VISITER-ECOUTER

Publié le par Michel Durand

Une réflexion de  Robert Beauvery.

Au service de l'Eglise : aspect vocationnel.


Dans les précarités aux nombreux visages que cannait l'Eglise ... et le monde de ce temps, quelques lumières se lèvent, des signes, des appels de la Mission: il y a quelque chose à voir.
Tout le monde le sait : ils ne sont pas nombreux les candidats à frapper à la porte des séminaires, des couvents! C'est regrettable, très regrettable! mais c'est un fait. Un fait couvert comme tous les autres, par la Providence du Maître de la moisson. Ainsi il ne saurait être objet de découragement et d'obscurcissement du regard... parce que il y a des choses à voir.
Ils sont certainement nombreux ceux qui se portent volontaires pour devenir « visiteurs » dans des hôpitaux, des prisons... ou, encore « écoutants » aux tout-venants dans des espaces d'accueil. Parmi eux, tous ne sont pas des baptisés ; tous ne sont pas catholiques ; tous ne sont pas des chrétiens pratiquants, liés à une communauté précise... Ils ont en commun le souci réel de servir les autres... qui sont dans le besoin.
Parmi eux, il y a quelques hommes et femmes qui ont engagé toute leur vie à la suite du Christ dans une communauté de vie évangélique précise : des religieux spécialement « attirés » aujourd'hui pour devenir « un signe » que j'essaie d'analyser dans le contexte général de l'Eglise dans le monde actuel et, en référence à l'Evangile la source de tout engagement authentique.


L'EGLISE ENTRE LES URGENCES AD INTRA
ET L'ESSENTIEL DE LA MISSION AD EXTRA.


La pénurie actuelle, principalement en personnel vaillant, que connaît l'Eglise qui est en France... et en Europe !... pose des difficiles questions, souvent sans réponses immédiates aux responsables hiérarchiques.
Il ne serait pas suffisant de se contenter d'essayer de satisfaire les urgences à boucher des trous dans l'organisation - par ailleurs nécessaire, cf. Ro. 12, 4-10 - de la vie des communautés paroissiales, des services, des curies diocésaines, provinciales, nationales... il faut encore considérer l'appel essentiel à la Mission reçue par l'Envoyé du Père et confié à l'Eglise, à répondre, quasi en priorité, aux besoins des hommes et des femmes de ce temps, comparés à des brebis harassées et prostrées, sans berger, cf. Mt.9,36. Les « urgences » organisationnelles ad intra ont pour elles d'être prégnantes aux perceptions immédiates des sens et de la raison. En revanche, l'essentiel de la Mission ad extra dépend, lui, d'une autre approche de type prophétique, c'est-à-dire une participation tbéologale au regard du Christ sur les foules et à son cœur que le Père remplit de pitié pour elles.
Elles sont en situation d'abandon, nombreuses... C'est précisément la Mission reçue du Père que Jésus partage aux ouvriers, cf. Mt.9, 37-38.


L'HEURE DU DISCERNEMENT:

L'heure ne serait-elle pas advenue de ré-équilibrer le temps entre celui dévoré par l'urgent et celui qu'il faudrait courageusement libérer pour l'essentiel de la Mission ?
Le vrai berger ne suggère-t-il pas à travers le langage allusif de la parabole, de prendre de la distance vis-à-vis des brebis intégrées dans le bercail, et de s'employer à la recherche de celles soit qui s'est égarée, cf. Mt.18, 1 0-14, soit qui n'ont pas encore fait partie du troupeau, cf. Jn. 10,16.


DES SIGNES REPERABLES:
    signalés sommairement dès l'introduction, ils sont repris ici, aux fins d'analyse

S'employer à être simplement présent aux gens dont beaucoup d'entre eux sont harassés et prostrés, sans berger, est une option ou du moins un désir d'engagement qui trouve, aujourd'hui, des volontaires plus nombreux qu'on le pense habituellement, de tous âges, de tous milieux, de toutes convictions... D'ailleurs, certains se sont déjà rapprochès effectivement de personnes en difficulté de nourriture suffisante, d'intégration, de santé, de liberté... sans autre motivation que celle de secourir qui est dans le besoin, cf. Mt. 25, 34-40. D'autres, disponibles, attendent l'heure de l'embauche, comme des ouvriers potentiels au travail de la vigne du Père, cf. Mt. 20,1-16.
Quelques uns enfin, peu nombreux, sont personnellement interpellés par le Seigneur Jésus lui-même : la vocation à se libérer de tout, cf. Mc. 10,21 afin d'acquérir la liberté de le suivre de plus près ; de cohabiter avec LUI et les autres frères, de vivre selon l'originalité de l'Evangile jour aprés jour... et d'être envoyé en Mission auprès des hommes et des femmes contemporains comme des ouvriers qualifiés, cf. Lc. JO, 1-20.


LE RELIGIEU(X)SE VISITEUR OU ECOUTANT



INVESTl(E) DE LA FORCE DE LA FOI :

Il sait que sans intimité, simple et profonde avec le Christ, il ne peut rien d'utile pour celui qu'il va visiter et écouter ; en revanche, il est assuré que s'il demeure uni au Cep vivant comme un sarment, il porte un fruit à la fois abondant et permanent, cf Jn. 15,5-16, au bénéfice de l'hôte.
Il sait encore que la personne visitée ou écoutée qui l'accueille, en toute liberté - elle peut très bien lui refuser l'ouverture de sa porte intérieure - ce n'est pas seulement lui, le visiteur et l'écoutant, qui est effectivement reçu mais, à travers sa présence, c'est celui-là même qui l'a envoyé, le Christ et son Père qui reçoivent l'hospitalité, cf. Lc. 10,16. Il sait enfin, qu'une présence mystérieuse mais réelle du Christ lui-même est liée à l'existence de la personne visitée ou de l'écoutée quelque misérable et pécheresse qu'elle puisse être, cf. Mt.25, 40 et 45.


LES REFERENCES LUNUNEUSES

La gravité de l'heure présente semble exiger l'abandon des pratiques simplement bonnes mais insuffisantes pour s'engager efficacement dans la Mission. Il faut encore se décider à entrer dans la vie de l'Imitation de Jésus de Nazareth.
Ses exemples, relus à la lumière du Saint-Esprit cf Jn.14,26; 16,13; 1 Co.2,IO, peuvent devenir des indications sûres pour savoir ce qu'il ferait lui-même s'il était physiquement là aujourd'hui, à la place du visiteur et de l'écoutant.
Parmi le nombreux exemples donnés de proximité avec toutes les personnes rencontrées ; de respect quelles qu'aient pu être les déviances de leur vie ; de reconnaissance de leur profonde identité sans confusion, sans jugement ; de gratuité, le privilège de celle qui n'est pas venue pour être servie mais pour servir... une telle posture permettrait aux personnes visitées et écoutées d'avoir face à elle comme un miroir dans lequel enfin elles avaient la possibilité de révéler le meilleur d'elles-mêmes...
Parmi ces nombreux exemples il en est un qui peut résumer tous les autres.


LE LAVEMENT DES PIEDS

« Avant le fète de la Pâque… Jésus aima les siens jusqu 'à l'extrême... c'est un exemple que je vous ai donné faites-le vous aussi » Jn. 13,1-15.
Le lieu où il se déroule, lors des tout derniers moments historiques de Jésus avec les siens ; la nature du geste, réservé habituellement aux esclaves ; la lente exécution au bénéfice de tous et de chacun, sans aucune exception, même pas celle de Judas,... confèrent à la scène du lavement des pieds de devenir un exemple d'une richesse d'enseignement inépuisable. La source à laquelle ceux et celles qui veulent imiter le Seigneur Jésus dans la visite et l'écoute des autres doivent s'abreuver souvent.


Publié dans Eglise

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