Suivre Jésus Christ pas-à-pas, le regarder agir et annoncer la présence de Dieu parmi les hommes tout en faisant le bien autour de lui
Les apôtres sont envoyés en mission
Jésus et les Douze parcourent les villages des environs et, là où cela est possible, Jésus enseigne. Il montre par la parole que le Royaume de Dieu est arrivé. Il importe de le reconnaître et de demeurer attacher au Christ, l’envoyé de Dieu, car c’est lui qui apporte le salut, le bonheur. Mais, la tâche est abondante. Les villages nombreux. Jésus ne peut agir seul. Il envoie donc ses disciples, deux par deux, pour qu’ils enseignent et fassent le bien autour d’eux, leur donnant « autorité sur les esprits impurs » (6, 7).
Pauvreté
Les Douze sont invités à avoir un mode de vie pénétré de sobriété, de pauvreté. Il convient de voyager léger, de se contenter de peu, d’accepter le logement offert dans un contexte d’hospitalité. En fait, plus qu’invités, ils sont obligés de vivre en se contentant des moyens pauvres dont ils disposent. Jésus ordonne un mode de vie et d’action très simple, dans la grande sobriété et un véritable détachement des biens matériels. Tout en sachant que chacun doit avoir ce qui est nécessaire pour vivre. La pointe de l’enseignement est une invitation à se convertir, c’est-à-dire à se détourner de tout ce qui ne conduit pas à Dieu, à Jésus compris comme étant l’envoyé de Dieu.
6, 8-10
« Il leur ordonna de ne rien prendre pour la route, sauf un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de monnaie dans la ceinture, mais pour chaussures des sandales, «et ne mettez pas deux tuniques».
Il leur disait: «Si, quelque part, vous entrez dans une maison, demeurez-y jusqu'à ce que vous quittiez l’endroit ».
Et les disciples ne font pas qu’enseigner, inviter à la conversion. Ils guérissent les malades, chassent les esprits mauvais. Ils sèment le bien, un bonheur concret, autour d’eux.
Il importe de noter, pour bien souligner le devoir de pauvreté dans cette mission d’annoncer l’Évangile, que les évangélistes Matthieu et Luc ne parlent ni de bâton ni de sandales ; ces choses sont exclues du bagage à avoir avec soi. L’important est de faire confiance aux gens rencontrés pour avoir de quoi vivre.
Mt 10,9-10 : « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni monnaie à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni 2 tuniques, ni sandales ni bâton, car l'ouvrier a droit à sa nourriture ».
Lc 9,3 : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent; n'ayez pas chacun deux tuniques. »
Il semblerait ici que l’évangéliste Marc adapte son récit à la situation des missionnaires, des envoyés au nom du Christ qui se trouvent sur des terres éloignées de la Palestine. Dans ces régions lointaines « le bâton et les sandales pouvaient être nécessaires sans déroger à la pauvreté », indique la note de la TOB. En effet, pour trouver une maison pour la nuit, il peut être nécessaire de marcher très longtemps avant que l’hospitalité soit offerte aux missionnaires, ces envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle de la présence de Jésus, l’ambassadeur de Dieu.
Poser un acte juridique bien visible
6,11
« Si une localité ne vous accueille pas et si l'on ne vous écoute pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds : ils auront là un témoignage ».
Secouer la poussière de ses pieds est un geste de rupture connu du monde antique. Cela montre que l’on ne veut rien emporter avec soi d’une maison, d’une citée qui ne souhaita pas recevoir l’Évangile. Nous retrouvons cette situation dans les Actes des Apôtres quand Paul et Barnabas furent obligés de quitter Antioche sous la violence religieuse d’un groupe de Juifs soulevés par des femmes de haut rang et par des notables de la ville.
Ac 13,51 : « Paul et Barnabas, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, gagnèrent Iconium ».
Secouez ses pieds, cela manifeste publiquement, le désaccord qui sera réglé par un acte à teneur juridique comme on le voit avec le lépreux guéri qui se rend auprès du prêtre pour offrir ce qui est prescrit par Moïse suite à sa guérison. « Ils auront là un témoignage » Mc 1,44) qui justifiera, cette fois, la réintégration dans la communauté. L'expression, en 6,11, désigne donc un témoignage de valeur juridique porté contre quelqu’un permettant dans ce cas de s’en séparer. Donc :
6,12
« Ils partirent et ils proclamèrent qu'il fallait se convertir. »
Appel à la conversion
Se convertir comme l’exige la venue du Règne de Dieu ; se convertir pour accueillir la présence de Dieu parmi les hommes comme l’annonçait Jésus dans la proclamation de son Évangile en Galilée. : « Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché : convertissez-vous et croyez à l’Évangile». Il est question du temps fixé par Dieu pour l’accomplissement de ses promesses. Cette Bonne Nouvelle de l’approche du Règne de Dieu devient, après Pâques et la résurrection, celle du salut offert en Jésus-Christ. Une belle et grande réalité qui se manifeste dès maintenant par le bien que les disciples ont le pouvoir de faire autour d’eux.
6,13
« Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d'huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient ».
La note de la TOB précise que l’onction d’huile n’est pas ici désignée comme un remède médicinal comme en Lc 10,34* mais comme un geste au pouvoir miraculeux, de même que le toucher ou l’imposition des mains ».
* Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui ». Il est ici question des soins donnés par le bon Samaritain à un voyageur attaqué par des bandits selon le récit donné par Jésus en réponse à un légiste qui demandait ce qu’il faut faire pour avoir la vie éternelle. Le légiste ne voulait que provoquer Jésus.
Voilà pour la mission des Douze.