Prenez exemple sur les premiers chrétiens

Publié le par Michel Durand

Pensons, frères très chers, au comportement du peuple des croyants, au temps des apôtres : aux origines chrétiennes s'épanouissaient les plus vigoureuses vertus, quand la foi brûlait de sa première ferveur. Les fidèles vendaient leurs maisons et leurs biens et en offraient le prix aux apôtres pour les pauvres, avec joie et générosité. Avec le produit de leur patrimoine, ils s'assuraient les biens de leur éternité, acquérant la demeure où ils habiteraient pour toujours.
La perfection de leur agir égalait la qualité de leur amour, comme l'écrivent les Actes des Apôtres : «La multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme. Il n'existait pas de discorde entre eux. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun» (Ac 4, 32).
Devenir fils de Dieu par une naissance d'en haut consiste à imiter l'équité du Dieu Père, en se soumettant à la loi du ciel. Ce qui appartient à Dieu nous est donné en commun pour notre usage; il n'est permis d'écarter quoi que ce soit de son crédit, car la bonté et la largesse divines veulent en faire bénéficier tous les hommes.
Le jour éclaire, le soleil resplendit, la pluie irrigue, le vent souffle pareillement pour tous les hommes. Le même sommeil tombe sur tous les dormeurs, la beauté des étoiles et de la lune est la même pour tous. Il imite leur exemple celui qui partage les produits et les fruits de ses biens, en parfaite fraternité avec les autres. Celui qui donne gratuitement et avec largesse se montre juste envers tous : il est le parfait imitateur du Dieu Père.

Les promesses de Dieu dépassent toutes nos meilleures actions

Frères bien aimés, combien grande sera la gloire de ceux qui agissent de la sorte, leur allégresse sera immense et extrême quand le Seigneur commencera par recenser son peuple et décerner les récompenses promises à nos mérites et à nos œuvres, nous donnant, pour des biens éphémères, les biens du ciel, pour des biens temporels, les éternels, au lieu de petites, de grandes choses.
Le Christ nous présentera à son Père, à qui il nous a rendus par sa sainteté. Il nous accordera éternité et immortalité, qu'il nous a fait recouvrer par son sang, porteur de vie ; il nous ramènera au Paradis et nous ouvrira le Royaume des cieux, par la foi et la vérité de sa promesse. Voilà ce que nos sens doivent pénétrer intimement, ce qu'une foi débordante doit comprendre : aimer de tout notre cœur, nous montrer magnanimes en accomplissant, sans nous lasser, des œuvres de bienfaisance.
Frères très chers, ce programme, à la fois divin et magnifique, réalise notre salut, est la consolation des croyants, veille à notre sécurité, avec bienveillance, affermit notre espérance, protège notre foi, nous immunise contre le péché. Ce programme est à la portée de celui qui l'entreprend, à la fois grandiose et aisé ; il ne déclenche pas la persécution, apporte la paix, don authentique et suprême de Dieu ; nécessaire aux faibles, gloire pour les forts. Par là, le chrétien conforté se maintient dans la grâce spirituelle, se concilie la bienveillance du Christ Juge, et permet de considérer Dieu comme débiteur.
Il nous faut combattre de bon cœur et avec promptitude pour recevoir la palme des œuvres de salut ; il nous faut livrer le bon combat de la justice, sous le regard de Dieu et du Christ. Nous avons commencé à respirer plus haut que le monde et le siècle, ne retardons pas notre course par une cupidité terrestre et séculière.
Au jour de la reddition des comptes et de la persécution, si nous sommes trouvés fervents, prompts à livrer le bon combat, par nos actions, le Seigneur veillera à récompenser nos mérites. En temps de paix, il donnera aux vainqueurs la couronne immaculée pour leur action, en temps de persécution, il la doublera d'une autre de pourpre pour récompenser leurs souffrances".


Saint Cyprien

Publié dans Bible

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S
Je lis Sain t Cyprien comme une utopie ( et je crois les utopies nécessaires ) mais sans réelle conviction . D'abord je n'aime pas vraiment le premier paragraphe : Les mystiques de toutes les sectes et de tous les intégrismes donnent leurs biens et leur vie en  échange ( italiques ,  s'il vous plaît) d'un monde de bonheur et de consolation dans le paradis.Et quoi qu'en dise sain t-Paul, la vie des premières communautés réalisait, au fond l'idéal du communisme( pas de PC) et l'Eglise , l'Institution n'a pas jugé bon de le vivre que je sache  Enfin je crois que la Foi abondante , est impuissante à nous dire ce qu'est la Paradis. Elle n'en reste pas moins la Foi. Je préfère lire ce que dit Dieu, selon Péguy, de "la petite fille Espérance" Si on ne publie pas ce commentaire, je n'en serai pas affectée       S
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M
Il y a de nombreux appels à la vie simple et à la pauvreté selon l'evangile que l'Institution ecclésiale n'a pas jugé bon de suivre. Cyprien est marqué par son époque. On ne peut le reproduire. Il me semble que notre regard critique, toujours utile, doit nous conduire à créer un mode de vie totalement original. L'utopie place dans cette direction. Et si les mystiques de diverses sectes nous doublent, cela ne doit pas nous empêcher d'agir dans cette perspective en toute orthodoxie.Depuis quelques temps, peut-être à cause du quartier où je vis, ses habitants, son histoire (les canuts)... j'approfondie ma réflexion sur l'emprise de l'économisme dans le quotidien. Le blogue, en manque d'Eglise, en témoigne. L'Evangile, ses conseils, doit nous donner l'audace d'une création. C'est au moins ce que je ressens à la suite de Jean-Baptiste. Nous sommes appelés à redresser les routes du monde. Comment y arriver ? Avec notre engagement courageux et audacieux sans oublier la grâce divine.Pouvez-vouys nous donner à lire la "petite espérance" de Péguy ?En vous remerçiant.