Au service de l'homme
Comme je l'ai indiqué précédemment, dans cette catégorie "anthropologie", je donne diverses réflexions sur le sens, ou non sens, du travail. Textes qui me
semblent d'une grande importance alors qu'on veut augmenter la durée du travail salarié tout en critiquant "mai 68".
Le syndicalisme est invité à changer de terrain d'action
C'est le syndicat qui est au service des intérêts des travailleurs, non l‘inverse. S’il ne peut plus les toucher tous en même temps sur les lieux de travail, il faudra qu’il les touche ailleurs : qu’il aménage dans les quartiers, dans le tissu urbain, des espaces que les gens aient envie de fréquenter parce qu’ils y trouvent ce qui leur manque, ce qui les intéresse, ce qui correspond à leur besoin de fraternité, de consultation mutuelle, d’échanges, d’épanouissement et de création culturels. Il ne pourra donc plus se contenter d'avoir dans les villes et les grandes entreprises des permanences rébarbatives ouvertes à heures fixes. Il lui faudra des “maisons pour tous” ouvertes jusque tard dans la nuit, offrant aux travailleurs aussi bien qu’aux chômeurs et à leurs familles, aux gens en congé, aux retraités, aux adolescents, aux jeunes parents des lieux de rencontres, des bourses d'échanges de services et de produits, des ateliers de réparation, des cours, conférences, stages, ciné-clubs, etc., à la manière des universités populaires, des “community centers” britanniques, des “écoles de production” danoises. Il lui faudra contrer pratiquement l’idée que, hors du travail rémunéré, il ne peut y avoir qu’inactivité et ennui ; comme, il lui faudra offrir une alternative positive à la consommation de culture commerciale et de divertissements. Il devra renouer, en somme, avec la tradition des coopératives, associations et cercles de culture ouvrière d‘où il est originellement issu ; devenir un lieu où les citoyens débattent et décident les activités auto-organisées, les services coopératifs, les travaux d’intérêt commun qu’ils réaliseront par et pour eux-mêmes… (p. 244)
extraits de André GORZ, Métamorphoses du travail, Quête du sens, Critique de la raison économique, Galilée, 1988.
Le syndicalisme est invité à changer de terrain d'action
C'est le syndicat qui est au service des intérêts des travailleurs, non l‘inverse. S’il ne peut plus les toucher tous en même temps sur les lieux de travail, il faudra qu’il les touche ailleurs : qu’il aménage dans les quartiers, dans le tissu urbain, des espaces que les gens aient envie de fréquenter parce qu’ils y trouvent ce qui leur manque, ce qui les intéresse, ce qui correspond à leur besoin de fraternité, de consultation mutuelle, d’échanges, d’épanouissement et de création culturels. Il ne pourra donc plus se contenter d'avoir dans les villes et les grandes entreprises des permanences rébarbatives ouvertes à heures fixes. Il lui faudra des “maisons pour tous” ouvertes jusque tard dans la nuit, offrant aux travailleurs aussi bien qu’aux chômeurs et à leurs familles, aux gens en congé, aux retraités, aux adolescents, aux jeunes parents des lieux de rencontres, des bourses d'échanges de services et de produits, des ateliers de réparation, des cours, conférences, stages, ciné-clubs, etc., à la manière des universités populaires, des “community centers” britanniques, des “écoles de production” danoises. Il lui faudra contrer pratiquement l’idée que, hors du travail rémunéré, il ne peut y avoir qu’inactivité et ennui ; comme, il lui faudra offrir une alternative positive à la consommation de culture commerciale et de divertissements. Il devra renouer, en somme, avec la tradition des coopératives, associations et cercles de culture ouvrière d‘où il est originellement issu ; devenir un lieu où les citoyens débattent et décident les activités auto-organisées, les services coopératifs, les travaux d’intérêt commun qu’ils réaliseront par et pour eux-mêmes… (p. 244)