Collège, synode, concile, dialogue… devient indispensable pour obtenir la connaissance des personnes auxquelles est transmis l’Évangile

Publié le par Michel Durand

Vatican - basilique Saint Pierre
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Vatican - basilique Saint Pierre

 

 

La lecture du chapitre XV du livre de Christoph Theobald, Le courage de penser l’avenir, stimule merveilleusement bien ma réflexion. Je note qu’elle renforce une conviction que j’ai, me semble-t-il, constamment privilégiée : l’existence n’est pas l’obéissance à un ordre reçu mais la mise en œuvre spontanée de convictions qui viennent de l’intériorité. La sagesse de Dieu n’est pas à trouver loin de soi ; elle est en soi. L’intériorité ! Dieu est en soi. Saint-Augustin :

« Bien tard, je t’ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t’ai aimée. Et voici que tu étais au-dedans, et moi au dehors (…) Tu étais avec moi et moi, je n’étais pas avec toi (…) Tu as appelé, tu as crié et tu as mis fin à ma surdité. » (Les confessions, 10, 27, 38)

Suivre cette vie intérieure d’attachement à Dieu, consiste à développer dans le monde ce qui est immédiatement juste et vrai. Branchée sur Dieu l’existence humaine se réalise comme dans une harmonieuse chorégraphie, harmonieuse quoique hardie et risquée.

Hélas, l’humanité ne vit pas ainsi. L’utopie en montre la direction.

C’est là que je vois toute la force de l’Évangile, toute la Sagesse de Dieu. Dieu n’est pas l’inconnu car il se montre dans son Verbe devenu chair de notre chair ; Christ.

« À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes » (He 1, 1-2).

Dieu est avec nous, en nous. Voilà le message que nous avons à transmettre : vivre, donner toute la Bonne Nouvelle ! La montrer. Seule l’Évangile importe. À nous, les disciples, de bien regarder, observer, analyser, discerner… si nous arrivons à transmettre le message divin.

Dans les premiers temps de la communauté chrétienne (l’Église) la transmission de l’Évangile était synodale, collégiale. Les apôtres dispersés autour de Jérusalem correspondaient avec des lettres que les envoyés des Assemblées allaient lire dans les diverses communautés. On s’informait mutuellement ; on se faisait confiance, on se rencontrait.

Quand il y avait problème - par exemple des judéo-chrétiens qui imposaient la circoncision, la soumission à la Loi mosaïque - on se réunissait à Jérusalem. Ce fut le premier concile dans une attitude synodale. Le groupe chrétiens était alors de petite taille et les régions concernées proches les unes des autres. Cette période judéo-chrétienne fut bouleversée quand l’Évangile et les Églises s’étendirent sur l’ensemble du monde grec, du monde latin. L’empire romain touchait l’océan atlantique, les terres bretonnes, saxonnes et germaniques.

Christophe Theobald parle, après cette première période de judéo-christianisme, de la civilisation grecque, européenne. Cette seconde période va s’ouvrir sur une troisième période quand l’ensemble du monde sera concerné. Actuellement, la planète Terre n’est plus formée de Terres Inconnues. Elle est un jardin domestique que nous pouvons observer en permanence soit en direct (rapidité des voyages) soit avec les outils médiatiques (rencontres virtuelles). Cette globalisation modifie notre présence au monde.

Je reviens à la première période. La proximité autour de Jérusalem donne la possibilité aux apôtres et à leurs successeurs immédiats de se retrouver pour régler collégialement, synodalement les problèmes. Quand l’ensemble de l’Europe, le nord de l’Afrique fut atteint par la révélation chrétienne, la forme collégiale fut inadaptée et posa problème. De  culture juive, copte, grecque, romaine, ou autres (syro-malabare)… les responsables (épiscopes) des Églises n’arrivent pas à obtenir des réunions, des conciles, pour étudier la situation, l’enseignement, la transmission de la Révélation évangélique. C’est même la guerre physique entre les communautés, au point que l’empereur Constantin se charge pour obtenir la paix, de convoquer des conciles (Nicée 325). Or, ce n’est pas son rôle, mais celui des communautés chrétiennes.

C’est à parti de ce moment que la gestion de l’Église, disons des Églises, commença de cesser d’être vraiment collégiale, synodale, conciliaire pour devenir autoritaire.

L’empereur Charlemagne se glissa dans ce mouvement autoritaire pour unifier le monde latin, en créant, par exemple, les écoles dirigées par des moines de tradition bénédictine. Il renforça le pouvoir de l’évêque de Rome qui devient le Pape des chrétiens occidentaux. Je pense ne pas me tromper en disant que nous avons dans cet autoritarisme soutenu par le pouvoir clérical un élément de la naissance du schisme d’avec les Églises d’Orient (1054).

Venons-en à la seconde période en Occident. Le concile de Trente (1545-1563) puis de Vatican I (1870) renforce la tendance autoritaire du pontife romain. Le dogme de l’infaillibilité du pape y sera définit. Alors, concile, synode, collège sont-ils désormais utiles ? Pourquoi décider collégialement ?

C’est Jean XXIII qui soulève la question en convoquant le deuxième concile du Vatican. Désormais, pour que l’Église puisse s’adresser à l’ensemble du Monde, à tous les habitants de la Terre, tous les Terriens, - troisième période- il importe de consulter tous les représentants de ces diverses cultures. Dialogue, consultation, collège, synode, concile… ou autre type de réunion, devient indispensable pour obtenir une juste connaissance des personnes auxquelles les chrétiens ont mission de transmettre l’Évangile. Ce n’est pas la morale, le dogme, la parole autoritaire qu’il importe de communiquer à toutes et tous, mais la saveur de la Parole de Dieu entendue en Christ, Verbe fait chair et communiqué par les apôtres et les futurs disciples missionnaires.

Qu’avec une conception collégiale de la rencontre, la vie de l’Église se développe comme une chorégraphie, longuement étudiée et pratiquée par toutes et tous. Mises en place de modes de vie christique que la moindre EAP (équipe d’animation pastorale) doit enrichir en se protégeant de toutes formes autoritaires de cléricalisme.

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