Péché - manquement à la vérité de la Nature.

Publié le par Michel Durand

Récemment, en dialoguant avec un catéchumène, je me suis replongé dans la notion de « péché ». Le dictionnaire parle d'une transgression de la loi religieuse, de la loi divine. On pourrait évoquer la loi naturelle. Est péché ce qui n'est pas en accord avec les immuables données de l'existence.

Placer cette notion à ce niveau fondamentale, basique, me semble plus important que de parler de déviance par rapport à une loi religieuse. Seulement, dans le langage courrant, l'idée de désobéissance religieuse a envahi la pensée au point de ne parler de péché que quand dans ce contexte. A commis un péché, celle ou celui qui n'a pas été à la messe dominicale car il n'a pas eu le courage de se lever assez tôt. A commis un péché le divorcé remarié qui communie au corps du Christ alors que l'Eglise le lui a interdit.

Karl Rahner parle de péché philosophique. Manquement coupable contre la loi (morale) naturelle, dans lequel la contradiction avec la volonté de Dieu législateur n'est ni perçue, ni voulue, seule étant perçue la contradiction avec la nature humaine. La signification morale négative d'un acte par rapport à la personne humaine ne pouvant pas être comprise sans que soient saisis au moins implicitement l'être et la volonté de Dieu, un cas concret d'un péché philosophique n'est, en fait, pas possible.

C'est bien la conscience du non rapport à la volonté divine qui dévoile le péché. Reste à savoir qui est Dieu, comment son message (loi de la nature) est-il perçu ?

Saint Basile dictant sa doctrine, Francesco de Herrera l'Ancien (1585-1654), musée du Louvres.

Un matin, à la prière de l'office des lectures (mardi 1ère semaine), j'a lu ce texte de St Basile. on y parle bien existentiellement de l'acte pécheur : employer à faire le mal les facultés que Dieu nous a données pour faire le bien.

Je vous invite à lire ce texte. Un bel éclairage.


LES GRANDES RÈGLES MONASTIQUES DE SAINT BASILE


C'est Dieu qui a mis en nous le désir de l'aimer

L'amour envers Dieu n'est pas matière d'enseignement. Car personne ne nous a enseigné· à jouir de la lumière, à aimer la vie, à chérir ceux qui nous ont mis au monde ou qui nous ont élevés. De même, ou plutôt à plus forte raison, le désir de Dieu ne s'apprend pas par un enseignement venu de l'extérieur ; dès que cet être vivant (c'est l'homme que je veux dire) commence à exister, une sorte de germe est déposé en nous qui possède en lui-même le principe interne de l'amour. C'est à l'école des commandements de Dieu qu'il nous convient de l'accueillir, de le cultiver avec soin, de le nourrir avec intelligence et, par la grâce de Dieu, de le conduire à sa perfection.

J'approuve votre zèle, il est nécessaire pour atteindre ce but. Si Dieu nous l'accorde, et avec l'aide de vos prières, nous allons essayer, autant que l'Esprit Saint nous en donnera le pouvoir, d'exciter l'étincelle de l'amour divin qui se trouve en vous. (...)

Nous devons dire d'abord que nous avons reçu de Dieu, préalablement à tous les commandements qu'il nous a donnés, la force et la capacité de les accomplir ; ainsi nous ne devons ni nous révolter comme si l'on exigeait de nous quelque chose d'inouï, ni être fiers comme si nous apportions plus que nous n'avons reçu. Si nous employons ces forces loyalement et comme il faut, nous vivons saintement selon la vertu ; mais si nous en faisons un mauvais usage, nous tombons dans le vice.

C'est ainsi que le vice se définit : employer à faire le mal les facultés que Dieu nous a données pour faire le bien, contrairement à ses commandements. Au contraire, la vertu que Dieu attend de nous consiste à employer ces mêmes facultés, sous l'influence d'une conscience droite, selon le commandement de Dieu.

Cela étant, nous dirons la même chose de la charité. En recevant de Dieu l'ordre de l'aimer, nous avons reçu, dès notre origine, l'aptitude à l'aimer. Cela ne nous est pas démontré par des arguments extérieurs. Chacun peut l'apprendre par lui-même et en lui-même. Nous désirons par nature ce qui est bon et beau, bien que la même chose n'apparaisse pas bonne et belle à celui-ci et à celui-là. Nous n'avons pas besoin qu'on nous apprenne à aimer nos parents et nos proches, et c'est spontanément que nous accordons notre bienveillance à ceux qui nous font du bien.

Or, je vous le demande, y a-t-il rien de plus admirable que la beauté divine ? Que peut-on imaginer de plus digne de plaire et de plus agréable que la magnificence de Dieu ? Y a-t-il un désir plus fort et violent comme celui que Dieu inspire à l'âme purifiée de tout vice et qui s'écrie sincèrement : je suis blessé d'amour ? Les splendeurs de la beauté divine sont inexprimables et indescriptibles.


Publié dans Anthropologie

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L
Musicothérapie et religion :R.V. le 29 dans les rues de France et de Navare (€urope) ! cordial                                                                       L.M.
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M
"On pourrait évoquer la loi naturelle. Est péché ce qui n'est pas en accord avec les immuables données de l'existence."Hum ...une telle définition me semble problèmatique. Car finalement on remplace Dieu par des "données immuables de l'existence". Or comment définir ces données immuables de l'existence ? ex : à titre personnel, je considère que l'homosexualité n'est pas un péché. Mais certains pourraient dire que c'est contraire au données immuables de l'existence. Ce qui ne me semble loins d'être sur (il existe des animaux homo par exemple).Le théologien Tillich relève trois définition courante du Péché (avec un grand p). - l'incroyance.  Mais comment appeler l'incroyance "péché" sans stigmatiser ainsi les athées ?- l'hubrice, la démesure- la concupiscence, le désir de tout posséder.Il me semble que les deux derniers se regroupent.Mais il s'agit là du péché et non pas de la catégorie d'actions "péchés" qui est, il me semble, ce que vous essyez de définir.La question est donc à mon sens "Comment passé du péché à la catégorie "péché" ?"
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M
<br /> Peut-on parler de Création sans Créateur ? A partir de la création, de la Nature voir Dieu.  C'est tout le thème de l'Alliance biblique à approfondir. A approfondir avec Augustin et Pélage.<br /> <br /> <br />