Il est opportun, pour ne pas sombrer dans l’oubli d’évoquer le vécu et l’engagement missionnaire des pradosiens qui ont marqué la société et l’Église
Source de la photo - à lire la brève biographie
Les responsables du Prado organisent dés maintenant des rencontres pour préparer un évènement concernant le Père Alfred Ancel. il s’agit de marquer l’anniversaire de sa mort : 11 septembre 1984. En 2024 ce sera donc le 40e anniversaire.
Je me sens invité à relire l’ouvrage qu’Olivier de Berranger a rédigé en 1985-86, au cours d’une année pradosienne internationale de formation. C’est au cours de cette année qu’avec les autres prêtres du Prado de cette formation, j’ai renouvelé mon engagement pradosien.
Le livre d’Olivier de Berranger, Alfred Ancel, Un homme pour l’Évangile a été publié en avril 1988, chez Le Centurion. 495 pages.
Évoquer Alfred Ancel en 2024 demande donc que l’on prenne du temps pour mieux le connaitre. Se rappeler de tous ces écrits. Relire les grandes lignes de sa mission. Dans la préface de ce livre, Albert Decourtray, cardinal archevêque de Lyon écrit : « Voici donc une biographie de celui qui fut l'une des personnalités religieuses les plus marquantes de ce temps. Pendant un demi-siècle, comme supérieur général du Prado, comme évêque auxiliaire de Lyon, comme père du concile Vatican II, comme membre de la conférence épiscopale de France, Alfred Ancel a joué un tel rôle dans tant de domaines que l'histoire de cet homme exceptionnel devient une contribution importante à l'histoire de l’Église de France et, sous certains aspects, de l'Église tout entière. Il faut donc savoir gré à Olivier de Berranger, prêtre et du Prado, d'avoir mener à bien un tel travail. »
Certains disent que cet ouvrage fut rédigé trop rapidement sans que toutes les conditions pour de bonnes recherches soient réunies. Olivier, si mon souvenir est exact, fut aidé par une religieuse du Prado notamment dans la saisie de certaines pages. Elle pouvait aussi donner des indications biographiques. Mais il fallait faire vite, les disponibilités d’Oliver ne dépassant pas l’année 1986. L’objectif principal était, à cette époque, de rassembler le plus d’informations possible, pour que les historiens aient de la « matière » pour des recherches ultérieures approfondies. Il importait de faire le maximum possible avec les personnes compétentes disponibles en cet instant pour éviter que le Père Ancel ne soit oublié.
Aujourd’hui, 34 ans après, l’évêque auxiliaire de Lyon, supérieur du Prado considéré comme le second fondateur de l’Institut, est-il encore évoqué dans les réflexions pastorale, missionnaire… ?
Christian Delorme évoquera sa prise de position en faveur des chrétiens dans la guerre d’Algérie au cours d’une conférence : « Lyon, octobre 1958, L’affaire du Prado ». Ce sera le 13 mai 2022 à 20 h au Prado, 9 rue Père Chevrier, LYON 7.
Je reviens à la biographie.
Dans la première partie, intitulée le temps des germinations, Olivier de Berranger évoque l’enfance, le terreau familial. Nous sentons que la famille est très tournée vers le respect du Pape de Rome. Plus sensible au respect de l’Institution ecclésiale qu’à l’écoute d’idées venant du courant concernant le christianisme social. Avec le chapitre 3, nous entrons dans la formation au séminaire français à Rome. Je regrette que, dans cette évocation des études en vue de la prêtrise, il ne soit pas largement indiqué ce qui était enseigné à l’université pontificale grégorienne tenue par les jésuites. Quelle philosophie, quelle théologie était enseignée ? Pratiquée ?
Olivier entre directement dans les questions brulantes de l’époque : le modernisme, l’action française. Il écrit page 37 :« Au sortir de la guerre, où il a manifesté ses aptitudes foncières pour l'action, Alfred Ancel se voit invité à mettre ses énergies au service d'une autre sorte de combat. Le jeune homme entre dans la lice en chevalier de la foi, prêt-à-lutter contre les erreurs modernes naguère fustigées par le Syllabus (catalogue de 80 propositions condamnées en 1864 par Pie IX, ou celles, plus corrosives encore parce qu’internes à l'Église, dénoncée par l'encyclique Pascendi. » Je pense que pour mieux comprendre ce climat, il aurait été profitable d’avoir des informations sur le contenu des enseignements dans les années 1920. Le dogmatisme des théologiens thomistes était-il, à l’université pontificale grégorienne, ébranlé par les recherches et les philosophies du moment ?
Aujourd’hui, le regard sur les conséquences libérales issues des réflexions du siècle des Lumières donne plus à penser que dans le passé. Libertariens de droite ou de gauche. Progressisme sans limites. Économisme sans frontière… Autant de secteurs qui ouvrent de nouvelles pistes de réflexion que nous aurions peut-être raison d’approfondir davantage en les comparant avec ce qui se pratiquait dans les débuts du XX siècle. Je dis cela en pensant aux jeunes prêtres et séminaristes dont on peut imaginer leur attachement à la pensée d’Éric Zemmour. Il conviendrait d’ouvrir le chapitre des élections présentes qui signalent le nombre important de catholiques se situant dans les camps de la droite politique.
Comment Alfred Ancel se positionnait dans le climat de l’Action française, de l’influence de Maurras ? Olivier de Berranger indique que le jeune séminariste tournait son regard vers les Évangiles. Je cite page 44: un homme pour l’Évangile : « En lisant deux mois d'Action française (juillet-août 1923), je n'ai pas trouvé un seul endroit où l'on parle du Christ. On parle d'Église, de religion, de Dieu, pas du Christ ». Ne dirions-nous la même chose aujourd’hui ?
Assurément, on parle du Christ, du ressuscité. Il serait bon, malgré tout, d’entendre comment on en parle. Je suggère là une piste de révision de vie. Par exemple, comment est-il possible de se dire catholique (universelle), chrétien et en même temps, refuser de donner une place aux migrants, exilés par détresse ?