L'Église se tourne vers le monde pour travailler à l'autel à réparer les déchirures du monde afin de réunifier tous les enfants du Père

Publié le par Michel Durand

L'Église se tourne vers le monde pour travailler à l'autel à réparer les déchirures du monde afin de réunifier tous les enfants du Père

Je vous propose, plutôt qu’une homélie, une méditation. Celle-ci prolonge une réflexion que la situation covidesque présente m’incite à approfondir.

Dimanche prochain sera le premier dimanche de l’Avent. Une invitation à entrer dans une ère nouvelle. Et aujourd’hui, la liturgie souligne la fin d’un temps. Climat d’apocalypse.

En tant que disciple du Christ, que faire pour répondre à l’urgence du moment que ce soit au niveau de l’épidémie, de la récession économique, du chômage inévitable, du non-accueil de migrants qui ont quitté leur pays par détresse… etc. ?

Que faire ? Par exemple, l’hôpital Saint-Joseph lance un appel à don. Ou le Secours catholique.

 

Vous allez me dire que cette question n’est pas celle que l’on doit poser quand on se réunit en Église (l’Assemblée), dans l’église (le bâtiment). Eh bien, justement si. C’est même la question principale. Vous me l’avez déjà entendu dire. Chaque communauté chrétienne, chaque paroisse se doit d’avoir un local désigné du nom de « Diaconie » où sont rassemblées les aides apportées aux plus pauvres du quartier. Cela peut être de l’argent, des produits alimentaires, des organisations associatives répondant aux problèmes localement rencontrés. Selon la tradition liturgique de la célébration eucharistique, j’évoque tout simplement la procession des offrandes. Les textes officiels disent à ce sujet : « De l’argent, ou d’autres dons au profit des pauvres ou de l’Église peuvent être apportés par les fidèles ou recueillis dans l’église ; on les dépose à un endroit approprié, hors de la table eucharistique ».

 

Se priver de messe pour sauver ds vies

Nous l’avons entendu en ce début de semaine, des catholiques exigent l’ouverture des églises pour que la messe y soit célébrée sans interdit. Ils exigent de l’État : « rendez-nous la messe ». comme s’il y avait une intention de brimer les catholiques dans leur liberté religieuse.

Ces manifestations devant des églises ont fait réfléchir. Que venons-nous chercher à la messe ?

La communion au Christ présent dans l’hostie. Mais, ne serait-il présent que dans le pain consacré ?

Voici la pointe de ma réflexion et méditation : nous ne pouvons pas célébrer tous ensemble la prière eucharistique (la messe), alors profitons-en pour prendre du temps, chez soi, afin de vivre dans l’intimité du Ressuscité. Prions avec la lecture de l’Évangile médité. Prions avec la prière du matin (Laudes), du soir (vêpres), de la nuit (complies). Et pourquoi pas vivre personnellement l’office des lectures ? Voir ici.

Le prêtre n’est pas nécessaire pour cela. Autrement dit, il n’y a pas que le prêtre disant la messe, qui met en présence de Jésus-Christ. Chacun dans l’intimité de sa chambre rencontre le Seigneur, est en communion avec lui. Matthieu 6,6.

 

Prier seul, comme un ermite donc, me semble indispensable pour bien être en communion avec le Fils du Père.

Ayant dit cela, il faut néanmoins ne pas oublier que Dieu nous veut en famille. Une famille aimante. Il est le Père et nous sommes frères et sœurs. Universellement de la même famille humaine. La situation de confinement n’est pas compatible avec cette vocation fraternelle. Alors, dans l’instant présent, que faire pour entrer en contact avec ses voisins tout en posant des gestes barrières ? Dans, l’immédiat je me découvre incapable de répondre à la question. Je sais seulement que, en Église, je demeurerai en communion avec le Christ dans la mesure où je me suis rendu proche de qui a besoin d’aide. C’est la parabole du bon Samaritain (Luc 10,33).

C’est aussi l’évangile de ce dimanche 22 novembre.

J’avais faim et vous m’avez donné à manger.

 

Je terminerai avec une citation de Joseph Moingt.

« Travailler dans le monde à faire pénétrer l'esprit de charité du Christ dans les réalités sociales pour soulager les souffrances à notre portée, - travailler dans les structures politiques et économiques de la société pour éliminer, ou du moins corriger, tout ce qui est source de division, de haine, d'inégalité, de souffrances entre individus comme entre peuples : tout cela relève de la visibilité et de la portée universelle de la souffrance que Jésus a supportée sur la croix pour le salut du monde, et tout cela entre dans la signification et l'efficacité universelles de ce que nous célébrons quand nous nous réunissons à la table du Seigneur en mémoire de sa passion et dans l'attente de son retour. Voilà pourquoi l'Église célébrante doit se retourner vers le monde pour montrer qu'elle travaille à l'autel à réparer toutes les déchirures du monde pour réunifier tous les enfants du Père, et elle le fait, non simplement en laissant les fidèles aller au monde, mais en les y envoyant pour soulager ses souffrances et aussi en les appelant à aider leur Église à accomplir sa mission évangélique et même à se restructurer autrement pour mieux remplir cette mission. Par une telle résolution, l'Église s'ouvrira un avenir. Et je le fonde sur une parole de foi ».

Ceci dit, je boucle la boucle en ouvrant la porte de la salle diaconie, dont je parlais tout au début.

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