Il ne faut pas simplement s’engager dans des gestes charitables mais aussi s’engager politiquement car les institutions sont importantes
Alors que je prépare cette récollection proposée à des chrétiens au Centre spirituel du Prado, Maison Saint-André à Limonest, j’ai rédigée cette page qui me servira, peut-être, d’introduction à la Journée du 13 novembre.
Comme nous le disait, Gilbert Clavel à la rencontre/conférence du mardi du Prado, le 11 octobre 2022, François de Rome est notre influenceur. Il dit plein de choses qui nous concernent dans notre désir, notre appel, notre vocation à vivre en Eglise.
Nous invitant venir l’entendre à ce mardi, Gilbert Clavel écrivait : « nos communautés, très centrées sur l’offre sacramentelle, peinent à se mobiliser autour du témoignage de la Bonne Nouvelle. D’autre part, notre institution, figée dans un fonctionnement hérité du passé, tarde à conduire les transformations nécessaires pour retrouver dynamisme, crédibilité et attractivité. Nous proposons d’ouvrir quelques pistes de réflexion visant à modifier l’agir ecclésial : Revisiter un parcours de foi articulé à un projet communautaire ; repenser l’appel aux ministères et aux services en fonction des besoins des églises et en s’appuyant sur toutes les ressources humaines ; réorganiser le fonctionnement de l’Eglise en mettant la synodalité au cœur de la gouvernance ; promouvoir une morale ouverte et inventive à l’écoute de l’Esprit ; renouveler le langage pour favoriser l’annonce évangélique ».
Favoriser l’annonce de l’Évangile !
Pour cela, il nous semble que nous devons être davantage présents aux gens qui vivent près de nous. Fançois parle même très souvent d’aller aux périphéries. C’est-à-dire de sortir de nos lieux habituels, de nos habitudes pour rencontrer, se rendre proches de celles et ceux qui sont loin de l’Église, de l’Évangiles.
Aller aux périphéries ? Mais il y a aussi, celles et ceux qui sont nos voisins de pallier. Comment les connaissons-nous ? N’ont-ils qu’indifférence vis-à-vis de Jésus-Christ ou sont-ils des saints ?
Jaime beaucoup cette expression de François : les saints « de la porte d’à côté » ! C’était place Saint-Pierre, avant l’angelus, le 1er novembre 2015.
Les saints « sont des exemples à imiter », dit-il. « Mais attention : pas seulement les saints qui ont été canonisés, mais ceux aussi, pour ainsi dire, « de la porte d’à côté », qui se sont efforcés, avec la grâce de Dieu, d’appliquer l’Évangile dans leur vie normale de tous les jours. Des saints comme ça, on en a rencontré nous aussi ; peut-être en avons-nous eu un dans notre famille, ou bien parmi nos amis et connaissances. Nous devons leur être reconnaissants, mais surtout être reconnaissants à Dieu qui nous les a donnés, qui les a mis près de nous, comme des exemples vivants et contagieux d’une manière de vivre et de mourir, fidèles au Seigneur Jésus et à son Évangile. »
« Combien de personnes avons-nous connues et connaissons-nous qui sont de braves personnes, et nous font dire : « Mais cette personne est un saint ! », cela nous vient tout naturellement. Ces saints sont les saints de la porte d’à côté, ceux qui ne sont pas canonisés mais vivent avec nous ».
Il a ajouté cette invitation aux gestes quotidiens d’amour : « Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde est un peu comme perpétuer leur présence sur cette terre. Et en effet, ces gestes évangéliques sont les seuls qui résistent à la destruction de la mort : un geste de tendresse, une aide généreuse, un moment passé à écouter, une visite, une bonne parole, un sourire… À nos yeux ces gestes peuvent sembler insignifiants, mais aux yeux de Dieu ils sont éternels, car l’amour et la compassion sont plus forts que la mort. »
Des saints à imiter, des gens à aimer pour que l’Amour de Dieu se développe parmi nous, voilà le programme de toute une vie. L’axe de notre méditation en ce jour.
Et nous souhaitons concentrer notre regard, dans la ligne tracée par Antoine Chevrier sur ceux et celles qui sont loin, comme l’écrit la charte de la fraternité des diacres du Prado :
« Le Prado est une grâce accordée par l’Esprit Saint à l’Eglise en la personne d’Antoine Chevrier, en vue de “l’évangélisation des pauvres, des ignorants et des pécheurs” ».
C’est avec ce souci : penser aux ignorants, aux pécheurs, aux pauvres, pauvres en bien matériels, mais aussi pauvres en biens spirituels, affectifs, psychologiques.. que nous avons pensé à cette journée : Quelle présence aux réalités du monde, à moi-même, aux autres, à Dieu ? Et de suite, nous est venue à l’esprit la nécessité de lire l’encyclique du pape François : Fratelli Tutti. Tous frères.
De nombreuses personnes le disent (je me mets à l’écoute de ce qui se dit dans certains milieux catholiques) : « cette encyclique est dérangeante ». Elle dérange principalement ceux (celles) qui semblent ne pas pouvoir (ou vouloir) partager leurs richesses, leurs habitudes. Voici un avis lu sur internet : « Son contenu m’a réellement dérangé. J’y ai lu des critiques en règles de la propriété privée, des frontières, de la lutte contre l’immigration, de la nation. J’y ai surpris des lubies ou des naïvetés qui me paraissent extrêmement dangereuses pour un dirigeant d’envergure mondiale concernant la fraternité mondiale ou le pacifisme de l’Islam ». Nous n’allons pas débattre de cela. Je le dis seulement pour remettre en mémoire ce que, éventuellement, nous entendons contre l’engagement de l’Église en dialogue avec l’Islam. Rappelons-nous que François d’Assise « alla voir le Sultan en pleine croisades, alors que les musulmans avaient rasé Jérusalem et faisaient une guerre conquérante (et victorieuse) aux courageux soldats chrétiens qui cherchaient à les contenir. Ce petit moinillon de rien du tout, en guenilles, qui fait la manche et parle aux oiseaux ? Un illuminé, tout au plus. Or c’est pourtant bien lui que le Pape de l’époque lui-même a vu dans un rêve comme le rempart contre l’effondrement de Rome » (de l’Église).
Comme François d’Assise, invité par François de Rome, pratiquons le dialogue fraternel. Vivons le en vérité. Reconnaissons combien il est difficile quand nous vivons des guerres fratricides - l’actualité est terrible -, mais agissons pour montrer que la fraternité devrait être une élément marquent des années à venir. Faisons de toute personne rencontrée un frère, une sœur. Sachons en tirer les conséquences quoiqu’il en coûte.
Marcel Remon, jésuite, directeur du Centre de Recherche et d’Action Sociale (CERAS), présente xxxx appels aux chrétiens en indiquant que cette encyclique Fratelli Tutti est beaucoup plus que Laudato si.
Fratelli tutti indique nettement les lieux dans lesquels les chrétiens doivent s’engager.
1 - accueil des migrants, sortir de paroles conformistes à propos de la question migratoire
2 - respect de la planète, conversion écologique pour plus d’ouverture au monde tel qu’il est
3 - diminution des inégalités qui s’accroissent,
4 - aborder les questions sociétales comme l’avortement ou la montée du populisme.
5 - écouter le monde et repèrer les endroits où il y a des souffrances.
François de Rome dit aux chrétiens : « il ne faut pas simplement vous engager dans des gestes charitables et personnalisés mais il faut aussi s’engager politiquement car les institutions sont importantes ».
Ou encore : « Même le bon Samaritain a eu besoin de l’existence d’une auberge qui lui a permis de résoudre ce que, tout seul, en ce moment-là, il n’était pas en mesure d’assurer. L’amour du prochain est réaliste et ne dilapide rien qui soit nécessaire pour changer le cours de l’histoire en faveur des pauvres. » [ 165 ]
Voir ici le texte du CCFD-Terre solidaire.