Réformer l'Église en la recentrant sur l’Évangile ; la mettre au cœur du message de Jésus : humilité, simplicité, service des plus fragiles
Le regard de Bernard
Je vous parle de la 2éme partie de la conclusion, chapitre XXI, du livre de Christoph Theobald : « le courage de penser l’avenir » (édition du Cerf 2021). Pour lui c’est la tâche urgente des théologiennes et théologiens et des chrétiens, chrétiennes qu’il propose de nommer « Christiens ».
Le lieu à partir duquel nous prévoyons l’avenir est le catholicisme européen.
La vision d’avenir prend une forme polyédrique et non sphérique, autocentrée. Je cite le pape François : Il me plait d’imaginer l’humanité comme un polyèdre dans lequel les formes multiples en s’exprimant constitue les éléments qui la composent dans leur pluralité l’unique famille humaine.
La crise écologique et environnementale est le signe de notre entrée dans une nouvelle ère géologique appelée « anthropocène ». Saint Paul dans son épître aux romains l’avaient perçu quand il parle du « gémissement de la création tout entière » Rm 8, 22. François et l’encyclique Laudato Si parle de la clameur de la terre, reliant cette clameur aux cris des pauvres.
S’il y a nécessité de réforme c’est la mission qui doit la déterminer. Une nouvelle Église est en train de naitre celle qui sort d’elle-même, celle de penser la vision constructive entre la « sortie missionnaire » et ce qui en résulte à l’intérieur. Cela nécessite une véritable présence auprès d’autrui en s’intéressant aux lieux institutionnels de son engendrement et de sa formation, la famille et l’école et à l’espace « démocratique » où se crée et se défait la confiance d’une société et tous ses membres en l’avenir.
L’enjeu principal de cette mutation missionnaire est un déplacement du sujet « ecclésial » passant du prêtre post tridentin vers la communauté ecclésiale. Mais avouons-le l’Église d’Europe de l’Ouest est comme paralysée par la fin du modèle presbytéral grégorien et post tridentin et n’ose pas se poser la question de l’abondance de la mission. La question est de savoir si notre foi est l’expression d’un passé ou si elle s’enracine en Jésus-Christ. C’est faire comprendre que la présence gratuite de nos communautés auprès de nos contemporains et l’espérance messianique à l’époque de l’anthropocène prend sa « source » en Lui.
Le Christ a engagé avec ses disciples missionnaires une communication avec les contemporains de son temps. Le modus vivendi de la conversation de Jésus se définit par : une relation à soi, une relation avec quiconque, et une relation avec celui qu’il appelle « Abba, Père ».
La renaissance doit venir à la fois de l’extérieur et de l’intérieur, à savoir du libre accueil de Jésus-Christ dans nos communautés (comme dans la septième lettre de l’Apocalypse) et de « l’Écoute de ce dit l’esprit aux Eglises (Ap 2,7 etc. …)
En conclusion l’auteur nous invite, à la suite de saint Paul, d’exercer, en accord avec la foi, le don de prophétie et le don de l’enseignement (Rm 12, 6-7) et à le faire fructifier selon la grâce accordée à chacun.
Prochainement je placerai dans ce blogue l’entretien, recueilli par Christophe Henning et Céline Hoyeau, de Christophe Theobald publié dans La Croix le 23 avril 2025.