Ne sachant vraiment comment prier, je me glisse dans les psaumes. Je demande (c’est une action) que Dieu vienne en moi accomplir sa volonté

Publié le par Michel Durand

il n'est pas nécessaire de se retirer dans un lointain désert, le calme de sa chambre suffit

il n'est pas nécessaire de se retirer dans un lointain désert, le calme de sa chambre suffit

Quelles présence à moi-même ?

C’est la question que nous devions « étudier » le dimanche 13 novembre au cours de la récollection au centre spirituel Saint-André au Prado. Voir la page précédente.

Voilà ce que j’ai dit :

En 2008 Robert Beauvery, exégète, prêtre du Prado, m’a demandé un texte pour préfacer son étude sur l'Office des heures du jour - prière du temps présent  -« la liturgie des Heures » ; autrefois appelé « bréviaire » parce que prière plus brève que celle des moines. Invitation à prier, chanter avec les psaumes.

Je reprends l’essentiel de ce que j’ai écrit à cette époque. C’est un témoignage sur ma prière qui, de fait, est autant une présence à moi-même, qu’une présence à Dieu. La prière des psaumes qui ponctuent les diverses heures du jour m'est devenue indispensable, vitale. Il s'avère que je ne peux commencer une journée sans ce temps de pause où les forces physiques, mentales, morales et spirituelles se ressaisissent et sortent de l'engourdissement du sommeil.

Pendant une journée libre ou pendant un long temps de vacances, je suis heureux de pouvoir répartir cette prière tout au long du jour. Matin (laudes et office des lectures). Soirée (vêpres). Et, nuit, office des « complies » juste avant de dormir. Je note qu’aujourd’hui, temps de retraite, tous les jours sont comme des vacances. Je ne parle pas des eucharisties qui sont vécues avec une assemblée dans une église.

En temps ordinaire donc, quand il n’y a pas d’imprévu, je concentre ce temps d’oraison en deux temps, le matin, avant toutes tâches, le soir avant les 20 heures. Plus complies avant de dormir.

Le matin, parfois le courage me manque et aussi la possibilité, j'aime bien ne rien faire d’autre que de méditer durant au moins une heure, une durée vraiment priante. Minutes données à la méditation, à la contemplation, à la supplication, à l’action de grâce. Temps libre voué à la prière. Chacun de ces mots possède sa spécificité.

Je me sens bien, pacifié, heureux.

Mais, n'est-ce pas qu'une impression psychologique ? Un ressenti qui relève de l'habitude, du conditionnement, dont l'absence créerait un vide, un manque ? Comme un manque de drogue ? Illusion donc, et non réalité. Je ne sais. Mais je me permets la question tout en gardant concrètement la réalité de ce temps priant.

Ce flou souligne bien évidemment la pauvreté et la petitesse de ma prière. Je me dis que je ne sais pas prier. Ou, ma supplication et action de grâce, fortement égocentrée, n'est qu'un besoin physiologique, un apaisement psychique. Bref, le questionnement que j’entretiens ne supprime pas que je puisse tenir à la réalité de ce temps priant.

Il est en fait, je pense, abandon.

« Vois, Seigneur, ma pauvre prière ! ».

Que dire de plus ?

« Tu guéris l'aveugle né… »

 

Lumière sur le monde

Que nous chantions pour ton retour ».

« Béni soit au nom du Seigneur
Celui qui vient sauver son peuple ».

 

Abandon. Abandon actif comme le repos est une action.

 

Ne sachant vraiment comment prier, je me glisse dans les psaumes. Je demande (demander est une action) que Dieu vienne en moi accomplir sa volonté. Que le ressuscité me donne les mots de l'adoration et de la supplication. Tel un vase vide je me dispose à être rempli.

« Viens prier avec moi, Seigneur Jésus ; sois ma prière. »

Constatant ma pauvreté - et, là, je pense ne pas être dans le pur psychologique -, je conçois que ce temps offert, ce temps parfois (souvent) vide est celui où Dieu me façonne.

C'est donc dans cet état d'esprit que j'aborde la lecture du texte de Robert Beauvery : « l'office divin, les écritures, le Saint-Esprit », une disponibilité qui montre que tout mon être est offert à Dieu.

« Pour être vraiment ajusté à l'Office divin, écrit Robert, nous avons besoin de sortir de nous-mêmes, de notre univers, de nous mettre en chemin pour rejoindre le Christ, le grand Liturge céleste de la prière, de son corps qui est l'Église et le Saint-Esprit, l'animateur, prière adressée au Père en faveur de tous les membres de ce Corps et, aussi, de tous les membres de la famille humaine ».

Il ne me suffira pas de lire ces pages de l’Office du temps présent ; il me faudra, en de longues heures de désert, vivre avec et les ruminer longuement.

Autrement dit, je vois dans la liturgie des heures, l'Office divin dans la vie de l'Église, l'occasion de me laisser modeler, avec notamment la prière des psaumes, par les sept dons de l’Esprit. Don de sagesse, d’intelligence, de science, de force, de conseil, de pisé, de crainte.

Dieu est Sagesse. L'homme aussi est sagesse. Mais la distance entre ces deux sagesses est infinie. Comment se rapprocher de la Sage Beauté divine sans se laisser transformer par le Christ qui envoie en nous l'Esprit pour, ensemble, dire Père ? Être comme un vase vide que l’on maintient ouvert pour qu’il soit rempli.

 

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