Servir, c’est prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple
Jeudi saint !
Je pense bien évidemment au lavement ds pieds. Jean 13,1ss :
« Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Il nous revient, au nom de notre baptême (plongeon en Christ), de servir la solidarité en faveur de celles et ceux qui sont dans le besoin. Les communautés chrétienne et musulmane du quartier de Villeurbanne - Croix-Luizet, les Buers - en ont témoigné comme nous le lisons sur Facebook
À Calais, les chrétiens, voyant que rien d’humain ne se décide en faveur des migrants, interpellent le préfet à ce sujet :
« À la suite de la déclaration commune de Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, et de Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras, le 3 mars, les chrétiens de la région de Calais ont tenu à exprimer leur indignation quant aux conditions de vie des exilés. Ils ont écrit une lettre ouverte au préfet du Pas-de-Calais ». Il faut :
« Décréter un moratoire immédiat sur les expulsions de lieux de vie ; ouvrir des lieux couverts d’accès aux services de base sur l’ensemble du littoral ; ouvrir immédiatement des dispositifs de mise à l’abri. »
Diffusant largement cette lettre dans les paroisses de Calais, les prêtres et conseils paroissiaux locaux ont invité chacun à signer l’appel et l’envoyer au préfet.
Lire La Croix.
Nombreuses sont effectivement les occasions où nous serions sollicités à servir autrui selon le geste liturgique du lavement ds pieds. Il conviendrait pour cela que, institutionnellement, existe dans chaque quartier des locaux dédiés aux services des personnes qui se trouvent dans le besoin. Le Vatican à Rome s’est bien organisé.
Voir la courte vidéo
Ce matin, avec bonheur, j’ai élu ce passage de Fratelli Tutti
La valeur de la solidarité
114. Je voudrais mettre en exergue la solidarité qui « comme vertu morale et attitude sociale, fruit de la conversion personnelle, exige un engagement d’une multiplicité de sujets qui ont une responsabilité de caractère éducatif et formateur. Ma première pensée va aux familles, appelées à une mission éducative première et incontournable. Elles constituent le premier lieu où se vivent et se transmettent les valeurs de l’amour et de la fraternité, de la convivialité et du partage, de l’attention et du soin de l’autre. Elles sont aussi le milieu privilégié pour la transmission de la foi, en commençant par ces simples gestes de dévotion que les mères enseignent à leurs enfants. Pour ce qui concerne les éducateurs et les formateurs qui, à l’école ou dans les différents centres de socialisation infantile et juvénile, ont la tâche exigeante d’éduquer des enfants et des jeunes, ils sont appelés à être conscients que leur responsabilité regarde les dimensions morales, spirituelles et sociales de la personne. Les valeurs de la liberté, du respect réciproque et de la solidarité peuvent être transmises dès le plus jeune âge. [...] Les agents culturels et des moyens de communication sociale ont aussi une responsabilité dans le domaine de l’éducation et de la formation, spécialement dans la société contemporaine, où l’accès aux instruments d’information et de communication est toujours plus répandu ».[87]
115. En ces moments où tout semble se diluer et perdre consistance, il convient de recourir à la solidité[88] tirant sa source de la conscience que nous avons d’être responsables de la fragilité des autres dans notre quête d’un destin commun. La solidarité se manifeste concrètement dans le service qui peut prendre des formes très différentes de s’occuper des autres. Servir, c’est « en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple ». Dans cette tâche, chacun est capable de « laisser de côté, ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute-puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. [...] Le service vise toujours le visage du frère, il touche sa chair, il sent sa proximité et même dans certains cas la ‘‘souffre’’ et cherche la promotion du frère. Voilà pourquoi, le service n’est jamais idéologique, puisqu’il ne sert pas des idées, mais des personnes ».[89]
116. En général, les laissés-pour-compte « pratiquent la solidarité si spéciale qui existe entre ceux qui souffrent, entre les pauvres, et que notre civilisation semble avoir oublié, ou tout au moins a très envie d’oublier. La solidarité est un mot qui ne plaît pas toujours ; je dirais que parfois, nous l’avons transformé en un gros mot, on ne peut pas le prononcer ; mais c’est un mot qui exprime beaucoup plus que certains gestes de générosité ponctuels. C’est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est également lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. C’est faire face aux effets destructeurs de l’Empire de l’argent. […] La solidarité, entendue dans son sens le plus profond, est une façon de faire l’histoire et c’est ce que font les mouvements populaires ».[90]
117. Lorsque nous parlons de protection de la maison commune qu’est la planète, nous nous référons à ce minimum de conscience universelle et de sens de sollicitude mutuelle qui peuvent encore subsister chez les personnes. En effet, si quelqu’un a de l’eau en quantité surabondante et malgré cela la préserve en pensant à l’humanité, c’est qu’il a atteint un haut niveau moral qui lui permet de se transcender lui-même ainsi que son groupe d’appartenance. Cela est merveilleusement humain ! Cette même attitude est nécessaire pour reconnaître les droits de tout être humain, même né ailleurs.