N’est-ce pas à cause de son organisation cléricale que l’Église, malgré ses efforts, n’a pas suffisamment le soucis du monde, de l’humanité
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Ce mois de février 2025, la page la plus visitée de mon blogue « En manque d’Église » s’intitule : « Pour vous je suis prêtre. Avec vous je suis chrétien ».
176 fois vues à ce jour. Je ne suis pas certain de bien comprendre les statistiques mais je peux dire que cette page fut quatre ou cinq fois plus lues (ou visitées) que beaucoup d’autres. Cela m’a interpellé. Aussi je me permets cette hypothèse (ou interrogation) : n’est-ce pas à la suite des pages réalisées avec Cesare Baldi et publiée en ce lieu que les moteurs de recherche - dont je ne comprends pas vraiment le fonctionnement - ont orientées vers cette page rédigée le 6 mai 2019 ?
Quoiqu’il en soit je me suis remis à la lecture de Cesare Baldi. On dit que son livre est parfois difficile à comprendre. Je pense que c’est vrai et il m’arrive de fatiguer les gens en leur disant qu’il convient d’en parler à plusieurs. Être 4 ou 5 lecteurs individuels qui se rencontrent pour échanger sur ce qui est perçu. N’es-ce pas dans cette perspective que j’ai pensé les 10 entretiens ?
En ce qui me concerne, pour aujourd’hui, je souhaite reprendre ce qu’a dit Cesare à la présentation de son livre à la CCBF(Conférence Catholique des Baptisé.e.s Francophones) à Paris le 19 octobre 2024. Je reprends la vidéo déposée en ce lieu le 30 janvier 2025.
L’Église c’est nous. Elle est NOTRE ; selon le projet de Dieu qui est notre Père.
LG 9 - Le peuple de Dieu (L G 9, ch II) passe avant la constitution hiérarchique et l’épiscopat (L G ch III). Constitution dogmatique sur l’Église.
Décret Ad Gentes sur l'activité missionnaire de l’Église Voir ici
- AG 2 : « Il a plu à Dieu d’appeler les hommes à participer à sa vie, non pas seulement de façon individuelle sans aucun lien les uns avec les autres, mais de les constituer en un peuple dans lequel ses enfants, qui étaient dispersés, seraient rassemblés dans l’unité ».
Dieu - Père - nous appelle à être un peuple, un seul peuple, uni.
Chrétiens, conscients de notre baptême/confirmation, il nous revient alors de voir, de comprendre comment se réalise le Peuple de Dieu. Quelle unité montre-t-il et comment exerce-t-il sa nature forte de moyens d’unité ?
Pour répondre à cette question, j’estime que l’échange en petit groupe est indispensable. De cet échange peut résulter la constitution d’un programme de vie, programme politique qui inclut toutes les grandes questions que nous rencontrons au quotidien. J’y reviendrais.
Le droit canonique, ou droit canon, est l’ensemble des lois et règlements adoptés par les autorités catholiques pour le gouvernement de l’Église et de ses fidèles, régissant leurs droits et obligations.
Le droit canon donne cette définition ds chrétiens : Can. 204 - § 1 : « Les fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu'incorporés au Christ par le baptême, sont constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette raison, faits participants à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, sont appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission que Dieu a confiée à l'Église pour qu'elle l'accomplisse dans le monde ».
l’Église est un peuple de rois, prêtres et prophètes.
Il importe de bien voir commet on peut exercer des fonctions : rois / prêtres / prophètes en tant que peuple (tous ensemble et non seulement individus).
Le chrétien, disciple missionnaire, conscient de son baptême/confirmation connait et met en pratique les tâches pastorales. Il se sait et est apôtre, activement, au quotidien. C’est un pasteur.
Il est associé à la mission fondamentale de l’Église. Annoncer - Célébrer - Servir.
Benoît XVI, Deus caritas est (2005), n. 25 : « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu (kerygma-martyria), célébration des Sacrements (leitourgia), service de la charité (diakonia) ».
Prêtre Tout d’abord le Christ mais aussi…
Fonction sacerdotale = LG 34 : « Le Christ Jésus, prêtre suprême et éternel, (…) à ceux qu’il unit intimement à sa vie et à sa mission, il accorde une part dans sa charge sacerdotale pour l’exercice du culte spirituel ».
Prophète
Fonction prophétique = LG 35 : « Le Christ (…) accomplit sa fonction prophétique (…) non seulement par la hiérarchie (…) mais aussi par les laïcs ».
Roi
Fonction royale = LG 36 : « Le Christ (…) est entré dans la gloire de son Royaume (…). Ce pouvoir, il l’a communiqué à ses disciples pour qu’ils soient eux aussi établis dans la liberté royale »
L’égalité de tous les baptisés
Il importe maintenant de voir comment dans ma (notre) vie de chrétien cette perception de l’Église est concrètement vécue. Qu’est-ce que je fais de cette connaissance de la réalité de l’Église ? Les chrétiens que je rencontre à l’eucharistie comment vivent-ils leur vocation baptismale ?
Quelle conscience les chrétiens de mon quartier ont-ils de la vocation d’être prêtre, prophète et roi ?
En bref : sommes-nous conscients que nous sommes tous égaux ? Du pape, par les évêques, les prêtres… aux plus humbles des baptisés.
LG 32 : « Si certains, par la volonté du Christ, sont institués docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité ».
Quand les fidèles chrétiens s’adressent au prêtre en disant : Mon père… il y a inégalité.
« Mon père… » : peuple divisé entre pères et fils, pasteurs et brebis, baptisés et consacrés. Pourtant Jésus nous interdit de nous appeler « père » entre nous
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.(Mt 23, 8-10).
« Merci de bien vouloir célébrer une messe pour… » Avec cette demande, le chrétien entre dans un peuple qui choisit certains de ses membres pour en faire des icônes de sainteté, mais ne laisse pas tout le monde approcher à l’autel, en dépit du sacerdoce commun.
Et encore : « Combien je vous dois ? » : cette demande sépare dans le peuple
- la partie qui enseigne (ecclesia docens), célèbre et gouverne
- de la partie qui apprend, assiste et obéit,
Tout en déclarant que tous possèdent le même sensus fidei.
Il importe de réfléchir sur quelle communauté est celle de l’Église. D’abord l’Église locale.
Ce que dit le droit canon :
Can. 515, §1 : « La paroisse est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière ».
Ces fidèles vivent sur (dans) un territoire précis.
Définition de la paroisse selon internet (IA ?)
Une paroisse est une circonscription ecclésiastique dans laquelle s'exerce le ministère d'un curé. Elle représente à la fois un territoire spécifique et une communauté de fidèles qui participent à la vie religieuse. Voici quelques éléments clés concernant la paroisse :
Rôle religieux : La paroisse est le lieu de culte et de célébration pour les croyants, où se déroulent des messes et l'administration des sacrements (baptême, mariage, confession, etc.).
Organisation : Chaque paroisse est dirigée par un curé, qui est responsable de la pastorale et de l'exercice du culte. Il peut être assisté par des vicaires ou des prêtres.
Territorialité : Les limites géographiques de la paroisse sont souvent liées à des réalités locales, et elle peut également être subdivisée en quartiers ou hameaux pour faciliter la pratique religieuse.
Communauté : La paroisse est également perçue comme une communauté de proximité, où les relations sociales entre les membres sont essentielles.
Évolution historique : Le concept de paroisse a évolué au fil des siècles, passant d'une simple circonscription ecclésiastique à une entité juridique et administrative reconnue.
En résumé, la paroisse est une structure fondamentale dans le christianisme, jouant un rôle central dans la vie spirituelle et sociale des fidèles.
Cette vision de la paroisse n’aurait-elle pas besoin d’être revue ?
Paroles d’auteurs :
« Pas de vie chrétienne sans communauté ». (G. Michonneau, 1960)
« Il est dogmatiquement vrai que la communauté engendre les chrétiens ». (Y. Congar, 1960)
« L’Église comme telle, concrètement comme communauté, est un sujet juridique, en fait l’authentique sujet auquel tout le reste se rapport ». (J. Ratzinger, 1970
Revenons au Droit Canon
Can. 515, §3 : « La paroisse légitimement érigée jouit de plein droit de la personnalité juridique ».
Can. 518 : « En règle générale, la paroisse sera territoriale, c’est-à-dire qu’elle comprendra tous les fidèles du territoire donné ».
Can. 532 : « Dans toutes les affaires juridiques, le curé représente la paroisse, selon le droit ».
Ne sommes-nous pas, dans cette définition du droit canon, dans une perspective pyramidale, hiérarchique alors que la vision d’une Église peuple de Dieu, fraternelle serait plutôt circulaire ? Je peux inviter à suivre ce lien pour un regard architecturale de la question ecclésiale.
Lire également ( 11 mai 2023) : J’évoque un souvenir pour parler de la formation sacerdotale que nous recevons. Pouvons-nous au « séminaire » éviter un futur clérical ?
L’Église c’est nous, peuple de Dieu, ayant une action permanente en faveur de tous les hommes, les humains (hommes et femmes) ; au service de l’humanité. D’où son devoir de résistance face à certaines situation.
https://www.enmanquedeglise.com/2025/02/on-appelle-a-une-prise-de-conscience-et-a-une-mobilisation-citoyenne-pour-contrer-la-montee-des-ideologies-extremistes-dont-celles-de-droite.html
L’Église est catholique, c’est-à-dire universelle. Fraternellement universelle.
Benoît XVI, Deus caritas est (2005), n. 25 : « La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait aussi laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature, elle est une expression de son essence elle-même, à laquelle elle ne peut renoncer. »
Qu’en dit le droit canon de l’Église latine ?
Il semble oublier cette dimension populaire tournée vers le bien d’autrui. Où est le service de charité ?
Regardons le sommaire du code de droit canonique
Nous avons parlé de la mission fondamentale de l’Église. Annoncer - Célébrer - Servir.
Dans le LIVRE III du droit canonique il est bien question de la fonction d’enseignement de l’Église. MARTYRIA
Dans le LIVRE IV il est bien question de la fonction de sanctification de l’Église. LEITOURGIA
Mais où est la fonction de service de l’Église ? DIAKOIA
Ce livre est complètement absent !
Je trouve cela quand même étrange !
N’est-ce pas la preuve qu’à cause de son organisation hiérarchique, cléricale, l’Église n’a pas suffisamment le soucis du monde, de l’humanité. Une Église qui se voit sans cesse attirée par les soucis internes de ses sacristies.
Allez aux frontières dit l’évêque de Rome !
Le Pape François invite à aller aux frontières du monde, tant géographiques qu'existentielles, pour rencontrer et intégrer les migrants dans la société. Lors de sa rencontre avec les dirigeants du Fonds mondial de solidarité, il a souligné l'importance de vivre près des périphéries et de répondre à l'hiver démographique en intégrant les migrants non pas par charité, mais par fraternité.
Et il y a aussi les problèmes provoqués par les modes capitalistes de production. Nous pourrions citer les crises écologiques, la non protection de la Terre…
Points clés du message de François (pris sur un moteur de recherche):
Proximité : Le Pape insiste sur la nécessité de la proximité avec ceux qui vivent en marge de la société, affirmant que Jésus lui-même a été aux périphéries pour montrer l'Évangile.
Intégration des migrants : François a réaffirmé l'importance d'accueillir, accompagner, promouvoir et intégrer les migrants, en évitant leur ghettoïsation. Il a cité des exemples tragiques pour illustrer les dangers d'une intégration insuffisante.
Économie communautaire : Le Pape appelle à une transformation vers une économie chrétienne, communautaire et partagée, loin des modèles économiques libéraux ou communistes.
Appel à l'action : Il encourage les chrétiens à "se salir les mains" en prenant des risques pour aider ceux qui sont dans le besoin, en mettant l'accent sur l'importance de l'engagement personnel dans les périphéries du monde.
Ce discours du Pape François souligne une dualité entre son appel à l'accueil des migrants et la gestion stricte des frontières du Vatican, illustrant ainsi les tensions entre idéaux humanitaires et réalités sécuritaires.
C’est tout cela qu’en tant que communauté chrétienne locale, nous devrions aborder, par exemple avec acuité, pendant ce carême 2025. Une journée est prévue en ce sens - le samedi 22 mars de 12h à 15h30 temps animé par le Groupe Écologie avec un repas bas carbone puis échanges sur ce thème de l’urgence climatique.