Nous subissons une guerre contre l’ennemi invisible qui a le mérite de paralyser l’économisme à défaut de vivre une grève ouvrière mondiale

Publié le par Michel Durand

Lyon au pied de l'immeuble où je vis en ce jour.

Lyon au pied de l'immeuble où je vis en ce jour.

Il n’est pas juste de dire : « Notre solidarité est celle du peuple, de ceux d’en bas, qui se serrent les coudes pour vivre. Elle n’a rien à voir avec celle des élites. Voir ici.

 

Effectivement, notre solidarité est universelle. Sans lutte des classes, même si nous constatons que les élites ne font rien, ou pas assez, pour soulager la peine des pauvres. «Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent» (Mt 5, 43-44).

 

Je souhaite reprendre mes pages précédentes en rédigeant quelques lignes qui seraient comme un tableau offrant en une seule vision, le chemin à prendre. Il est effectivement question de changement de modes de vie. Cette présentation sera caricaturale, imparfaite, incomplète. Je souhaite avant tout qu’elle suscite des élans de conversion ; je pourrais dire aussi de révolution.

Regardons la Babel biblique. Ils voulaient atteindre Dieu, l’unique Créateur de tout ce qui existe dans l’univers. En résulta un désordre innommable.

Observons l’exil à Babylone. Ils furent incapables d’écouter les vrais prophètes et continuèrent à adorer des dieux fabriqués avec du métal fondu ou modelés dans de la terre. Mammon l’emporte sur l’Unique. Mammon ? C’est le dieu de la richesse, de l’appas du gain, de l’avarice. Idoles des banques et de la financiarisation. Divinités illusoires du libéralisme. Isaïe 44, 8ss :« Y a-t-il un Dieu en dehors de moi ? Il n’est pas d’autre Rocher ; je n’en connais pas. Ceux qui façonnent des idoles ne sont tous que néant : leurs œuvres préférées ne servent à rien ; ce sont des témoins aveugles et sans intelligence ; aussi seront-ils couverts de honte. Quelqu’un va-t-il façonner un dieu ou fondre une idole qui ne sert à rien ? » Aujourd’hui, ces idoles et idolâtres, nous les rencontrons dans les temples de la finance, les banques.

Allons vite. Le Fils Jésus ,l’envoyé du Père Créateur, est venu. On ne l’a pas écouté. L’Empire romain sur toutes les terres connues alors maintenait son pouvoir. Mais, la petite graine christique s’est développée prudemment et patiemment. Hélas, le pouvoir constantinien l’a recouvert de ses vêtements impériaux. Le message révolutionnaire du Père de tous les humains fut englouti dans le droit de l’État et la religion officielle s’exprima dans les vêtements de la cour de Justinien en se déclarant chrétienne. Aurait-on oublié la lettre de Paul aux Galates (chap. 3, 28s) « En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse ». Englués dans la culture romaine, les disciples du Christ perdirent la force de l’Évangile. Même les moines des déserts égyptiens n’arrivèrent pas à obtenir que l’Église retrouve sa saveur originale.

Plus tard, Augustin ne vit dans la venue des Goths et des Lombards qu’une époque de perpétuelle menace et d’affliction. Il aurait fallu voir immédiatement, le positif apporté par ses étrangers dont la vaillance, certes violente, triompha de l’apathie et de la décomposition des mœurs romaines. Le commerce international de l’époque fut durablement ébranlé. Le monde s’est appauvri. Lentement les monastères du dit Moyen-Âge ouvrirent malgré tout une voie à suivre. Hélas l’appât du gain subsista comme le rappelle François d’Assise qui refusa pour ses frères les riches propriétés terriennes des bénédictins.

Je regarde maintenant les navires des Portugais. Au XVe siècle, accomplissant des voyages commerciaux le long des côtes africaines, ils ruinèrent le mode de vie des caravanes du Sahara. Mondialement ils ouvrent la porte aux États européens qui instaurent désormais des systèmes de colonisation. À mon sens, nous sommes encore dans ce contexte commercial comme peuvent le prouver les récentes diverses migrations économiques ou climatiques. La Révolution française, en partie, a mis un terme à ces pratiques, mais sans vraiment obtenir ce qui aurait été vraiment juste. L’abolition de l’esclavage ne date que de 1848 Et des esclaves modernes subsistent.

Dans tous ces mouvements, nous constatons que l’appât du gain, la course commerciale, l’enrichissement, en un mot l’adoration du dieu argent demeure la force qui dirige les États et les multinationales. C’est cette attitude idolâtre qu’il convient de détruire de siècle en siècle. Je pensai à cette radicale modification de nos modes de vie quand j’écrivais : « Heureux coronavirus qui nous contraint à vivre dans le repos, le loisir (otium), lieu de la pensée réfléchie, de l’accueil loin des affaires (negotium) ». Il nous faut un miracle à défaut de prise de conscience humaine pour qu’enfin, nous, les humains, trouvions le chemin à prendre.

Des grèves massives de citoyens paralysant absolument l’économie mondiale auraient pu être ce miracle. Que dire alors de la pandémie ? Jamais je ne dirai qu’il y a en cette situation dramatique un signe de Dieu. Une condamnation de nos aveuglements humains idolâtres. Le Créateur ne se venge pas de nos cupidités absurdes. Il y a une réalité que nous ne pouvons ignorer. Et nombreux le disent. Nous ne pourrons pas continuer à vivre sans bouleverser profondément nos modes de vie.

 

Alors, déjà commençons en regardant sincèrement la situation actuelle.

Dans cette guerre, qui sont les soldats ? Toutes les personnes qui travaillent à la santé des citoyens et citoyennes. Ils sont envoyés « au front ». Ce sont les actifs, personnes que l’on acclame parce qu’héroïques.

Les donneurs d’ordre demeurent dans leurs bureaux. Généraux largement logés. Ils sont actifs, mais dans un sens différents que précédemment. Faiseurs de lois, ils verbalisent. Ils demandent aux citoyens hors télétravail de se rendre dans les fabriques afin de maintenir compétitive l’économie. L’urgence à observer consiste à discerner le moment où, l’État jouant quand même son rôle providentiel, devient dictatorial.

Et maintenant, les passifs. Les personnes confinées dans leur appartement doivent faire le maximum pour faciliter l’action des soignants. Ils obéissent.

Confiné, je suis éventuellement porteur sain du virus et je peux transmettre la mort avant de mourir moi-même, infecté. La mort est dans la vie terrestre ; il importe de s’en protéger sans angoisse ; il est profitable pour toute l’humanité de bien la regarder en face. Pourquoi ne pas suivre ce lien qui parle de sa réalité ?

J’ai vu avec un plaisir immense de vérité pure, le Dialogues des Carmélites (Francis Poulenc), visible jusqu’au 19 mai 2020.

 

Les abandonnés de la situation demeurent toujours les mêmes, les très pauvres sans logement, les migrants dont on ne parle plus aux informations journalières.

En même temps, les décideurs proclament que la vie économique ne peut s’interrompre. Ils maintiennent dans la production tous ceux qui n’exercent pas leur droit de retrait. Ceux-ci ne sont-ils pas également victimes de l’économisme ambiant ?

L’homme est premier - appel biblique

Le miracle aura vraiment lieu quand il sera reconnu et proclamé qu’entre le choix de l’humain à sauver, et l’enrichissement à accroître ou l’économie à maintenir, seul l’avenir de l’homme doit être envisagé. Changer de modes de vie c’est tout faire pour mettre les systèmes économiques au service de l’Homme. Conversion ! Les exemples historiques indiqués dans cette page montrent l’ampleur que l’ampleur du changement nécessaire consiste à détourner le regard de Mammon afin de s’orienter tendrement vers Jésus, le Christ de Dieu.

Gaël Giraud dans l’article placé en fichier joint montre (scientifiquement) tout ce qui doit être nécessairement fait par nous aujourd’hui pour renverser l’actuelle impasse.

Gaël Giraud : « Avec cette pandémie, la fragilité de notre système nous explose à la figure »

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