Que les clercs (et tous) vivent avec les exclus ! Il importe de sortir des querelles idéologiques et de mettre de la fraternité dans les débats.

Publié le par Michel Durand

Que les clercs (et tous) vivent avec les exclus ! Il importe de sortir des querelles idéologiques et de mettre de la fraternité dans les débats.

À propos du livre de Christoph Theobald, Le courage de penser l’avenir, au chapitre X (PDF, fichier ci-dessous), voici ma relecture et le résumé que j’en fais comme soutient à un temps de prière, de méditation et contemplation. Il est bon de se rendre à la page du 20 avril s'exprime un autre membre du petit groupe lisant Le courage de penser l'avenir.

 

Mystique de la fraternité

 

Personnellement j’emploie souvent ce mot « mystique » pour désigner, accompagner une réalité qui n‘est pas encore atteinte mais vers laquelle on tend. Ainsi, j’emploi l’expression « élan mystique » pour signifier la conviction que l’objet de notre désir, qui n’est pas encore atteint, le sera bientôt grâce à la force qui nous habite, grâce à la conviction que la tension vers la Vérité ne peut qu’aboutir positivement.

Liberté et égalité relèvent d’un droit. Un jugement intervient pour rétablir, compenser juridiquement, ce qui est bafoué.

La fraternité n’est qu’un devoir moral invitant au vivre ensemble. N’est-ce pas pour cela que la fraternité est souvent absente de nos relations ?. Elle est une tension vers ce qui nous transcende, une transcendance qui nécessite un « élan mystique », une force, une grâce pour atteindre la réelle fraternité. Celle-ci appartient au domaine de la philosophie politique engendrant des modes de vie. Une théologie séculière.

Dans Evangelii gaudium, Lisons les Numéros 87, 88, 89…

Avec tous, nous cherchons à réaliser un peuple de frères (de sœurs). Nous nous organisons pour promouvoir un style de vie fraternel. Il s’agit de convertir nos modes de vie. C’est un engagement politique. Une utopie ! La mystique de la fraternité est une réalité à atteindre. Théologie de la libération et théologie du peuple en montrent le chemin à suivre. Cette nécessité de se rencontrer concrètement exige que l’on communique au-delà des écrans pour obtenir une authentique communion humaine, sacré et spirituelle. ; ce qui est profondément différent d’un développement personnel individualiste. Les corps chargés de tendresse ont leur importance. C’est par eux que nous entrons en communion avec autrui. Incarnation de la « religiosité populaire ». Et il est question de conduire tous les humains vers Dieu.

Je pense au « vivre avec » des pasteurs. Je pense à Alfred Ancel, évêque ouvrier, travaillant à domicile dans un quartier ouvrier. C’est dans cette situation que l’on peut voir Dieu, Christ en chaque être humain. Chercher le bonheur de l’autre, voir le Créateur dans la créature, le Christ en chaque être humain relève du respect fondamental d’autrui.

Seule une mystique de la fraternité rendra possible une conversion très concrète vers un vivre ensemble quotidien.

L’image que François utilise pour désigner cette nouvelle humanité est l’image du polyèdre où les diverses surfaces s’harmonisent entre elles. Il est question de respecter chaque être dans sa particularité. Respecter, en premier, le plus faible montre l’importance du dialogue sociale. Et nous savons que ce dialogue n’est possible que dans un « vivre avec ». La proximité physique est indispensable. C’est dans ce contexte que je vois tous les prêtres, les évêques engagés à un travail fournissant les moyens de vivre : nourritures, vêtements, logements… À lire : Laudato si’ 49 ; 19 ; 216. Seule une force intérieure donnera vie à ces engagements concrets. Seul un élan mystique permettra que se réalise la fraternité dans la complexe multiplicité. Il n’y a pas uniformité (image de la sphère) et pourtant tous sont en quête du bonheur de l’autre dans l’amour de Dieu.

Avec Evangelii gaudium 119-121 nous percevons l’invitation à sortir vers le frère comme faisant suite au don gratuit de Dieu. Comme Dieu est sorti de lui-même, l’Église est en sortie permanente. Une Église ouverte, à l’écoute du frère, du monde. Seule une Église en dialogue est crédible.

Présence à Dieu, présence au monde donne une grande assurance d’être dans la Vérité.

 

Kérygme

La Parole de Dieu entendue est transmise. Elle est le kérygme exprimé à l’horizontal comme le demande la mystique de la fraternité. Il s’agit de rendre visible l’amour divin autour de soi. Il s’agit d’être branché sur Dieu et de le donner à voir. Agir ainsi est totalement hors dogmatisme. Le témoin, dans son élan mystique, est totalement dans l’anti-dogmatisme.

La réalité du polyèdre, contre celle de la sphère, rend l’autre capable de parler. Nous sommes alors dans la forme synodale : écouter et transmettre en respectant les variétés, les différences. Il importe de mettre en place une reconfiguration missionnaire par une fraternité mystique contemplative. Il importe de vivre une conversion en Église pour être crédible dans la société. Il importe de développer un esprit critique. Agissant dans le monde, il importe de développer un comportement humain qui accepte de se laisser questionner. Il est effectivement question d’entendre les cris qui viennent de la terre, des hommes, de la société.

Cette attitude fondamentale ouvre la théologie et les théologiens vers une vie avec les exclus. Il importe de sortir des querelles idéologiques et de mettre de la fraternité dans les débats. Il importe de prendre le temps de la réflexion laquelle doit se développer dans la fraternité. C’est mettre en place des processus.

E. G. 223 :« Donner la priorité au temps c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces. Le temps ordonne les espaces, les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne en constante croissance, sans chemin de retour. Il s’agit de privilégier les actions qui génèrent les dynamismes nouveaux dans la société et impliquent d’autres personnes et groupes qui les développeront, jusqu’à ce qu’ils fructifient en évènement historiques importants. Sans inquiétude, mais avec des convictions claires et de la ténacité ».

 

Christoph Theobald, X, Mystique de la fraternité - Le courage de penser l'avenir.

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