La contemplation du crucifié ressuscité est un lieu de guérison : elle ne supprime pas l’angoisse de la mort, mais elle la met à sa place

Publié le par Michel Durand

La tentation de Saint Antoine, Teniers David II, TENIERS Le Jeune (dit), Anvers, 1610 - Bruxelles, 1690, Flandres, peinture à l'huile sur bois, 63 H x 50 L

La tentation de Saint Antoine, Teniers David II, TENIERS Le Jeune (dit), Anvers, 1610 - Bruxelles, 1690, Flandres, peinture à l'huile sur bois, 63 H x 50 L

Les Pères du désert sont parfois représentés avec un crâne sur leur table. Le crucifix nous rappelle aussi cela.

Source de l'image

 

Première lecture - Ac 10, 34...43

Psaume 117 (118)

Deuxième lecture - 1Cor 5, 6-8

Évangile - Jean 20, 1-9  (voir ici)

 

Ma méditation au lendemain d’un Vendredi saint. Jésus est bien mort ayant connu l’angoisse.

 

Pâque

Toute la liturgie de ce dimanche de la résurrection nous invite à méditer sur le thème du Passage. Passer de la mort à la vie. Nous constatons souvent que l’adhésion en la résurrection ne s’accomplit pas facilement. Il est question de foi et non de connaissance certaine. Nous expérimentons le passage par l’épreuve du doute. Comment ne pas douter ? Comment croire ?

Comment croire que la résurrection apporte, sur terre la Paix quand, au nom de Dieu on voit les intégristes de toutes religions proclamer la guerre sainte ou la croisade ? Bernard Fontaine dans le quotidien « Le Monde », le 14 mars 2003, écrivait : « Les guerres de religion ont fait trop de mal au cours des âges, et elles continuent d'en faire, notamment en Irlande du Nord, au Proche-Orient, au Cachemire, au Soudan, pour qu'un pays, fût-il le plus puissant du monde, se croit autorisé à en déclencher une nouvelle, avec le risque, surtout si les opérations traînent en longueur, de voir une grande partie du monde islamique prendre fait et cause pour un tyran d'un autre âge. » Aujourd’hui nous gardons le souvenir de l’Iran, de l’Irak, des rivalités entre sunnite et chiite. Nous sommes effrayés par ce qui se passe en Birmanie et ne pouvons accepter le fondamentalisme hindouiste du Premier ministre indien. Etc….

Pandémie, migrations à cause de crises dues au changement du climat par le fait des industries humaines. Etc… Guerre économique… Comment, en tenant compte de tout ce que nous vivons et entendons, pouvons-nous réellement vivre la célébration de Pâque, le Passage d’une existence marquée par les souffrances à une existence totalement libérée ?

La résurrection du Christ est la Pâque vers la vie dans une complète liberté. Il nous rend libres définitivement. Comment le vivre ? Le recevoir ? Comment en parler ?

« La foi ne supprime pas l’angoisse de la mort », affirme Frédéric Louzeau, aumônier à l’hôpital de la Pitiè-Salpêtrière à Paris. « Elle nous en libère en ce sens qu’elle nous rend capables de nous situer autrement, de surmonter cette angoisse, de ne pas la laisser nous enfermer ». J’invite à lire cet article de La Croix.

 

Oui, l’ambiance actuelle nous soumet à un régime de la peur. « Nous sommes en guerre », entendons-nous affirmer par des dirigeants, en guerre contre un ennemi invisible. Alors, nous nous confinons dans notre appartement ou, le cas échéant, en une résidence secondaire. Nous souhaitons nous protéger de la mort comme si notre foi en la résurrection n’avait aucune prise dans notre quotidien. Pourtant, « dans la tradition chrétienne, exprime Frédéric Louzeau, une manière de dominer cette angoisse, c’est précisément de penser à la mort – la sienne, celle du Christ – et à la résurrection ». Certes, nous ne pouvons pas proclamer à ceux qui se trouvent à deux pas de la mort dans les chambres de réanimation : « que, de toute façon, nous sommes faits pour l’éternité… Et pourtant, justement, nous chrétiens, [nous] devrions témoigner que la logique de la mort a été anéantie par le Christ crucifié ». Anéantie dans le baptême en Christ ; le plongeon en Dieu, Père, Fils, Esprit.

Effectivement, le signe le plus important de notre Passage est le baptême. Il est tellement important que, chaque année, au cours de la liturgie pascale, nous réactualisons notre engagement à la suite du Seigneur Jésus. Nous redisons notre désir de vivre, dans le monde, selon son message d’amour.

 

Comment, à la suite de la veillée pascale où le baptême d’un adulte ravive notre propre baptême, allons-nous ajuster nos prières à nos engagements, à nos actes ?

Ce passage demeure sans cesse à accomplir. Et il revient à chacun de répondre personnellement à cette question.

Individuellement et communautairement, nous avons à nous conduire pour que les nouveaux baptisés - qui désormais, dans ce Passage, portent en eux la marque de disciple du Christ - ne deviennent pas porteurs d’une simple étiquette, une appellation vide de contenu. Comment les Églises, les communautés en place se préparent-elles à recevoir les nouveaux baptisés adultes de chaque veillée pascale ? Également, comment les parents qui présentent un enfant à l’Église seront-ils aidés par l’Église locale, la paroisse, pour que ce baptême ne soit pas lettre morte ?

Il revient à chacun de répondre personnellement à cette question.

 

Les yeux tournés vers le Ressuscité

Alors que nous nous tournons vers le Ressuscité, cherchons en lui l’origine de l’amour qui épanouit tout homme. Sans l’Amour, rien n’est possible. Cherchons, en Christ, l’origine de la paix qui doit œuvrer en tous lieux et toutes situations : famille, quartier, nation, monde.

Le fait de vivre liturgiquement ces fêtes de Pâques, le fait de reformuler notre engagement pascal, le fait de participer à un baptême qui apporte une vie nouvelle greffée sur le Christ, apporte, dans notre vie, un renouveau. Jean-Paul II, le 17 avril 2003, le signifiait dans sa lettre encyclique, L’Église vit de l’Eucharistie : « L'incorporation au Christ, réalisée par le Baptême, se renouvelle et se renforce continuellement par la participation au Sacrifice eucharistique, surtout par la pleine participation que l'on y a dans la communion sacramentelle. Nous pouvons dire non seulement que chacun d'entre nous reçoit le Christ, mais aussi que le Christ reçoit chacun d'entre nous. Il resserre son amitié avec nous : « Vous êtes mes amis » (Jn 15, 14). Quant à nous, nous vivons grâce à lui : « Celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6, 57). Pour le Christ et son disciple, demeurer l'un dans l'autre se réalise de manière sublime dans la communion eucharistique : « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15, 4). »

Lisons aussi ce qu’a dit François le 22 novembre 2017 : « La Messe est le mémorial du Mystère pascal du Christ. Elle nous rend participants de sa victoire sur le péché et sur la mort, et donne pleine signification à notre vie. Se faisant pain rompu pour nous, le Seigneur Jésus répand sur nous sa miséricorde et son amour, comme il l’a fait sur la croix, au point de renouveler notre cœur, notre existence et notre relation avec lui et avec les frères. Chaque célébration est un rayon de ce soleil sans déclin qu’est Jésus Christ ressuscité. »

 

Soyons dans l’attente de ce renouveau et laissons agir en nous l’œuvre de Dieu qui renouvelle de la tête aux pieds. Les fêtes pascales, même en période de confinement sanitaire, ne nous coupent pas du monde. Au contraire, nous sommes plongés dans ce dernier et recevons en cette liturgie une force nouvelle qui va nous enrichir pour qu’avec le monde nous puissions vivre une nouvelle vie. Le renouveau que nous attendons de ces sacrements consiste à pouvoir vivre une nouvelle naissance, une nouvelle entrée dans la communauté, une nouvelle connaissance du monde afin de grandir dans la vie fraternelle. Fratelli tutti est à lire et relire.

 

Nous ne voulons pas stagner. Nous voulons toujours progresser dans notre imitation de Jésus. Son message est un message d’amour. Voilà ce que nous voulons mettre en œuvre ; voilà ce à quoi les parents demandant le baptême de leurs enfants s’engagent ; voilà ce à quoi s’engagent les nouveaux baptisés adultes. Toute l’Église locale les accompagne.

Alors, prenons, pour mener à terme nos engagements, les moyens de nous renouveler sans cesse dans l’amour.

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