célébrer à l’autel l’eucharistie paroissiale. C’est un grand bonheur que de présider la prière des fidèles du christ. Un bonheur et non un honneur. Une joie et non un service rendu au curé de la paroisse.
Parler de service, c’est trop mettre l’accent sur la fonction du prêtre qui est seul à pouvoir « donner » l’eucharistie. Le premier principal n’est-ce pas d’être là tous ensemble autour du Christ symbolisé par l’autel afin d’adresser à Dieu le Père une prière essentiellement ineffable ? Mystère de toutes réunions priantes depuis les chants des psaumes avec les offices tout au long du jour, jusqu’au sommet eucharistique.
Et à chaque fois, nous proclamons l’Évangile. Dimanche prochain, il me sera demandé de commander par l’homélie Marc 10,17-27. « Vends ce que tu as et suis-moi ». Cette parole de Jésus le Christ m’a toujours été chère. Je considère que si l’appel à la pauvreté volontaire est adressé à tous les baptisés elle l’est nécessairement pour celui qui fut appelé à la prêtrise. Et je me dis qu’au jour d’aujourd’hui, parle de l’appel de tous à la sainteté c’est mettre l’accent sur la nécessaire pauvreté choisie. Non pas la misère qui est à combattre, mais la vie simple, sobre, pauvre selon l’Évangile. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publié lundi 8 octobre rappelle avec fermeté l’importance de ce choix de vie sobre, simple et pauvre pour que le monde puisse continuer à vivre sur notre maison commune la Terre.
Benoit Faucheux, délégué général du CCFD, d’une façon ou d’une autre explique : « Pour tout habitant de la «maison commune», des décisions concrètes doivent aussi s’imposer: s’interroger sur son mode de vie, choisir la sobriété, accepter un nouveau paradigme, celui de la décroissance. Le Pape François offre pour cela un précieux point de repère, grâce à son Encyclique Laudato Si’ ». Nous devons suivre des « pistes concrètes d’actions contre le réchauffement climatique »
Vivre sobrement et partager ce que l’on possède.
Effectivement, pour que tous puissent avoir le minimum pour vivre, ne devons-nous pas, en Occident industrialisé et riche, accepter d’avoir moins pour qu’autrui jouisse de quoi vivre ? Nous connaissons cette citation de Gandhi me semble-t-il : « Vivre simplement pour que simplement d'autres puissent vivre. »
Partager, vendre ce que l’on possède pour le donner à quoi en a besoin.
Lisons cette page d’évangile.
Jésus se montre bien exigeant ! N’est-ce que parabole à ne pas appliquer ?
« Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
Mais ce qui est impossible pour l’homme est possible avec Dieu.
En Église tout est possible. Certes, cela demande de s’organiser et d’avoir confiance. Pour mener une action de partage avec ceux qui sont dans le manque, le discernement est indispensable. Qui, intelligemment pourrait déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Certes, l’appel à la pauvreté selon l’Évangile engage le risque. Un risque qui se prend en Église. Et, comme l’Église commence avec la petite famille, un risque qui se partage avec tous les membres de la petite famille. C’est ce font les parents en dialoguant avec les adolescents quand ils s’interrogent pour discerner s’ils peuvent recevoir chez eux un jeune étranger. Du reste, ce genre de discernement, tous les groupes de disciples du christ, couvent, séminaires, maisons religieuses, pensionnats chrétiens, paroisses… sont invités à se les poser.
En fait c’est hier qu’en mon esprit, s’est formulée cette méditation. Je venais de lire l’Évangile du jour, la parabole du bon Samaritain : « qui est mon prochain ».
Comment et que devons-nous partager pour, dans un appel en Église, vivre simplement et sobrement ?
François « a exhorté tout le monde, «laïcs et pasteurs», à se demander si nous sommes des chrétiens ouverts à ce que le Seigneur nous donne «chaque jour», «aux surprises de Dieu qui tant de fois, comme ce Samaritain, nous mettent en difficulté». Ou bien si nous sommes des chrétiens fonctionnaires, faisant ce que nous devons faire, nous sentant alors «en règle» et restant ensuite enfermés dans les mêmes règles ».
J’imagine que cette méditation habitera tous les jours de la semaine. Qu’en sera-t-il dimanche prochain ?