Dieu ne nous ignore pas et maintient en permanence sa création. Il conduit avec sagesse & amour toutes les créatures jusqu’à leur fin ultime

Publié le par Michel Durand

BASA 2015 Autour du thème « Demain », Lumière de conscience, par Sophie Berard. Betty Garcia

BASA 2015 Autour du thème « Demain », Lumière de conscience, par Sophie Berard. Betty Garcia

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Présence à soi-même et aussi présence à Dieu

Peut-on séparer les deux ?

C’est une présence qui passe par le Fils de Dieu Jésus. Effectivement, nous sommes à la suite de Jésus qui est sans cesse présent à son Père. Jésus est un Fils modèle.

J’aborde la question de la présence à Dieu en reprenant dans un premier temps une étude d’Évangile sur la prière de Jésus chez Luc et en m’appuyant sur Fratelli Tutti pour un deuxième temps.

 

1- En regardant l’évangile selon Luc

La prière précède bien souvent la mission.

L'insistance de Luc sur la prière de Jésus, que nous venons de découvrir, montre combien celle-ci est l'attitude fondamentale du Fils de Dieu. Nous illustrerons cette constatation en montrant que Jésus prie à tous les moments importants de sa mission ; plus exactement, avant chaque moment important. 

 

1 Il en est ainsi au début de la vie publique.

Jésus prend, en quelque sorte, la relève de Jean le baptiste. Il se fait baptiser par lui, prie, reçoit l'Esprit-Saint et se retire dans le désert (3, 21-22 ; 4, 1-13)… autant d'actes à caractère religieux qui vont précéder la vie active.

2 Quand le moment est venu de choisir les Douze Apôtres parmi les disciples, Jésus se retire dans la campagne pour passer la nuit à prier (6, 12). L'intensité devinée de la relation à Dieu, la durée de ce contact souligne l'importance du choix des Douze. La prière ne pouvait que devancer l'application d'une décision qui bouleversera la vie ; se donner des collaborateurs apporte nécessairement un changement dans la mission ; du temps sera désormais nécessaire pour veiller à leur formation. 

3 L'hostilité grandit autour de Jésus.

Il n'est pas facile de vivre. Le dernier tournant doit se prendre d'une façon décisive. Comment les apôtres vont-ils réagir à l'annonce de la mort du Messie ?

Pour se préparer à vivre les événements futurs, Jésus, accompagné cette fois de Pierre, Jacques et Jean, monta sur la montagne pour prier (9, 28). La manifestation de Dieu qui traverse cette prière, nous reporte au début de la vie publique. Les deux grands changements dans la mission de Jésus sont en effet accompagnés de théophanies (3, 21 ; 9, 29). Vue l'importance du moment, Dieu-Père veut, avec plus d'éclat que de coutume, se manifester à ses fils en prière. La prière est alors le lieu de la révélation de la volonté divine. C'est dans l'attitude de la foi de l'orant que la Parole est entendue. 

4 La dernière prière à souligner est celle qui précède la mort (22, 41ss). Son intensité est notable. Jésus ne pouvait pas aborder les derniers instants de sa vie sans se plonger dans un face à face spirituel avec le Père. Mais, (j’imagine) puisqu’il est homme, il ne peut voir directement le Très-Haut ; c'est un ange qui se manifeste à lui. Bientôt, à la suite de ce combat, sa gloire divine sera révélée.

Les quatre moments les plus importants de la mission de Jésus sont donc précédés par la prière. Cela ne veut pas dire qu'entre temps, il ne prie pas. Le verset 16, du chapitre 5 : « Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait », présente la prière comme une habitude chez Jésus. Tout cela montre que rien, dans la vie du Fils n'est décidé sans avoir pris le temps de prier, de penser, de réfléchir à la volonté de Dieu. Nous le voyons très clairement pour les moments essentiels de la mission de Jésus, nous pouvons le penser pour tous les autres moments. 

5 Demeure également la prière spontanée. Il ne faudrait pas, bien sûr, rendre rigide l’affirmation d’une prière dans les situations graves et dire que Jésus ne priait qu'avant d'agir, comme s'il ne revenait jamais sur le travail accompli. Au niveau du quotidien, les choses s'imbriquent tellement les unes dans les autres qu'une telle attitude est impossible. Au moins une fois dans l'Evangile de Saint Luc, nous voyons Jésus louer le Seigneur d'une façon spontanée, sans s'être préparé à la prière en se retirant au désert ou sur la montagne.

Les soixante-douze disciples reviennent de mission. Ils sont dans la joie de voir tout ce que l'Éternel a pu faire pour eux. Alors Jésus, spontanément, à l'instant même, exulta, manifesta sa joie sous l'action de l'Esprit-Saint. Il loua à son tour le Seigneur (10, 21).

 

2 - Avec Fratelli tutti

Retrouver la bienveillance

Il me semble important d’appuyer le mot : « retrouver ». Nous proclamons que Dieu est « miséricorde » ; mais, en même temps, nous observons plein de drames sur la terre et dans l’humanité. Puisque Dieu est bon comment tant de catastrophes naturelles, tant de destructions humaines peuvent-elles exister ? Il y a de quoi désespérer.

J’aborde le n° 54 avec cette question et je n’ai pas de réponse, sinon celle de notre liberté et de l’autonomie des réalités terrestres, cosmiques. Dieu créateur n’agit pas comme si sa création était une marionnette. Il ne nous manipule pas.

Demeure que notre foi en un Dieu bon est sans cesse interrogée.

Ceci dit, reconnaissons que Dieu ne nous ignore pas. Il a créé toute chose et maintient en permanence sa création. Nous parlons de Providence. Selon le Catéchisme de l’Église catholique (CEC), le mot « Providence » désigne « les dispositions par lesquelles Dieu conduit avec sagesse et amour toutes les créatures jusqu’à leur fin ultime » (CEC, 302), c’est-à-dire, pour les hommes, leur union à Dieu. « Dieu continue à répandre des semences de bien dans l’humanité ».

François (n° 54) nous invite à reconnaître dans tous gestes bons, bienveillants, la marque de la bonté fondamentale de Dieu. Ayant séjourné quelque temps à l’hôpital pour divers problème de santé, je témoigne que la bienveillance du personnel médical, à tous les niveaux, est remarquable. Dans la bonté des personnes, nous lisons, nous rencontrons la présence d’un Dieu bon, bienveillant, un Dieu qui existe, même si l’on se déclare sans Dieu.

Avec Christophe Theobald je dis : « tout est don, nous ne sommes que les hôtes de cette terre ». Il y a une gratitude à vivre et à transmettre aux générations futures. Par cela, il importe « de se limiter et d’entrer dans une vie du frugalité ». Il importe de recevoir avec grande gratitude le bien, le bon qui arrive. Reconnaitre les gestes bienveillants et rendre grâce. Remercier. Si nous avons plutôt un esprit de râleur, cette attitude fondamentale n’est pas facile à entretenir. Il est alors question de se convertir pour s’ouvrir à l’espérance. Lisons le n° 55.

L’espérance est audace. On la trouve dans la contemplation. Le temps que l’on passe à se déposséder de son esprit pour revêtir l’Eprit de Dieu. C’est ce que j’appelle la dimension mystique de l’existence. J’en ai parlé ce matin dans le § présence à moi-même. Par mystique j’entends l’adhésion à une réalité surnaturelle, une transcendance non compréhensible qui donne la force d’aller en avant sur le chemin choisi.

Cette force interne combat l’individualisme ambiant, néolibéral, consumériste et donne la force d’aimer. Nous rencontrons la valeur unique de l’amour n° 91ss. Être présent à l’amour/charité rencontré c’est être présent à Dieu. Nous créons alors « un dynamisme d’ouverture et d’union avec les autres ». Je pense au texte, les saints de la porte d’à-côté sont à imiter (p.9).

Avec amour il y a rencontre de l’autre sans rien imposer. Le croyant catholique qui veut imposer dogmatiquement sa vérité, ce qu’il croit, ses convictions, en manifestant dans la rue avec des pancartes accusatrices, n’est pas en présence de Dieu.

Agir maintenant en tenant compte de la présence de Dieu diffusant sa bonté d’une façon permanente, c’est voir en l’autre un être qui m’est « cher », c’est reconnaître qu’il est estimé d’un grand prix. Autrui a pour moi une très grande valeur. Respect absolu.

C’est dans cette ligne que je vois l’accueil de tout migrants. La richesse du pays qui reçoit l’exilé, aux yeux de Dieu doit contribuer à sortir de la misère n° 123 : en présence de Dieu (providence) subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre.

 

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