4 - Le corps lieu de Révélation

Publié le par Michel Durand

(rapporté par Anne Chabrier) :
Germaine Richier, Crucifié, Plateau d'Assy
colloque : l'homme dans l'art actuel, lieu de la révélation, octobre 2003

Le corps participe-t-il à l'œuvre d'art, ou le corps tel qu'il est vécu est-il lieu de Révélation ? Le potentiel du corps porte en lui un espace de douleur, mais aussi de bonheur et d'espérance qu'on retrouve quand on lit les Écritures.
Faut-il passer par le figuratif ou par l'abstrait qui représente pour certains une dimension mystique, le rêve, le flou ?
Il est important que l'art soit un pont qui aide à reconnaître de manière précise ce dont on est convaincu, traduise un chemin de conversion. L'œuvre d'art nous touche en fonction de notre propre expérience du corps.



Corps idéalisé, corps meurtri

(rapporté par Georges Gaillard) :

L'échange a porté beaucoup plus sur le corps meurtri que sur le corps idéalisé.

Le point de départ : le Christ meurtri de Mathias Grünwald que nous rejetons a priori. Il ne peut être séparé de l'ensemble du retable où tout est lumière, tout est joie, tout est figuration. Est-il possible de voir un corps seulement dans l'instant où il est représenté ? Autrement dit, un corps souffrant n'est-il pas situé dans son histoire depuis son enfance ; pourquoi ne pas le projeter dans l'avenir pour qui il a été fait ?

Le problème de la résurrection des corps : cette résurrection étant à situer dans ce même contexte : nous sommes chair incluant corps et âme et esprit : l'appel à la résurrection inclut la totalité de cet être que nous sommes. La shoah ne peut être vue indépendamment d'un contexte historique.  

A propos de l'icône, dans laquelle l'être est idéalisé : peut-elle être comparée à un corps idéalisé ou souffrant de personnes qui ont bien leurs deux pieds sur terre ? L'icône est située dans une parousie qui n'est pas notre représentation du corps idéalisé ou souffrant. Dans cette représentation, ce qu'il faut c'est voir le corps en vérité, opération difficile. Aujourd'hui, des personnes sont gênées de voir le Pape à la télévision : cette image du Pape peut-elle se voir uniquement au jour d'aujourd'hui, indépendamment de sa vie antérieure ? Cette représentation de la vérité est primordiale et c'est ce qui explique le mieux la profondeur du corps de ce personnage.

Il est donc indispensable de situer le corps dans son histoire, son passé, son avenir. La même image peut être reçue, selon ce que nous sommes, comme une profonde blessure ou comme un refus. Au Plateau d'Assy, le Christ de Germaine Richier a fait couler beaucoup d'encre : les uns acceptant la représentation du Christ souffrant, les autres refusant la représentation de cette image à des malades eux-mêmes souffrant.


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