Il faut tenir les promesses de responsabilité partagée énoncées dans le Pacte mondial pour les réfugiés y incluant les migrants par détresse
J’imagine que chaque jour les préfectures de France se montrent généreuses auprès de migrants -réfugiés politiques, exilés, demandeurs d’asile, migrants économiques… - en accordant un permis de séjour sur le territoire français. Regardons de près.
Arrivés en 2009, ils ont déposé une demande. Le pays d’origine étant considéré comme « pays surs », ils ont été déboutés du droit d’asile. Le temps passe. Nouvelles demandes avec de nouveaux avocats. Ils reçoivent une OQTF. Obligation à quitter le territoire français. Le temps passe. Arrive une IRTF. Interdiction de retour sur le territoire français.
Certains en échappent. Venus à la préfecture ayant obtenu un rendez-vous six mois après la demande de rendez-vous, ils ont la chance de recevoir un récépissé de demande de carte de séjour. La suite sera donnée dans 6 mois. Pas de problème d’attendre encore après une première attente de 10 ans et surtout dans le bonheur de ne pas avoir reçu une OQTF + IRTF.
Les « sans papiers » peuvent objectivement être contents.
Seulement, alors que je les écoute, je me pose une question. Que vont-ils faire alors que le récépissé est muni de cette mention : « N’autorise pas son titulaire à travailler ».
Est-ce un laisser passer pour mendier ? Ou une permission pour voler ? Comment vivre sans avoir de ressource pour vivre ?
Je me dois de réfléchir à cette question afin d’enquêter, de découvrir comment les personnes qui ont reçu « ce papier » s’organisent pour vivre. Il est vrai qu’après 10 ans d’expérience, des solutions de survie existent assurément. J’associe cette certitude au constat de l’échec de la Cop25. Il faudra bien qu’un jour, les États pollueurs, leurs dirigeants et les industriels influents acceptent l’évidente solution qui consiste à placer le respect de l’humain avant l’adoration d’un pseudo PIB.
J’invite alors tous les cadres des Mondes surdéveloppés à se mettre à l’école du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, tel que je le vois s’exprimer sur le site du Vatican.
Le Secrétaire général de l'ONU : le Pape François nous aide à promouvoir la paix
Interview d'Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, qui sera reçu vendredi 20 décembre par le Pape François. Un entretien réalisé en collaboration avec La Stampa.
Je recopie ici quelques phrases de l’entretien de Paolo Mastrolill avec Antonio Guterres, concernant la réalité de la présence en Europe des migrants par détresse.
Paolo Mastrolilli : Mr le Secrétaire général, vous allez rencontrer à Rome le Pape François, qui a toujours été un ardent défenseur du multilatéralisme et des efforts humanitaires. Il a souvent dit qu'il fallait construire des ponts plutôt que des murs. De quoi allez-vous discuter avec lui et comment pourrait-il contribuer à la réalisation des objectifs des Nations Unies ?
Antonio Guterres : Je voulais rencontrer le Saint-Père pour lui exprimer ma reconnaissance pour son travail. Il s'exprime avec force sur la crise climatique, la pauvreté et les inégalités, le multilatéralisme, la protection des réfugiés et des migrants, le désarmement et de nombreuses autres questions importantes. Par son travail, le Pape contribue à la réalisation d'un grand nombre de nos objectifs, notamment ceux du développement durable, de la lutte contre le changement climatique et de la promotion d'une culture de la paix. Construire des ponts est une bonne analogie et, alors que nous discutons des questions que je viens de mentionner, j'espère explorer comment nous pouvons accroître notre collaboration pour y parvenir : construire des ponts pour faire plus pour les gens qui en ont le plus besoin.
La liberté religieuse est menacée dans le monde entier : quels sont les impacts négatifs de cette menace et comment y faire face ?
(…)
Paolo Mastrolilli : La migration mondiale est un problème important en Méditerranée et dans le monde entier. Vous connaissez très bien le problème, puisque vous avez été Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Que devrait faire l'Union européenne pour aider les pays qui sont en première ligne à résoudre le problème des migrations ?
Antonio Guterres : Au moment où nous parlons, plus de 70 millions de personnes sont déplacées, soit deux fois plus qu'il y a 20 ans et 2,3 millions de plus qu'il y a un an. C'est un chiffre choquant et déchirant. Les conflits sont devenus plus complexes et, combinés aux tendances telles que le changement climatique, la croissance démographique, l'urbanisation rapide et l'insécurité alimentaire, nous pouvons malheureusement prédire que les déplacements forcés et les besoins humanitaires vont continuer à augmenter. Le nombre de personnes déplacées a augmenté plus vite que notre capacité à trouver des solutions durables. Le 17 décembre, les dirigeants du monde entier se réunissent à Genève à l'occasion du premier Forum mondial sur les réfugiés, organisé par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour examiner les moyens de mieux faire face aux réalités actuelles et de se préparer aux défis futurs.
Je pense que nous devons tenir les promesses de responsabilité partagée énoncées dans le Pacte mondial pour les réfugiés. Nous devons rétablir l'intégrité du régime international de protection des réfugiés. Et nous devons travailler ensemble pour combattre les trafiquants et les criminels qui s'enrichissent sur les épaules des personnes vulnérables. Les naufrages mortels ne peuvent pas devenir la nouvelle norme. Les solutions devraient également s'attaquer aux causes profondes de ces voyages dangereux. Tant que les conflits et les problèmes de développement persisteront, les gens continueront de rechercher un avenir plus sûr et plus brillant pour eux-mêmes et leurs familles. La coopération et la solidarité internationales sont essentielles pour apporter des solutions durables aux hommes, aux femmes et aux enfants touchés. Nous avons également besoin d'un réel engagement à partager les responsabilités entre les États membres. Dans ce contexte, je salue les nouvelles politiques du gouvernement italien et réitère ce que j'ai dit à maintes reprises en ma qualité de Haut Commissaire pour les réfugiés : il faut une solidarité européenne efficace avec des pays de première ligne comme l'Italie et la Grèce.