Très populaire en orient comme en occident, la personne de Joseph époux de Marie occupe une place unique dans la dévotion du peuple chrétien

Suite à l’appel à écriture concernant Saint-Joseph, je reçois ce courrier :

Cher frère, en réponse à ton appel, je te fais parvenir le canevas d'une journée de réflexion avec un groupe de chrétiens.

Bonne réception et merci pour les excellents articles de la revue « Prado ».

Pierre Del Marco

C’est avec joie que je donne à lire ce texte remis par Pierre.

Saint-Joseph, un personnage qui vaut le détour !

1° L'Évangile cite 14 fois de nom de Joseph :

Il est fils de Jacob Mt 1,16

Ou fils d'Héli d'après Lc 3,23

Descendant de David Mt 1,20 ; Lc 1,27 et 2,4

Époux de Marie Mt 1,16-18, Lc 1,27 ; 2,4:2,16

Considéré comme le père de Jésus Mt 13,55 ; Le 3,23 ; 4,22 ;Jn 1,55 ; 6,42

Charpentier de son métier Mt 13,55 ; Mc 6,3

Habite Nazareth Mt2,23 ; Lc 2,4-39-51 cf dictionnaire des noms propres de la bible p. 213

Mc en parle 1 fois, Jn 2 fois, Mt 5 fois, Lc 9 fois

Noter qu'à la différence de Marie, Joseph n'intervient pas dans la vie publique de Jésus. L'analyse de cet ensemble de citations fait apparaître un personnage humble, effacé, discret, respectueux des personnes, bon gestionnaire de situations difficiles, dévoué, pieux, bon juif, pratiquant ; bref, une personnalité attachante et bien trempée.

2° Personnalité de Joseph « époux de Marie ». Comme dans tous les couples, Joseph affronte et gère avec bonheur les trois situations où un foyer peut se détruire ou au contraire se structurer :

-La suspicion et le doute sur la personne et le comportement de l'autre : Mt 1,18-25 « … une fois réveillé, Joseph fit comme fange lui avait prescrit ; il prit chez lui son épouse ; et, sans qu'il l'eût connue, elle enfanta un fils auquel il donna le nom de Jésus ». Seul l'amour permet de vaincre la suspicion et le doute : Cf Co 13,7. La nature de l'événement donne la mesure de l'amour de Joseph.

-Le choc des situations et des événements extérieurs : Lc 1,2,-10...  « … Joseph, lui aussi, quittant la ville de Nazareth en Galilée monta en Judée dans la ville de David… avec Marie son épouse qui était enceinte … elle mit au monde son fils premier né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, car il n'y avait pas de place pour eux à l'hôtellerie. » Et en Mt 2,13-19 : la fuite en Égypte. « … Joseph se leva prit l'enfant et sa mère et se retira en Égypte ... »

La signification est claire, l'événement qui bouscule la vie du coule se porte et se supporte à deux.

-l'enfant et sa personnalité naissante Lc 2,41-50 : Jésus perdu et retrouvé au temple. Une voie royale à suivre : le respect de la personnalité naissante de l'enfant et de son mystère. « ... mais ils ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire ... » Joseph et son couple deviennent ainsi le modèle de toutes les familles malgré la nature singulière de leur situation.

3° La paternité de Joseph. Parlant de Jésus, les gens de Nazareth disent : «... D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas là le fils du charpentier ? ... » Mt 13,55. Prenons le temps de savourer ce texte de M. Pagnol, il s'agit de la déclaration de César à son fils Marius, père génétique du petit Césario adopté par Panisse : « ... cet enfant quand il est né, il pesait quatre kilos. C'est sa mère qui les a faits. Maintenant, il arrive à sept. Ces trois donné beaucoup naturellement, mais celui qui a donné le plus c'est Panisse. le vrai père de Césario, ce n'est pas toi Marius, c'est Panisse … il lui a donné des kilos d'amour I » Pagnol, Fanny, 1932.

Dans le même sens, se souvenir des remarques de la Dr Françoise Dolto sur la paternité de Joseph dans son ouvrage « l'Évangile au risque de la psychanalyse ». La vraie paternité ne se limite pas à la procréation de l'enfant. Le vrai père est celui qui va en faire un adulte. Dans ce sens, Joseph est un père authentique.

4° Une remarque à propos des « frères de Jésus ». « N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ?Jacques, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères… ? » Mt 13,55). Noter que dans les textes en notre possession, il est toujours question des frères de Jésus et jamais des fils de Marie et de Joseph.

La culture araméenne ne connaît, semble-t-il, pas le terme cousin et le mot frère sert à désigner la parenté proche. Cousin,  « asepios » en grec, ne se trouve qu'une seule fois dans un texte tardif du Nouveau Testament fortement marqué par la culture grecque : Colossiens 4,10.

Plus près de nous, l'italien en 2020 ne connaît pas le nom « petit-fils ». « Nipote » désigne à

la fois le neveu et le petit-fils.

Si le couple de Marie et de Joseph avait eu les nombreux garçons et filles désignés comme

« frères de Jésus », l'attitude de Jésus confiant sa mère à Jean au moment de mourir sur la croix devient invraisemblable. Voir les études de J.M. Maldamé, de P. Grelot, A. Feuillet. Les

positions de l'américain John-Paul Meir, catholique, et du Suisse Daniel Marguerat, protestant, ne s'imposent pas).

5° Joseph et la religion populaire. Très populaire en orient comme en occident, la personne de Joseph occupe une place unique dans la dévotion du peuple chrétien. De tout temps on a eu recours à lui dans les situations les plus diverses. Ainsi, il devient patron de la bonne mort, protecteur de la famille et des enfants, des éducateurs, on a même recours à lui pour la gestion de certaines affaires ou situations difficiles, depuis peu de temps il est invoqué comme patron et modèle des travailleurs, le mois de mars lui est traditionnellement consacré et le premier mai, fête du Travail, il reçoit le titre de Saint-Joseph travailleur, une longue litanie en fait un efficace protecteur ; on ne compte plus le nombre de paroisses et d'églises qui portent son nom, ainsi que les congrégations masculines ou féminines qui le prennent pour guide et modèle, moins qu'à d'autres époques peut-être, mais aujourd'hui encore il est un prénom courant donné aux enfants... etc. Il est ce qu'il est convenu d'appeler un saint populaire proche des plus petits, admiré des grands, aimé et invoqué pour son humilité et sa présence discrète, rassurante et efficace dans moments difficiles.

Conclusion :

Oraison de la fête de Saint-Joseph : « Dieu Tout-puissant, à l'aube dès temps nouveaux, tu as confié à saint Joseph la garde des mystères du salut ; accorde maintenant à ton Église, toujours soutenue par sa prière de veiller sur leur achèvement... »

Oraison de saint Joseph travailleur, 1^er mai : « Dieu, créateur de l'univers, tu veux que l'homme, par son travail, te rendre gloire en continuant ton œuvre ; permets, en ta bonté, qu'à l'exemple de saint Joseph et sous sa protection, nous accomplissions les tâches que tu nous donnes et recevions la joie promise au bon serviteur... »