Pour ne pas accueillir aurions-nous plus de lois que pour recevoir humainement les familles migrantes ? Sont-ils payés pour mettre à la rue

Publié le par Michel Durand

Les décisions du Conseil d'Etat précisent que tous les déboutés de demande d'asile peuvent être expulsés de leur hébergement Cada même en pleine hiver. © Radio France / Ouafia Kheniche

Les décisions du Conseil d'Etat précisent que tous les déboutés de demande d'asile peuvent être expulsés de leur hébergement Cada même en pleine hiver. © Radio France / Ouafia Kheniche

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Avant que cela ne soit trop tard, écoutez cette émission :

Le mardi 26 mars 2019, au réveil, j’ai entendu cette émission de France-inter.

https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-26-mars-2019

Une situation que à la Coordination Urgence Migrants (CUM) et au Cercle De Silence (CDS) nous connaissons bien. De telles mise à la rue ne peut que nous conduire vers la désobéissance civile.

 

Face Inter :

En France, les demandeurs d'asile doivent quitter leur logement en centre d'hébergement si leur demande d'asile est rejetée et ce, quelle que soit la saison. Avec ou sans enfant, pour une famille ou un homme seul, il n'y a pas d'exception à cette règle, depuis une décision du Conseil d’État qui date de 2017.

Nous sommes à Pontivy, petite ville du Morbihan, avec la famille Chitana, qui vient de Géorgie. Arrivés en France il y a 3 ans, ils ont dû quitter leur logement en CADA (Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile) le 7 mars dernier. Ils n’ont pas obtenu le droit d’asile mais veulent rester ici. La mère, le père et les deux filles sont sans logement en plein hiver. Nana, la maman, a tout essayé. Elle est allée demander de l'aide en mairie, aux associations ; elle a contacté le numéro d'urgence, le 115 ; elle a frappé à toutes les portes mais sans succès.

ENQUÊTE - Les déboutés du droit d'asile, seule exception à la trêve hivernale

Nana et sa famille ne sont pas un cas isolé. En 2018, plus de 100.000 personnes ont demandé le droit d'asile et 43.000 seulement l'ont obtenu. Ils sont donc presque 60.000 à être déboutés chaque année de leur demande d'asile. Les centres d'hébergement pour demandeurs d'asile disposent actuellement d'environ 40.000 places : le compte n'y est pas.

Les demandes sont nombreuses et le ministère de l'Intérieur demande aux Cada de pratiquer une politique de "fluidification" : une famille déboutée doit partir pour laisser sa place à une famille en attente de l'étude de son dossier.

Les déboutés comme la famille Chitana doivent laisser la place aux demandeurs d’asile qui n’ont pas encore de réponse. Dans le cas contraire, la police est susceptible d'intervenir pour les déloger, ce qui terrifie les familles, qui préfèrent obtempérer même en plein hiver et sans solution de relogement.

Demander aux familles de partir

Dans les CADA, les travailleurs sociaux essaient de mettre les formes, et avant toute chose de préparer ses familles à leur sortie de l'hébergement en centre. Le moment où il faut faire quitter l'hébergement est toujours un moment difficile, que les salariés vivent souvent mal, malgré toutes leurs années d'expérience. 

Les travailleurs sociaux, quand ils le peuvent, donnent un peu d’argent à la famille, de quoi passer deux ou trois nuits à l’hôtel... Mais après, leur rôle est terminé.

Lorsque la famille s'est retrouvée sans aide institutionnelle, c'est l'entourage amical qui prend souvent le relais. Autour de la famille Chitana, à Pontivy, la solidarité s’est organisée. Cécile, restauratrice de 46 ans, a lancé une cagnotte pour les soutenir financièrement. Cette maman de cinq enfants a été bouleversée d’apprendre que cette famille, dont la fille est au lycée avec son fils, n’avait plus de logement. Elle a frappé à de nombreuses portes  avant de parvenir à trouver un pavillon, où vit la famille depuis sa sortie du Cada.

Une solution provisoire, puisque cette maison que l’on prête aux Chitana est à vendre. D’ici quelques semaines, ils n’auront à nouveau plus de logement.

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