L'écologie de la Bible à nos jours
J'aborde la lecture du livre de Patrice de Plunkett, « L'écologie de la Bible à nos jours ». Mai 2008.
Pour me faire une idée, je le feuillette. Quatre heures après, je suis encore dedans.
Ce qui m'émerveille dans les textes de journalistes, c'est l'aisance avec laquelle on les lit. Un authentique plaisir. J'ai récemment ressenti cette impression avec « Les Catholiques » d'Henri Tincq, mai 2008, dont j'ai déjà parlé. Avoir en 400 pages environ, la synthèse de tout un courant de pensée me comble de bonheur.
Patrice de Plunkett, heureusement, aborde son thème sans les émotions dont je vous fais part présentement. Il observe les évènements, les traces de l'Histoire. Il en rend compte objectivement. « Seuls les faits comptent. Dans aucun domaine l'émotionnel n'est la bonne approche. Laisser l'émotion inonder le débat sur l'environnement, par exemple, c'est abandonner celui-ci à deux clans irrationnels : ceux qui haïssent les questions d'écologie, et ceux qui en font leur idole - et ne sont pas moins bruyants que les autres. »
Quand je rencontre un intellectuel laisser les évènements parler d'eux-mêmes, je me sens en sécurité. Seule la « matière » de «l'objet » étudié interpelle, toutes idéologies étant, dans la mesure du possible, mises de côté afin d'être analysées. Cette objectivité toute scientifique m'est ainsi apparue, dernièrement, chez un patrologue (étude des Pères de l'Église). La patrologie est une science qui risque souvent de tomber dans des interprétations tendancieuses dominées par des options spirituelles personnelles. Joseph Wolinski, comme Patrice de Plunkett donne au texte toute la chance de parler de lui-même. Ou, plus exactement, ils interviennent pour donner à l'écrit l'éclairage nécessaire afin que celui-ci parle de lui-même. Autrement dit, j'admire cette pédagogie qui place d'emblée devant une source textuelle afin de la comprendre en direct.
« L'Écologie de la Bible à nos jours » s'aborde de cette même façon où les fausses idées sont soulignées pour que le lecteur puisse bien saisir ce qui a été véritablement écrit.
Je vous encourage donc à lire ce livre.
Si vous n'avez qu'une faible connaissance de l'écologie, il peut être profitable de commencer par les chapitres IV et V de la première partie : « L'engrenage du XXe siècle et la naissance de l'écologie » ; « Le grand tournant du XXIe siècle ». Le Chapitre V, plus proche de notre actualité semble davantage connu. Mais, comme toute la réflexion tourne autour du fait « écologie », il est bon de bien assurer la base de la lecture en relisant notamment les chapitres selon l'ordre prévu par l'auteur.
Patrice de Plunkett met en garde contre l'accusation de judéo-christianisme qui a court dans les milieux écologistes. Vivre selon une morale judéo-chrétienne serait la tare la plus horrible, la moins humaine qui soit pour le contemporain. Pour aborder cette idée reçue, entretenue par les médias depuis plus de trente ans, pour la contester en laissant les faits parler d'eux-mêmes, les respecter dans leur objectivité, il ne faut pas être sourd ou aveugle. Le Christ disait, en substance aux pharisiens : « ceux qui ont des oreilles pour entendre, qu'ils entendent ; des yeux pour voir, qu'ils voient. Mais vous êtes sourds et aveugles, car vous ne voulez ni voir ni entendre ». N'y a-t-il pas cette forme d'aveuglement chez des écologistes remontées contre l'Église, contre le christianisme ? Ceci depuis des générations sans avoir pris le temps, ou les moyens, d'ouvrir les textes fondateurs du christianisme, Bible et Pères des origines ?
Patrice de Plunkett les ouvre pour eux. Il les présente aussi aux anti-écologistes cathos qui pensent aberrant qu'un pape puisse s'occuper de ces questions.
Qu'est-ce que la Bible ? Une bibliothèque et non un système de pensée, une morale.
Il retrace ensuite, à grands traits, l'histoire du Moyen Äge, « la verdure plus belle que tout », même dans les villes naissantes. Vient ensuite l'histoire depuis Descartes qui conduit au monde moderne. En ces quelques pages, agréables à lire, les plus sérieux des étudiants en philosophie comme les enseignants les plus au fait de leur formation, ou les techniciens et ingénieurs accrochés à leurs productions trouveront un historique de la pensée humaine apte à introduire dans la contemporanéité. Non, ce n'est pas la pensée judéo-chrétienne qui est la cause de la surexploitation de la Création, mais le désir cupide de l'Homme. Philosophes, sages de l'Antiquité non biblique ou pré-biblique ont laissé de nombreuses traces de cette humaine volonté de pouvoir. La pensée de l'Ancien et du Nouveau Testament montre, au contraire, que l'homme est invité à entretenir des relations de respect vis-à-vis de la Terre et de tout ce qui y vit. La mentalité biblique incitant à désacraliser tous les éléments du cosmos, place l'Absolu en Dieu seulement. Économie, droit, nature, cité, états... ne sont qu'au service de l'homme, celui-ci étant au service de ses frères. On parle d'une humanité fraternelle vécue dans la présence du Père.
Reprenant les mots de quelques évêques de France, à la suite de Patrice de Plunkett, je dirai : « heureux ceux qui n'ont pas peur de sortir de leurs habitudes pour moins gaspiller : ils développeront en eux le sens du bien commun ». C‘est pour le bien commun de l'univers « que Dieu nous a demandé de gérer en bon jardinier », soulignent les ateliers CCC : Chrétiens Coresponsables de la Création ».
La partie la plus originale du livre de Patrice de Plunkett est sans doute la mise en évidence des interventions de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Prolongeant l'Enseignement social de l'Église, les derniers papes de l'Église catholique abordent l'urgence d'une pensée écologique. Voilà un texte qui montre, s'il en était encore besoin, que les chrétiens sont faussement accusés d'être à la source de la surexploitation du Cosmos. Bien sûr il y a eu le XIX et le XXe siècle avec l'envahissement d'un capitalisme soutenu par de nombreux catholiques (voir le paternalisme et les œuvres des catholiques pour palier aux méfaits de l'économie). Mais, on ne peut en parler sans citer les tentatives des chrétiens sociaux qui cherchaient à mettre en place des situations de justice où l'acte caritatif ne serait plus nécessaire. Voir le chapitre III de la seconde partie.