Agissant hors de la norme, nous voulons par la science tout maitriser, y compris la façon d’avoir des enfants, en contrôlant si tout va bien
La faim dans le monde s'aggrave, l'ONU pessimiste pour 2020 - Ouverture de la PMA : la pénurie de sperme, risque à anticiper
« Venez acheter et consommer » (Is 55, 1-3)
Tu ouvres ta main, Seigneur : nous voici rassasiés. (cf. Ps 144, 16)
« Aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ » (Rm 8, 35.37-39)
« Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés » (Mt 14, 13-21)
Ce 28 juillet Joseph Moingt, jésuite de 104 ans, est décédé. Son étude de Dieu, de l’Église et de l’humanité rend de nombreux services aux communautés chrétiennes telles que celles de Saint-Maurice / Saint-Alban où il est d’ailleurs venu tenir une conférence (à Saint-Alban), il y a quelques années. L’église était pleine de monde venant de tout Lyon.
Son message est simple : « ce n’est pas en se focalisant sur l’institution ecclésiale que l’on pourra mener une réforme radicale du catholicisme, mais en revenant à l’Évangile. Il explique qu’ « il y a urgence à repenser toute la foi chrétienne pour dire “Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme” dans le langage d’aujourd’hui et en continuité avec la Tradition ».
Lire dans le quotidien La Croix du 29 juillet 2020
Aujourd'hui, ce dimanche 2 août, que nous dit l’Évangile ?
Apprenant la mort de Jean le Baptiste, Jésus se retira pour un endroit désert, à l’écart.
Puis, alors que dans ce lieu loin de tout, il n’y a rien, il dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Pour vivre, nous avons besoin de deux nourritures. La première ne coûte rien. C’est celle que l’on trouve dans le secret de notre chambre ou encore, dans le silence d’un lieu retiré - sur une montagne, dans une forêt, au bord d’une rivière… bref, un lieu désert, vide de gens où tout est calme. Il y a le silence qui permet de regarder en soi-même. Il n’y a rien à acheter, car ce qui se donne est gratuit. Nourriture de l’âme, de l’esprit. Isaïe le dit :
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses…
Nous, les êtres humains, nous voulons consommer. Nous n’avons qu’une hâte, c’est que, suite à la pandémie, la croissance reprenne vite pour que notre rêve de toujours avoir plus se réalise. Nous voulons tout maitriser y compris la façon d’avoir des enfants en contrôlant scientifiquement, techniquement si tout est normal alors que nous agissons en dehors de la normalité. Nous avons soif du bien-être matériel. Nous voulons être sûrs de ce qui nous arrive. Qui veut prendre le risque d’un lendemain imprévu ?
Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! », disent les disciples.
Oui, nous voulons la sécurité pour tout de suite, pas pour demain.
Tel est l’air du temps. Du reste, avez-vous remarqué, le nombre de relances téléphoniques que nous recevons, pour comparer les assurances vie et finalement être invité à opter pour une nouvelle, bien meilleur que l’ancienne ?
Enrichissons-nous grâce au temps passé dans un profond silence. Fatiguons-nous pour tout ce qui nous nourrit en profondeur. Telle est l’invitation d’Isaïe à suivre l’expérience spirituelle qui nourrit le cœur de la personne et qui ne coûte rien comparativement aux biens matériels qui laissent insatisfaits.
Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer.
Approchons-nous du Christ. Vivons auprès de Lui. Sentons-nous bien en sa compagnie et nous vivrons. De siècle en siècle, le cri de Dieu se répand : « venez à moi ! Écoutez et vous vivrez ». Dieu est tendresse et plein d’amour. Dans notre obscurité, il apporte la lumière. Avec lui, en sa présence nous sommes comblés d’une béatitude largement supérieure à tous les biens matériels que nous désirerions posséder. Il est bon de penser à cette réalité puisée dans le silence de la méditation au moment où nous pourrions être obsédés par la crainte d’une récession économique. Car, nous croyons en un Dieu qui fait alliance avec nous, qui reste présent par son Esprit, qui nous enseigne que rien ne pourra séparer de l’amour de Dieu présent en Jésus-Christ notre Seigneur.
Silence de la méditation, de la contemplation, de la prière.
C’est à cela que Joseph Moingt invite notamment avec le livre « Croire quand même ». Il y a environ dix ans, ce théologien multipliait les rencontres avec des chrétiens ébranlés dans leur foi à la vue des tendances d’Église à vivre un retour vers le passé au lieu de scruter les évangiles. À celles et ceux qui voulaient quitter l’Église, il disait : « Restez ».
Or, pour RESTER, il convient de ne pas s’envoler dans un nuage.
« Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, Jésus prit les cinq pains et les deux poissons… Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés ».
Entre temps, il y a eu la prière :
« Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ».
Effectivement, l’engagement auprès du Père ne peut se réaliser aux dépens de l’engagement auprès des humains, de la terre où ils vivent, la maison commune.
Aime Dieu et ton prochain comme toi-même.
Cet amour, nous le constatons sans cesse, n’est pas facile. Nous nous sentons souvent impuissants, dépassés par les événements, incapables de voir que faire et comment faire pour résoudre un problème. Je parle souvent des réfugiés politiques, des migrants qui demeurent mal accueillis dans nos pays. Il y a aussi la famine. Le rapport annuel de l'ONU sur la sous-alimentation, publié le lundi 13 juillet 2020, montre que la faim touchait en 2019 environ 690 millions de personnes dans le monde. La situation devrait s'aggraver en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
Jésus, ne dit-il pas : « donnez-leur vous-mêmes à manger » ?