A. Chevrier, contrairement à la pratique des internats pour les pauvres, refuse qu’ils travaillent dans les fabriques pour gagner leur pain

Publié le par Michel Durand

Chapelle de l'hôpital de la Charité à Lyon
Chapelle de l'hôpital de la Charité à Lyon

Chapelle de l'hôpital de la Charité à Lyon

Dans Ligne de vie N° 70, organe du projet éducatif du PRADO, je lis cette page et je suis heureux de la déposer ci-dessous.

 

L’image que je place en introduction montre le Père Antoine Chevrier en tain de faire la quête devant la porte de la chapelle de l’hôpital de la Charité à Lyon

 

 

 

Antoine Chevrier mendiant

 

 

Nous sommes en 1862, Antoine Chevrier a 36 ans. Depuis quelques mois, il a pu acquérir la fameuse salle de bal. Il la transforme en quelques mois en chapelle et en deux lieux de vie : l'un pour les garçons l'autre pour les filles. En guise de lits, il y a des bancs sur lesquels on pose des paillasses.

Le plafond est en papier et, de temps en temps, des bouchons de Champagne, vestiges de la salle de bal, tombent dans les assiettes.

Les enfants ont entre quatorze et vingt ans et travaillent pour la plupart depuis 8 ans ! Arrivent des jeunes délinquants, des jeunes saltimbanques, des mères ne sachant plus que faire de leur enfant...

Dans son règlement, Antoine Chevrier écrit : « on doit traiter les enfants avec douceur et charité, ne jamais les frapper pour quelque raison que ce soit. S'ils ont des défauts, il faut les reprendre avec patience et prier pour eux ».

Antoine Chevrier, contrairement à la pratique courante des internats pour enfants pauvres, refuse que ces derniers travaillent dans les fabriques pour gagner leur pain. Le seul moyen pour nourrir, héberger et éduquer les jeunes c'est de demander de l'aide. Riches et moins riches donnent mais l'argent manque pour payer les factures de pain. Antoine Chevrier, ,bien que prêtre, se met dans la tête d'aller lui-même mendier à la sortie de l'église voisine à Bellecour. Il se présente deux fois mais il ne peut mendier pétrifié de honte. Le troisième essai est le bon mais l'émotion est si violente qu'il fait une jaunisse. À partir de ce moment, tous les vendredis, il viendra mendier et, quand les besoins sont plus impérieux, il se met à genoux.

Son attitude choque et agace, si bien qu'il est conduit devant le commissaire de police :

- « Pourquoi mendiez vous ? » lui demande le commissaire.

- « Pour donner du pain à mes enfants »

- « Quels enfants ? »

- « Cinquante à soixante, tant filles que garçons »

- « Vous avez une école, eh bien vos élèves doivent vous payer ! »

- « Hélas, ils sont tous plus indigents les uns que les autres ; ce sont vos clients habituels, autant que les miens » et le père Chevrier lui explique ce qu'il fait.

En lui donnant deux pièces de vingt francs, le commissaire conclut : «Allez monsieur l'abbé votre rôle est plus noble et fructueux que le mien.

Continuez votre œuvre de régénération ; elle est plus utile que nos prisons ; continuez de quêter et vous ne serez plus inquiété ».

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