Jésus enseigne longuement. Les disciples observent, se forment s’inquiètent, car les gens n’ont rien à manger en ce lieu désert. Jésus agit
Étude d’Évangile suite. Voir ici : l’envoi des disciples en mission.
L’intervention d’Hérode
À partir du verser 14 de ce chapitre 3, Marc rend compte de l’intérêt qu’Hérode manifeste à l’égard de Jésus. Comme ce regard n’entre pas dans le thème que je me suis donné pour cette étude d’Évangile, je passe très vite.
Hérode, selon Luc 3,1, n’est pas roi, mais tétrarque de Galilée. Son père, Hérode le Grand est le roi. Le fils est désigné par le nom d’Hérode Antipas. Il gouverne la Galilée et la Pérée de l’an 4 av. J.-C. à 34 apr. J.-C. On peut donc le désigner du nom de gouverneur de la région où Jésus a commencé sa mission avec l’aide des apôtres, tous galiléens. À ce titre, il est normal qu’il s’intéresse à ce Jésus qui commence à faire beaucoup parler de lui. Hérode pense qu’il est Jean le baptiste qu’il a fait décapiter et qui est ressuscité. On croyait donc en de possibles résurrections et qu’avec cela, le ressuscité possédait le pouvoir d’accomplir des miracles : voilà pourquoi les puissances agissent en lui.
Marc, en un retour en arrière, raconte la mort de Jean le Baptiste.
6,17
« En effet, Hérode avait fait arrêter Jean et l'avait enchaîné en prison, à cause d'Hérodiade, la femme de son frère Philippe, qu'il avait épousée »… Voir Marc 6,17-29 pour lire l’ensemble de cet épisode.
Les apôtres reviennent de Mission
Nous retrouvons les apôtres au moment où ils reviennent de mission. Marc les nomme ici « apôtres » dans la mesure où ils sont envoyés. Le mot grec « αποστολοι » désigne couramment un « envoyé » chargé d'une mission. Ce n’est que dans ce verset que Marc emploie le mot « apôtres ».
6,30
« Les apôtres se réunissent auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu'ils avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné ».
C’est le moment d’un bilan. Il importe de réfléchir sur le comment s’est passée la mission et quels sont les effets que cela a eu sur eux. C’est comme un apprentissage en alternance. Après le stage pratique, les Douze entrent en étude pour observer ce qui s’est produit. Jésus va alors leur « manifester, exprime la note de la TOB, la vraie nature de leur tâche en leur révélant le mystère caché de son œuvre et de sa personne ». Les « envoyés » en mission sont invités à demeurer proches de Jésus qui envoie. Ils sont solidaires du Maître et le suivent en un endroit désert.
6,31-32
« Il leur dit : “Vous autres, venez à l'écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu“. Car il y avait beaucoup de monde qui venait et repartait et eux n'avaient pas même le temps de manger. Ils partirent en barque vers un lieu désert, à l’écart ».
Mais, ils ne réussissent pas à prendre de la distance avec la foule. Ils n’ont pu se cacher.
6, 33-34
En effet, « Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied*, de toutes les villes, ils coururent à cet endroit et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut pris de pitié pour eux parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses.
* c’est-à-dire en longeant le bord du lac et en suivant du regard la barque où Jésus et son groupe ont pris place. Voir la carte ci-dessus, page 12. On se trouve sur la rive occidentale.
Jésus enseigne. Les apôtres qui ont enseigné deux par deux pendant leur mission alors qu’ils étaient envoyés par Jésus, ont maintenant l’occasion d’entendre l’enseignement de Jésus, le Maître, fils de Marie et de Joseph, habitant de Nazareth en Galilée.
Jésus parle pour répondre à la demande de connaissance des gens. Le peuple est abandonné par ses chefs. Il questionne et personne ne répond. Jésus se conduit alors comme un berger messianique et l’on ne peut que penser aux textes des anciens prophètes.
Par exemple, dans la livre d’Ezéchiel
Ez 34,23
« Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître : ce sera mon serviteur David. Lui les fera paître, il sera leur berger ».
Ez 37,24
« Mon serviteur David régnera sur eux ; ils n’auront tous qu’un seul berger ; ils marcheront selon mes ordonnances, ils garderont mes décrets et les mettront en pratique ».
Effectivement, les apôtres expérimentent que Jésus est désormais ce « berger ». Il agit comme Moïse, comme David et comme Dieu lui-même.
Nb 27, 15-14
« Alors Moïse parla au Seigneur. Il dit : “Que le Seigneur, Dieu des esprits qui animent tout être de chair, établisse à la tête de la communauté un homme qui parte en campagne et revienne à leur tête, qui les fasse sortir et rentrer. Ainsi la communauté du Seigneur ne sera pas comme du petit bétail sans berger”. »
Ps 76,21
« Tu as conduit comme un troupeau ton peuple par la main de Moïse et d’Aaron ».
Ps 77, 70-72
« Il choisit David son serviteur ; il le prend dans les parcs à moutons ; il l'appelle à quitter ses brebis pour en faire le berger de Jacob, son peuple, d'Israël, son héritage. Berger au cœur intègre, sa main prudente les conduit.
Ps 77, 52-53 - Jésus agit comme Dieu lui-même
« Tel un berger, il conduit son peuple, il pousse au désert son troupeau. Il les guide et les défend, il les rassure ; leurs ennemis sont engloutis par la mer ».
Ez 34,15
« C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer – oracle du Seigneur Dieu ».
Comme Dieu, « Jésus enseigne beaucoup choses ». Et Marc insiste sur cet enseignement de Jésus qui répond à l’attente de gens qui faisaient pitié, qui étaient en attente de paroles fortes et vraies.
Ils pensent aussi au bien des corps
Selon l’évangéliste Marc, Jésus parle longuement. Le temps passe et il commence à se faire tard. Les Douze se sentent obligés d’intervenir. Va-t-on laisser tous ces gens sans nourriture ? Il importe de penser à leur bien-être. Il est vraiment impossible de garder plus longtemps toute cette foule. Que faire ? Il faut au moins arrêter de parler.
6,35-44
« Puis, comme il était déjà tard, ses disciples s'approchèrent de lui pour lui dire : “L’endroit est désert et il est déjà tard. Renvoie-les ; qu'ils aillent dans les hameaux et les villages des environs s'acheter de quoi manger”.
Mais il leur répondit : “Donnez-leur vous-mêmes à manger”. Ils lui disent : “Nous faut-il aller acheter pour 200 pièces d'argent de pains et leur donner à manger” ?
Il leur dit : “Combien avez-vous de pains ? Allez voir»! Ayant vérifié”, ils disent : “Cinq, et deux poissons”.
Et il leur commanda d'installer tout le monde par groupes (de les faire tous s’étendre par tablées - soit un nombre déterminé de convives autour d’un plat) sur l'herbe verte (l’endroit est agréable, propre, beau). Ils s'étendirent par rangées de cent et de cinquante.
Avec la fin de ce verset, je ne comprends pas bien ce qui se passe ; en effet, une tablée avec 100 convives, c’est peu pratique pour que chacun se serve de nourriture placée au centre de la “tablée”.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant son regard vers le ciel, il prononça la bénédiction, rompit les pains et il les donnait aux disciples pour qu'ils les offrent aux gens. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. Ils mangèrent tous et furent rassasiés. Et l'on emporta les morceaux, qui remplissaient douze paniers, et aussi ce qui restait des poissons. Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes. »
On voit dans ce passage que Jésus oblige ses disciples à l’action. Il importe d’agir nous-mêmes pense Jésus, car nous sommes responsables de la présence de cette foule alors que la nuit arrive. Il nous fait agir intelligemment et nous devons bien nous organiser. Pas d’amateurisme. Et pas de gaspillage. Il importe d’agir en tout domaine pour le bien des personnes.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons
Je lis la note de la TOB : « Il s’agit de la prière de louange et d’Action de grâce qui accompagne la fraction du pain dans la liturgie de table du judaïsme de l’époque, comme dans la liturgie eucharistique chrétienne où ce rite prend un sens nouveau. La bénédiction fournit l’occasion de rappeler les bienfaits de Dieu pour son peuple, tout en exprimant le sens du pain partagé ».
À Propos des douze paniers : « Il s’agit de paniers d’osier rigide dans lesquels les Juifs transportaient leurs provisions. Douze paniers : autant que d’apôtres dont le rôle actif est souligné au cours de ce récit. Le thème des restes exprime la surabondance et le fait qu’ils soient ramassés indique que par l’entremise des apôtres le repas est ouvert à d’autres participants encore.