Nous en appelons à la conscience de tous, au réalisme évident de l’importance de l’accueil des exilés, fiers de la ferme tenue de ce cercle
Mercredi 11 décembre.
Nous avons tenu, comme chaque deuxième mercredi du mois, notre « cercle de silence » et nous nous sommes réjouis de voir que la pluie ne se manifeste pas. En effet, sur Lyon il pleuvait depuis le matin. Pas de pluie et un froid largement supportable.
L’attitude non violente des membres du cercle fut admirable. En effet, de nombreux passants refusaient les tracts distribués. Les regards étaient peu sympathiques. Cela nous a étonnés parce qu’habituellement, ils sont plutôt bien accueillants. J’ai quand même entendu, en tant que distributeur : « vous avez du courage ; ce que vous faites donne de l’espérance ».
Mais pourquoi, particulièrement ce mercredi, tant de regards vides, d’oreilles fixées au téléphone ? Il se peut que la multiplication des manifestations indispose celles et ceux qui rentrent chez eux. Un refus d’être invité à regarder hors de son confort individuel.
En fait, si aujourd’hui je rédige ces lignes c’est surtout pour signaler la présence de trois jeunes (moins de 25 ans, selon le témoignage du visage) qui tentèrent de perturber la tenue du cercle de silence. Filmant avec leur téléphone mobile les personnes présentes sur le cercle au raz des visages, ils criaient : « vous soutenez les étrangers qui vont violer les femmes et nos enfants ». « Vous faites entrer des gens qui prennent notre travail ». « Vous êtes des vieux de 68, libertés pour tous, vous êtes en dehors de la réalité. Aujourd’hui, les jeunes veulent de l’ordre. On n’ouvre pas les portes aux voleurs. Les frontières sont nécessaires », Etc.
« Sales gauchistes ». Vous pouvez être fier de vos conneries !
Personne dans le cercle de silence n’a répondu à leur propos délirant, preuves que les actions désinformations envahissent les esprits. Règne du mensonge.
Personne ne bougea ou ne manifesta quoi que ce soit. Silence et immobilité imperturbable ! Le cri de notre conscience se fait entendre malgré tout. Ils ne veulent pas rejoindre le cercle. Ils ne l’ont pas cassé.
Être fier ? La question me fut posée plusieurs fois alors que je me suis approché d’eux, les priant de respecter notre action non violente et silencieuse, les invitant à s’éloigner du cercle.
« Êtes-vous fiers de ce que vous faites ? Ah oui, vous pouvez-être fiers, stupides vieillards… inconscients, hors de la réalité… Nous les jeunes…
J’ai répondu qu’il n’était pas possible d’être fiers, car cela faisait plus de 10 ans que nous tenions ces cercles et la masse des citoyens et les élus agissaient toujours à l’encontre de la dignité humaine en n’accueillant pas dignement les réfugiés, exilés et migrants par détresse. « Fier de ce que je fais ? Non ! Mais conscient de l’importance de ce que nous accomplissons. Tous les Européens devraient faire le maximum pour que les droits humains fondamentaux soient respectés »? « Oui, conscient d’agir pour mettre en place plus d’humanité universelle, plus de raison sociale ».
Écoutant leur propos, petit à petit je les ai suivis s’éloigner du cercle.
Ils sont finalement partis promettant de revenir en nombre. Dans toutes leurs phrases, je devinais l’influence de l’extrême droite allemande. Oui, ces jeunes baignent dans le mensonge de la désinformation : les étrangers, violeurs de femmes. « Soyez dans la réalité. Voyez ce qui se passe en Allemagne ». « Protéger d’abord nos chômeurs ». « Ils prennent notre travail ». « Vous nous préparez un avenir mauvais… »
De retour chez moi, j’ai cherché ce qui se disait sur le Bastion social lyonnais. Et j’ai appris que sa renaissance était effective. Similitude du vocabulaire, des postures. Le nom a changé. La stratégie a changé. L’option nationaliste anti migrants demeure. Bastion social est devenu Audace.
Selon cette information, nous lisons : « Sous son verni pseudo social, le Bastion, créé en 2017 pour succéder au Groupe union défense (GUD), est profondément radical. Son slogan, «Les nôtres avant les autres», résume bien son idéologie fascisante mêlant racisme (tendance ethno-différencialiste), homophobie, islamophobie, antisémitisme, masculinisme, mais aussi anticapitalisme (perçu comme l'outil d'uniformisation des peuples par la «finance internationale»). Un tercérisme –pour «troisième voie»– qui est également d'essence nationaliste-révolutionnaire : le Bastion social se voit comme l'avant-garde préparant la «révolution nationaliste» théorisée par François Duprat, ex-numéro 2 du FN et principal maître à penser des néogudards. La violence, enfin, est dans l'ADN du groupe, dont les membres cumulent les condamnations pour des agressions régulièrement teintées de racisme, et leurs victimes les jours d’ITT. »
Et encore : « Audace Lyon et Vent d'Est: les enfants du Bastion. En rallumant la flamme, les militant.es du désormais ex-Bastion social perpétuent une longue tradition de l'extrême droite néofasciste française. Née dans l'immédiat après-guerre avec Jeune nation en 1949, elle s'est ensuite successivement rassemblée autour de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), Occident, Ordre nouveau (à l'origine du FN, devenu RN), le Parti des forces nouvelles (PFN), ou encore Troisième voie, et enfin, donc, le GUD –qui a marqué les esprits par sa violence– et le Bastion social.
Désormais, le flambeau est repris par les groupes Audace Lyon et Vent d'Est. Des mouvements qui ont vu le jour publiquement avec l'ouverture de pages à leur nom sur les réseaux sociaux, mi-septembre (2019) pour le premier, qui semble être la tête de pont, le second environ deux semaines plus tard. Prudents, leurs administrateurs prennent soin de ne revendiquer aucune filiation, mais une multitude d'indices indiquent néanmoins une résurgence du Bastion social.
Les méthodes tout d'abord, avec un activisme militant en faveur des Français «de souche» et anti-immigration revendiqué, dans la droite ligne du Bastion social. »
Lire aussi le regard de Rebellyon « La meilleure preuve qu’ils n’ont pas cessé leurs activités est le lancement de ce nouveau mouvement « Audace ». On y retrouve la même ligne idéologique (« nationaliste révolutionnaire ») et les mêmes actions (maraudes discriminantes pseudo-sociales), mais surtout ils emploient exactement les mêmes mots, la même esthétique, et enfin les mêmes militants ! »