Réunis par la table eucharistique, nous communions à la personne même du Christ pour en être ses témoins. Nous devons des envoyés christiques

Publié le par Michel Durand

image projetée sur les écrans de l'église Saint-Alban à Lyon 8

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- Prescriptions concernant le repas pascal (Ex 12, 1-8.11-14)

- Ps 115 (116b) La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ

- « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)

- « Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)

 

Homélie

Impossible, me semble-t-il, de vivre cette eucharistie dans l’oublie de la guerre qui est subie pas très loin de chez nous, dans l’Est de l’Europe, ou plus loin, en Éthiopie, au Mali, Burkina Fasso, Niger… etc.

Que faire, alors que nous observons et subissons diverses crises locales et mondiales ?

S’immerger entièrement dans le vécu de l’enfant de Nazareth, ce n’est pas oublier le réel, mais se donner les moyens de le rejoindre.

Faut-il expliquer les textes que nous venons d’entendre ?

On vous dira « Servants de notre Dieu ». 1re lecture

À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père. 2de lecture

Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Évangile

Nous les connaissons bien, ces récits bibliques. Ils indiquent le don que Dieu fait de lui-même pour nourrir son peuple, c’est-à-dire toute l’humanité. De la tradition de populations nomades, le sacrifice d’un agneau qui ritualise la libération dans la sortie d’Égypte, jusqu’au service que Jésus offre à ses disciples, le don de lui-même, c’est toujours l’Alliance de Dieu avec les hommes, les humains (hommes et femmes), qui est vécue pour que ceux-ci possèdent la plénitude du bonheur.

Ces textes que nous connaissons bien sont simples à comprendre, ils parlent d’eux-mêmes. En effet, comment ne pas saisir que, celui qui veut être le premier, doit devenir le serviteur de tous. Je viens, liturgiquement, de rendre visible cette mise au service d’autrui en refaisant le geste du Christ lavant les pieds de ses apôtres. Dans une autre culture, culture coloniale, il y aurait peut-être eu le geste, de celui qui cire les chaussures des passants. C’est le pauvre, le petit cireur de chaussures, l’invisible du quartier pauvre qui est honoré lorsque le Seigneur Maître du monde se baisse à ses pieds pour embellir sa tenue et lui donner ainsi plus de dignité. Cela aurait pu aussi être le baiser à un lépreux, comme le fit Saint François ou les soins que l’on donne à une personne gravement malade. Pensons à Ernesto Che Guevara travaillant dans une léproserie au cours de son voyage initiatique en Amérique du Sud tel qu’il nous en parle dans ses « carnets de voyage ».

« Que vous fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous ! »

Voilà l’enseignement que Jésus donne avec cet événement du jeudi-saint. ! Il ne nous demande pas de refaire littéralement le même geste, mais de nous imprégner du sens de celui-ci. À savoir : rendons-nous service mutuellement, car, même sans bien nous connaître, tout en étant étranger l’un pour l’autre, nous sommes frères, sœurs. Ayons du respect pour autrui, notamment pour celui qui est plus petit que nous. La preuve de cette reconnaissance serviable et respectueuse d’autrui réside dans le fait que la paix agit avec force dès le moment où le plus puissant, au lieu d’augmenter sa puissance, se met respectueusement au service des plus faibles.

Hélas, ce que nous observons à proximité de certaines frontières montre qu’il n’en est pas ainsi.

Réunis comme ce soir dans cette église, nous sommes servis, unis par le Christ et nourris par lui. Va-t-on garder pour nous seuls les biens reçus ? Non. Comme le Christ fut, pendant sa vie terrestre, un exemple d’amour pour tous, nous sommes tous, à notre tour, en son nom, signe d’amour, nourriture à l’égard de nos voisins et voisines. Nous manifestons pour tous, la volonté divine d’un bonheur infini offert à tous. Les théologiens parlent alors de l’Église comme sacrement universel de salut. C’est en ce sens que l’on dit que l’Église est catholique. Universelle. Ni droite ni gauche, politiquement parlant.

Une telle réalité sacramentelle et missionnaire ne sera pas si l’on reste isolé en nous-mêmes. Rien ne se produit tout seul. Ce n’est qu’en étant intimement liés à Jésus-Christ que nous pouvons transmettre son amour. Ce n’est qu’en étant transformés par le ressuscité, converti par lui, que nous pouvons éclairer le monde de la lumière divine. Soyons disciples du Christ Jésus. Le suivre.

Réunis autour de la table eucharistique, nous communions à la personne même du Christ pour en devenir ses témoins. L’aliment spirituel que nous prenons – le corps et le sang eucharistique- nous convertit pour que nous devenions ses témoins.

Améliorons-nous, convertissons-nous, soyons bien présents au cœur du monde pour que celui-ci, à notre contact, par le témoigne de chaque membre de l’Église, devienne meilleur. Conscient du don que nous recevons, sachons, dans la communion au Christ, devenir les uns pour les autres une nourriture délicieuse et une boisson agréable.

Toute cette méditation nous rappelle que, pour être lumière du monde, pour être signe de l’Amour Absolu offert absolument à tous, recevoir le corps et le sang du Christ est vitale.

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