Faisons confiance en Dieu en tournant vers lui notre pensée. Reconnaissons humblement nos manquements et attendons tout de Lui
À l’eucharistie de ce jour, nous avons donc lu l’évangile selon Matthieu, 9, 32-38.
Il y est question, comme hier, de guérisons. Après avoir guéri la fille de Jaïros, une femme timide et audacieuse, puis deux aveugles (9,27), il répond à la demande de ceux qui lui présentent un possédé muet. Jésus fait le bien autour de lui quand on le sollicite et il enseigne proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume. Il chasse l’obscurité et s’en explique par divers enseignements dans les synagogues ou ailleurs, sur les places, alors qu’il va de villes en villages avec ses disciples.
Alors que nous nous mettons à la suite du Christ, il est bon d’entretenir en nous l’Action de grâce. « Sentez-vous monter en vous un attrait pour Jésus Christ ? Alors, cultivez-le », disait Antoine Chevrier. Reconnaissons ce que Dieu nous donne et remercions-le. Mettons en avant les sentiments eucharistiques, les Actions de grâce et ne nous laissons pas obnubiler par les obscurités. Plus facile à dire qu’à vivre, même après avoir longuement médité l’évangile de ce jour qui nous demande de prier pour que viennent des ouvriers au service de la moisson. Ce matin nous avons été invités à ne pas nous laisser envahir par les obscurités que nous rencontrons. Cet après-midi nous nous sommes placés devant nos vulnérabilités. Nos faiblesses, nos manques existent et nous voilà invités à les aborder avec confiance, sérénité. Une attente paisible et active de l’action de Dieu en nous. « Sentez-vous monter en vous un attrait pour Jésus-Christ… pour la Lumière, la Vérité ?
Je repense aux paroles de Jésus à qui on demande une intervention de guérison. Aux deux aveugles, il dit : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? »
Ils répondent : « Oui, Seigneur » (9,28).
Plus tard, un possédé muet se met à parler. Grâce à Jésus, le mal est sorti de lui.
Mais, à ce moment, les pharisiens alimentent la polémique.
Il me semble que Jésus en est profondément attristé. C’est comme s’il s’exprimait sur son doute devant l’immense tâche à accomplir. Il y a une trop grande foule sans guide, ou, plus grave encore, avec des guides qui conduisent sur de mauvais chemins.
Je souhaite dire quelques mots sur le doute. Il a son intérêt. Il permet de réfléchir, de penser, d’approfondir, de discerner. Il invite à prendre conseil auprès d’autrui. Certes, la confiance ne doit pas disparaître ; la recherche de la Vérité, de la Lumière se fait en toute sérénité et confiance. N’empêche que nous ne pouvons qu’être profondément ému et largement défaillants, impuissants face aux foules prostrées, harassées comme des brebis qui n’ont pas de bergers, voire qui refusent d’être guidées.
Que pouvons-nous faire ? Nous lamenter face à nos limites, nos faiblesses et manquements ? Si nous agissons ainsi nous augmenterons encore plus nos misères, nous multiplierons les occasions de dire, rien ne va, tout va de travers… Au contraire, faisons confiance en Dieu en tournant vers lui notre pensée. Reconnaissons humblement nos manquements et attendons tout de Lui. Reconnaissons l’importance du doute sans nous enliser dans ce doute.
À propos de ce doute, j’ai une anecdote. Un ami marocain du Maroc que j’ai connu alors qu’il faisait ses études à Lyon a laissé sur sa page Facebook ce message. Un chercheur scientifique lit des dizaines de livres pour trouver le bon chemin et conclut sa quête en disant, je dois encore chercher, je dois encore lire. Un religieux lit un seul livre et conclut : j’ai toute la vérité.
Je sais tout. L’assurance de ce religieux me fait peur, car lui manque l’humilité. La quête de Dieu est infinie. Le Père Varillon définissait le chrétien en disant que, vu la faiblesse humaine, il était avant tout un chercheur.
Cultiver l’attrait pour Jésus, cela revient à entretenir notre confiance en lui malgré tout, malgré nos doutes et nos vulnérabilités.
Nous prions pour que Dieu envoie des ouvriers à la moisson dés maintenant et jusqu’au jour où, le Royaume étant arrivé, toute lumière parviendra de l’intérieure du cercle que forme la communauté des disciples du Christ, Verbe incarné.