Prédominance de l'organisation du temps autour du travail salarié
Comme je l'ai indiqué précédemment, dans cette catégorie "anthropologie", je donne diverses réflexions sur le sens, ou non sens, du travail.
Textes qui me semblent d'une grande importance alors qu'on veut augmenter la durée du travail salarié tout en critiquant "mai 68".
3. Des questions à se poser pour que l'homme trouve une nouvelle manière d'organiser ses temps de travail et de loisir.
Je poursuis la publication des textes qui résultent du colloque que nous avons tenu avec Confluences il y a au moins une dizaine d'année. Cette
semaine et la semaine prochaine la parole est donné à Georges Decourt, prêtre, socilogue, ayant travail à Economie et Humanisme.
3. Des questions à se poser pour que l'homme trouve une nouvelle manière d'organiser ses temps de travail et de loisir.

Si jusqu’à maintenant je me suis contenté de compacter les propos de certains auteurs et les réflexions que nous menons au sein d’Economie et Humanisme, je voudrais terminer en
m’interrogeant devant vous.
3.1 Existe-t-il de nouvelles représentations de la vie sociale autres que celles d’une société organisée autour du travail ?
La tradition biblique est porteuse d’une représentation très circonstanciée du travail. L’homme n’y est plus pensé en termes de prédateur dans une civilisation de cueillette, on pensait même que cela était paradisiaque : il suffisait de se baisser pour ramasser la manne et les cailles tombées du ciel. Non ! désormais l’homme mâle doit travailler à la sueur de son front dans une civilisation agricole et le travail de la femme est d’enfanter. La participation de l’homme à la création par son travail relève d’une vision optimiste de l’humanité, portée d’ailleurs par la tradition dominicaine. Dans cette approche, le rêve pour tout homme est de pouvoir créer, être maître de son oeuvre : l’ouvrier veut devenir artisan, le travailleur songe aux vacances et à sa retraite, l’artiste vit de ses oeuvres...
Deux mots français tirés du latin sont construits à partir d’une négation, ce qui est relativement rare. Ils évoquent tous deux un temps qui n’est plus : celui de la cueillette et de l’oisiveté : négligence de neg-ligere (ne pas choisir) et négoce de neg-otium (non-oisiveté). On définit le négoce par “faire des affaires” et, quand on veut définir l’oisiveté, on parle de “ne rien faire”, alors que dans une certaine société latine on avait des représentations inverses : on définissait le négoce par l’arrêt du temps d’oisiveté. Dans une civilisation du travail, le repos est défini comme “ne rien faire”, la norme étant l’activité, le travail, l’emploi.
Arrive à la fin de ce XXe siècle le temps libre : au lieu d’être oisif, on travaille bénévolement mais on travaille quand même, au lieu de créer librement, on consomme les productions des autres.
Ainsi voit-on des retraités qui viennent à peine de finir leur emploi se faire réembaucher, pourrait-on dire, dans des associations pour gérer ou pour conseiller : ils poursuivent leur travail autrement, font profiter de leur expérience. Ils n’arrêtent pas, ils n’ont pas de temps à eux... Ceux-ci dépensent dans des activités d’utilité sociale le temps libre qu’ils ont gagné tout au long de leur vie de travail. Nous restons dans la représentation de la société de travail où se distinguent deux formes de travail : le travail rémunéré et le travail bénévole.
Si ce n’est pas le temps que l’on dépense, c’est l’argent gagné par le travail que l’on dépense dans les activités de consommation. Nous restons là encore dans la représentation de la société industrielle qui repose sur le couple du marché : production / consommation.
3.1 Existe-t-il de nouvelles représentations de la vie sociale autres que celles d’une société organisée autour du travail ?
La tradition biblique est porteuse d’une représentation très circonstanciée du travail. L’homme n’y est plus pensé en termes de prédateur dans une civilisation de cueillette, on pensait même que cela était paradisiaque : il suffisait de se baisser pour ramasser la manne et les cailles tombées du ciel. Non ! désormais l’homme mâle doit travailler à la sueur de son front dans une civilisation agricole et le travail de la femme est d’enfanter. La participation de l’homme à la création par son travail relève d’une vision optimiste de l’humanité, portée d’ailleurs par la tradition dominicaine. Dans cette approche, le rêve pour tout homme est de pouvoir créer, être maître de son oeuvre : l’ouvrier veut devenir artisan, le travailleur songe aux vacances et à sa retraite, l’artiste vit de ses oeuvres...
Deux mots français tirés du latin sont construits à partir d’une négation, ce qui est relativement rare. Ils évoquent tous deux un temps qui n’est plus : celui de la cueillette et de l’oisiveté : négligence de neg-ligere (ne pas choisir) et négoce de neg-otium (non-oisiveté). On définit le négoce par “faire des affaires” et, quand on veut définir l’oisiveté, on parle de “ne rien faire”, alors que dans une certaine société latine on avait des représentations inverses : on définissait le négoce par l’arrêt du temps d’oisiveté. Dans une civilisation du travail, le repos est défini comme “ne rien faire”, la norme étant l’activité, le travail, l’emploi.
Arrive à la fin de ce XXe siècle le temps libre : au lieu d’être oisif, on travaille bénévolement mais on travaille quand même, au lieu de créer librement, on consomme les productions des autres.
Ainsi voit-on des retraités qui viennent à peine de finir leur emploi se faire réembaucher, pourrait-on dire, dans des associations pour gérer ou pour conseiller : ils poursuivent leur travail autrement, font profiter de leur expérience. Ils n’arrêtent pas, ils n’ont pas de temps à eux... Ceux-ci dépensent dans des activités d’utilité sociale le temps libre qu’ils ont gagné tout au long de leur vie de travail. Nous restons dans la représentation de la société de travail où se distinguent deux formes de travail : le travail rémunéré et le travail bénévole.
Si ce n’est pas le temps que l’on dépense, c’est l’argent gagné par le travail que l’on dépense dans les activités de consommation. Nous restons là encore dans la représentation de la société industrielle qui repose sur le couple du marché : production / consommation.