Le Christ, centre de tout.

Publié le par Michel Durand

christ-rouault.jpgIl y a quelques semaines, on me donna à lire "Dialogue sur le chemin initiatique", Kalfreid Graf Dürckheim, entretiens avec Alphonse Goettmann.
Je crois en avoir déjà parlé, mais je ne prends pas le temps de contrôler. Les personnes qui m'ont incité à lire ce petit livre semblait dire que si l'Eglise ne prenait pas le chemin de l'intériorité, si elle ne se convertissait pas à la maîtrise de soi enseigné par le zen, elle continuerait à perdre du terrain.
Certes, les auteurs de cet entretien ne sont pas tendres avec l'Eglise de l'Occident Latin, on sent dans leur texte une volonté de séduire et d'attirer dans l'Eglise orthodoxe géco-russe. Mais, sommes toutes, je trouve leur démarche bien classique.
J'espère avoir l'occasion de rencontrer les promoteurs "militants" de cette revendication spirituelle. J'espère alors mieux comprendre leur intention.

Enfin, dialoguons. Pour indiquer en quel sens je trouve classique l'ouvrage,  je vous donne à lire un passage sur le Christ centre de tout. Passage que je ne peux que comparer à un texte d'Antoine Chevrier, le fondateur du Prado, que  je connais bien, je pense, puisque je me suis senti à l'aise et me sent toujours bien avec cet engagement spirituel. Je suis prêtre du Prado. Ce qui ne me confère aucune supériorité, mais au moins une étiquette. Antoine Chevrier ne fut pas non plus tendre avec la hiérarchie. Obéissant, mais ne cachant pas ses sentiments : « ses gens de l’archevêché ne peuvent comprendre… » écrit-il quelque part ; je chercherai un jour, la citation exacte.

Karlfried Graf Dürckheim (1896 – 1988) docteur en philosophie et docteur en psychologie, rencontre le zen pendant son séjour au Japon (1937 à 1947). Il pratique la méditation sans objet appelée zazen et le tir à l’arc (kyudo) avec Kenran Umeji Roshi.

A son retour du Japon, Karlfried Graf Dürckheim écrit : « Face au zen deux attitudes sont possibles : on peut soit se convertir au bouddhisme,    soit accueillir et réaliser ce qu’il renferme d’universellement humain. Seule m’importe la seconde attitude.»

Entre 1951 et 1988, dans le Centre de rencontre qu’il crée et anime en Forêt Noire, il propose une Voie de la Technique qui, tout en servant l’esprit du zen japonais sans la moindre concession, est dégagée des rites et des formes culturelles propres à l’Extrême-Orient.


Voici le texte du "dialogue sur le chemin initiatique" : durchkeim.jpg
La lecture et l'accueil de l'Évangile livrent à leur tour l’homme au Souffle de Dieu. La voix du Saint-Esprit qu'il perçoit en son intérieur fait de lui un disciple du Maître éternel. Nous sommes parvenus aujourd'hui à l'âge d'une découverte, tout à fait expérimentale de l'Esprit qui nous habite. Pourtant, l'homme qui continue à voir le sens de la vie dans la rentabilité, la compétition et le confort en est encore très loin. Par ailleurs, nous avons un besoin urgent de pénétrer la Bible autrement que par l'exégèse scientifique et rationnelle. Si Dieu est l'au-delà, une compréhension extérieure des textes ne permettra jamais de découvrir leur contenu effectif, et il vaut mieux se taire ! Il s'agit de se mettre en chemin, de dévoiler ce qui est caché et de devenir enfant de Dieu, mais rien n'est fait quand on ne le devient que mentalement ou par une adhésion intellectuelle ! Une foi vivante met le croyant à l'écoute mystère qui lui parle de l'intérieur et l'ouvre toujours plus à la Vérité du Christ. Alors, il doit avoir des antennes pour entendre le Verbe qui l'appelle en tous lieux et à chaque moment de la journée. Il expérimente la présence du Christ comme celle de son Maître éternel ; en outre, l'exigence de comprendre le monde et d'aimer l'autre « dans le Christ » se réalise comme par elle-même.
Seulement, tout cela suppose un travail inlassable sur soi, jusque dans les moindres mouvements pour devenir transparent. L'expérience du Divin est, bien sûr, un don de la grâce et jamais le résultat d'un effort volontaire ; mais l'homme doit s'y préparer activement, demeurer dans le processus de transformation et un état de vigilance continuelle. Nous retrouvons ici le troisième terme de la triade inséparable : Maître – Disciple - Chemin. Le Chemin ne commence que lorsque le disciple a tout abandonné et qu'il a franchi deux étapes importantes de son évolution : celle où tout tournait autour de son égo, l'égocentrisme, et celle où tout tournait autour de l’autre, une œuvre ou les valeurs d'une communauté. Alors il entre dans une troisième étape où tout tourne autour du divin et de la transformation en une personne déifiée. A partir de ce moment les deux premières étapes, l'engagement envers soi-même et l'autre ou le monde, prennent un visage de nature radicalement différente. Le Chemin signifie pour le disciple un don total et sans condition à la suite du Maître. L'Absolu ne peut surgir que lorsque le relatif lui cède la place !
Le Chemin a donc lui-même deux étapes : d'une part le lâcher-prise progressif et l'accueil de la nouvelle vie : l'exercice de la transformation pour la transparence, c'est le chemin vers le Chemin ; d'autre part, c'est l'homme lui-méme devenu Exercice et Chemin, il a atteint la grande Transparence qui permet au divin de se manifester sans résistance. Alors le Chemin c'est la Vie dans une forme humaine et la Vérité de l'homme c'est de le parcourir à l'image du Christ qui a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité el la Vie ... » Il n'y a jamais de point d'arrivée à ce Chemin, il est en lui-même son propre but !

et celui d'Antoine Chevrier : Le Véritable disciple :

Antoine Chevrier est un prêtre français, né en 1826 et mort à Lyon le 02 octobre 1879. Il est nommé en 1850 vicaire du quartier de la Guillotière à Lyon. C'est un quartier d'ouvriers les plus pauvres. En 1856, il a l'intuition de devoir servir les plus démunis. En 1860, le Père Chevrier loue puis rachète une ancienne salle de bal mal famée, "le Prado", qu'il transforme. Il y construit une chapelle et y catéchise les enfants pauvres du quartier.
Pour évangéliser les pauvres, il fonde la Société du Prado. Elle ne comptera encore que 4 prêtres et quelques sœurs à sa mort en 1879. Le Père Chevrier, mort à 53 ans, est enterré dans cette chapelle, dans la rue qui porte maintenant son nom.

Le Christ est le centre vers lequel tout doit convergerchevrier.jpg
Dans une circonférence, il y a un centre d’où partent tous les rayons et vers lequel tous les rayons se dirigent.
C’est le centre où tout doit se réunir et d’où tout doit partir.
Pour aller au ciel, il faut passer par ce centre.
La crèche, le calvaire, le tabernacle ne sont-ils pas les centres où doivent se rendre tous les hommes pour recevoir la vie, la paix et repartir de là pour aller à Dieu ?
C’est ce que saint Paul nous explique : Dieu a répandu sur nous les richesses de sa grâce avec abondance, en nous remplissant d’intelligence et de sagesse, pour nous faire connaître le mystère de sa volonté, fondé sur son bon plaisir, d’après lequel il s’est proposé lui-même, après l’accomplissement des temps
Marqués, de réunir tout en Jésus-Christ, tout ce qui est dans le ciel et tout ce qui est sur la terre. Et c’est en lui que nous avons été appelés. (Eph 1,1)
C’est lui qui est notre paix, qui des deux peuples n’en a fait qu’un, rompant en sa chair le mur de séparation, cette inimitié qui les divisait et formant en lui-même un seul homme de ces peuples, en mettant la paix entre eux, pour les réconcilier à Dieu par sa croix, lez ayant unis tous deux en un seul corps.
C’est par lui que nous avons accès les uns les autres, auprès du Père, dans un même esprit.
Vous n’êtes donc plus des étrangers, ni des hôtes, mais des concitoyens. (Eph 2,14)
Il n’y a plus ni grec, ni scythe, ni barbare.
Nous ne sommes tous qu’un en Jésus-Christ.
In ipso. Per ipsum et cum ipso. (En lui. Par lui, et avec lui)
Omnia vestra sunt. Vos autem Christi.
Christus autem Dei.(Tout est à vous. Mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu)
Il n’y a plus de juifs, ni de gentils, ni d’esclaves, ni de libres, ni hommes ni femmes : vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ. (Ga 3,28)
Admirable fusion qui nous réunit tous en Jésus-Christ, seul centre dans lequel nous devons nous fondre tout entiers.

Christ est la fin vers laquelle tout doit aboutir.
Il est notre fin, il doit être la fin de nos pensées la fin de nos désirs, la fin de nos actions, la fin de notre vie et celui vers lequel nous devons tendre de toute la force de notre âme.
C’est en Jésus-Christ que toutes les promesses de Dieu ont leur vérité et c’est aussi par lui qu’elles s’accomplissent toutes, pour l’honneur de Dieu et à notre gloire. (2 Co 1,20)
C’est devant lui que nous paraîtrons un jour pour lui rendre compte de toutes nos actions ; alors il sera lui-même notre récompense, si nous l’avons aimé et servi.
Celui qui croit en moi a la vie éternelle.
Voir Jésus-Christ, posséder Jésus-Christ, sera notre bonheur éternel.
Soit que nous vivions, soit que nous mourions, c’est à Jésus-Christ que nous sommes. (Rm 14,8)
Qui ne va pas à Jésus-Christ, va à la mort.
Il faut donc qu’il soit la fin de nos travaux, de nos actions, la fin de toute notre vie, nous lui appartenons par tous les titres.





 

Publié dans Bible

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