Confesser la résurrection de la chair, c’est croire que nos relations ordinaires sont recueillies entre les mains de Dieu et transformées par Christ

Publié le par Michel Durand

La Résurrection – 1460 – Piero della Francesca

La Résurrection – 1460 – Piero della Francesca

Source de l'illustration

 

Depuis quelque jours je réfléchis intensément sur la résurrection. Je me découvre incapable d’en dire quelques mots. Qu’est-ce que la résurrection ? En quoi consiste-t-elle ?

Je crois en l’Esprit-Saint,… à la résurrection de la chair, à la vie éternelle (Symbole des apôtres).

J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir (Symbole de Nicée-Constantinople).

Rm 8, 11 : Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

Jn 8, 23-27 : Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »

Je peux multiplier les citations. La question demeure : c’est quoi la résurrection ?

Jn 6,46-47 : Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.

Mais qu’est-ce que vie éternelle ?

Jn 10, 27-30 : Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

Jn 17, 1-3 : Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ ».

Méditant, priant avec tous ces versets, je ne vois qu’une réponse à mon interrogation. D’explication compréhensible à l’intelligence humaine, il n’y en a pas. Seule demeure l’acte de foi. Croire en la résurrection au lieu de savoir ce qu’est la résurrection. Méditation silencieuse.

Dans ma recherche, je trouve un article publié dans le quotidien La Croix

 

Notre corps est appelé à la résurrection

Il est une affirmation de la foi bien mystérieuse pour nous tous qui sommes destinés à mourir, c’est la résurrection de la chair. Qu’est-ce que cela veut dire? Les explications d’Anne Lécu, dominicaine, médecin.

 

En confessant la résurrection de la chair, nous confessons que notre corps de chair est destiné à devenir un corps glorieux. C’est une affirmation très belle et très énigmatique. Qu’est-ce que le corps ? La plupart de ceux qui ont tenté de résoudre cette énigme se sont cassé quelques dents. Autant dire que nous n’allons pas répondre à la question.

Le corps que j’ai, le corps que je suis

Le corps est la condition de notre finitude, ici et maintenant, et même si nous pouvons voyager virtuellement et parler via Skype à des amis au bout du monde, il reste que si c’est l’hiver chez moi, j’ai froid quand je sors dans la rue ! Le corps est – au moins – double. Il est d’abord le corps que j’ai, fait de matière, sang et eau, à tel point qu’il a une vraie dimension d’objectivité bien connue des soignants. De ce point de vue, il appartient à la nature et peut être exploré scientifiquement. Cette objectivation, nécessaire dans le soin, est en même temps toujours une transgression : si vous n’êtes pas infirmier et que vous poursuivez quelqu’un dans la rue pour lui faire une piqûre, vous serez poursuivi pour «coups et blessures volontaires». Car le corps de l’homme est toujours en même temps le corps d’un sujet, le corps que je suis. Un corps vivant, avec une histoire, un style, une démarche, une tonalité dans la voix, bref, une singularité qui dit qui je suis. Toute la difficulté réside dans cette tension qu’il n’est pas possible de résoudre, sauf à tomber dans le délire. Si je ne suis que matière, il est possible de manipuler mon corps, de l’analyser, de l’autopsier. Mais alors, pourquoi la mort est-elle un tel drame existentiel ? Inversement, si je peux faire abstraction de la matière pour n’être qu’un pur sujet, ma condition incarnée, ici et maintenant, importe peu. Je peux être un pur sujet derrière un écran d’ordinateur et télécharger le contenu de mon cerveau sur une machine pour m’éviter la mort. Et pourtant, il va bien falloir manger, boire, dormir. Et surtout être en relation avec d’autres ! Et comment être en relation, sinon par ce corps de chair et de sang, bref ce corps objectif que je suis, aussi ? Ces deux extrêmes se rejoignent. Dans les deux cas, le corps n’est finalement pas grand-chose, ou plutôt, c’est un problème à résoudre. Or, c’est en premier lieu la mort qui nous fait prendre conscience du peu de sérieux des pensées qui ne tiennent pas ensemble ces deux affirmations indissociables : j’ai et je suis mon corps.

Le corps, un monde en soi

La philosophe Hannah Arendt a eu le génie de ne pas penser le corps seulement à partir de la mort, mais aussi à partir de la naissance. Pour elle, en substance, quand un enfant naît, c’est un monde qui naît. En effet, chacun de nous, dans sa singularité, apporte avec son apparition dans le monde une manière toute singulière et spécifique de vivre, d’aimer, d’agir, dans un temps et un lieu singuliers, avec d’autres. Et c’est bien cela la chair, indissociable du réseau de relations qui la constitue. Le nouveau-né n’est pas seulement né, il est «nouveau». Il porte en lui une liberté neuve qui peut changer le monde. Il est l’anti-fatalité par excellence. Ce qui fait dire à la philosophe que «la natalité, par opposition à la mortalité, est sans doute la catégorie centrale de la pensée politique.» La condition incarnée ne serait donc pas une mauvaise nouvelle, mais au contraire une belle, une bonne, une heureuse nouvelle ?

Le Verbe s’est fait chair

C’est ce qu’affirme la Bible. Jean déploie tout son évangile autour de cette affirmation : «Le Verbe s’est fait chair, et il habité parmi (en) nous.» (Jean 1,14). En choisissant la chair de l’homme pour en faire sa maison, Dieu la soulève comme un levain et lui rend ce pour quoi elle est faite : la gloire. Précisons un peu. La gloire, en hébreu, c’est ce qui a du poids, de la densité. Or, tout ce qui dans nos vies a ce poids est lié au corps, sous une modalité particulière, la relation, et donc la parole. Ce qui a du poids, c’est l’affection donnée et reçue, le temps passé pour d’autres, le mot qui relève ou qui pardonne. Voilà le poids de la chair, qui déborde la matérialité du corps.

La chair ressuscitera

Confesser la résurrection de la chair, c’est croire que toutes nos relations ordinaires, heureuses, compliquées parfois, sont non seulement recueillies entre les mains de Dieu, mais plus encore habitées, portées et transformées par Jésus-Christ, dont la vie est pure relation, et en cela totalement glorieuse. Cette promesse n’est pas faite à l’homme seul, mais à toute la création (cf. Romains 8,19). Enfin, cette promesse commence dès maintenant : «La question n’est pas de savoir si l’homme sera vivant après la mort, mais s’il est vivant avant la mort», écrit Maurice Zundel en écho à l’évangile de Jean qui ne cesse de parler de vie éternelle au présent. Chacun de nous, dans sa nouveauté unique, déploie de façon toute singulière le visage de l’amour de Dieu en ce monde.

Croire en la résurrection de la chair, c’est dès maintenant travailler, par nos mots et nos mains, dans cette vie, ce temps, ce monde, à ce que ce visage ne soit pas recouvert par ce qui défigure et tue, mais bien vivant au cœur de toutes nos relations. Quant à ce que cette résurrection signifiera dans l’éternelle présence de Dieu, laissons-le nous en faire la surprise.

Anne Lécu

 

En fait, le mystère de la résurrection demeure. Pour aborder cette réalité, je ne vois rien d’autre que le silence de la méditation.

Comment les morts ressuscitent-ils ?

Ce " comment " dépasse notre imagination et notre entendement ; il n’est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l’Eucharistie, exprime le catéchisme catholique, nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ : De même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l’invocation de Dieu, n’est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux choses, l’une terrestre et l’autre céleste, de même nos corps qui participent à l’eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu’ils ont l’espérance de la résurrection (S. Irénée, hær. 4, 18, 4-5).

 

 

 

 

 

 

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