Homélie du jeudi saint
1ère lecture : L'agneau pascal (Ex 12, 1-8.11-14)
Psaume : 115, 12-13, 15-16ac, 17-18
2ème lecture : Le repas du Seigneur (1Co 11, 23-26)
Rubens, Musée des Beaux Arts, Dijon
Evangile : Le lavement des pieds (Jn 13, 1-15)
Dimanche dernier, dimanche de la Passion, je rappelais qu'il était bon de lire et relire les récits de la Passion du Christ afin de se glisser dans les sentiments exprimés soit par le Christ, soit par les apôtres ou les personnes rencontrées.
Par exemple, Jésus invite les pleureuses de Jérusalem, qui pleuraient sur le chemin le conduisant au crucifiement, à pleurer non sur lui, mais sur elles-mêmes : « pleurez plutôt sur vos péchés ». Le repentir est la première étape de la conversion. En effet, si nous ne regrettons pas le mal commis comment allons-nous rejeter toutes espèces de tort fait contre Dieu et le prochain ?
Aujourd'hui, dans ce commentaire d'Évangile, je reprends l'appel à la conversion que Dieu nous adresse sans cesse. Je choisis ce thème parce que, pendant le carême, nous avons plusieurs fois eu l'occasion de parler du sacrement de la réconciliation, notamment à Saint-Bonaventure, pendant la journée du pardon.
Dieu nous donne son pardon.
Le pardon de Dieu est donné à chaque messe. Il est donné plusieurs fois ; au début (liturgie pénitentielle), à la consécration, avant la communion. Écoutons bien ce que la liturgie eucharistique dit à propos du repas inauguré par le Christ Jésus.
« Prenez et mangez en tous, ceci est mon corps livré pour vous »
« Prenez et buvez en tous, ceci est la coupe de mon sang versé pour la multitude en rémissions des péchés »
Nous devons parler du sacrement de la réconciliation en lien avec l'institution de l'eucharistie.
Comment Jésus, Dieu, pardonne-t-il ?
Il est difficile de faire comprendre la présence du Tout-Puissant dans les simples nourritures que sont le pain et le vin.
Alors, un autre événement va se faire pédagogique.
Jésus (Dieu) pose son vêtement. Il se met à l'aise pour pouvoir s'agenouiller. Il prend un linge, le noue à sa ceinture. Il fait ce que les esclaves avaient l'obligation de faire : enlever la poussière sur les pieds des invités afin de pouvoir entrer dans la maison. Les apôtres ont tous compris ce geste. Leur maître et Seigneur Dieu s'est agenouillé devant chacun d'eux afin de poser, à leur adresse, un geste de serviteur. C'est là tout le sens de l'eucharistie. Par elle, le Dieu trois fois saint se met au service de l'humanité entière. Jésus se donne aux hommes pour la rémission des péchés.
Agissant ainsi il anticipe ce qui lui arrivera. Contre sa volonté, mais sans vouloir y échapper, Jésus devra payer de sa mort le prix de la Rédemption de tous les hommes. Jésus accepte de passer par la mort afin de permettre la résurrection.
Demain, nous méditerons sur la mort qui est porte vers la vie.
Maintenant, regardons attentivement la fin de l'Évangile de Saint-Jean.
Jésus dit : « c'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous ».
Nous sommes au service de l'humanité. Nous sommes comme ce sang versé pour une multitude. Nous sommes, selon le mot de Paul, une offrande agréable à Dieu pour que le monde vive. Nous sommes le témoin de la grâce de Pâques, le don de la résurrection. Nous sommes comme le vêtement sur lequel Jésus marche pour entrer dans Jérusalem, la céleste (voir, dimanche dernier, le texte de Saint André de Crète). Nous sommes, pour le quartier, signe de l'amour de Dieu. Et je dis cela en pensant aux diverses sollicitations que nous recevons, soit pour les « sans papiers », soit pour les problèmes liés aux bâtiments : antennes, garages...
Voici ce que nous pourrions écrire (ou dire) à nos voisins :
La fête de Pâques est, pour nous, la plus grande fête. Dieu, auteur de la vie, manifeste la force de son amour. Il nous dit : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ».
Nous vous écrivons parce que nous sommes voisins. Nous vous écrivons avec l'espoir de mieux se connaître. Il est bon que les voisins se connaissent, que nous communiions à vos soucis de chaque instant.
Nous souhaitons vous renouveler que nous sommes plus que jamais désireux de servir la qualité de la vie du quartier. Tout en respectant la liberté de chacun, notre spécificité a quelque intérêt pour augmenter la chaleur des relations entre habitants.
Que notre message manifeste, concrètement, le désir que Dieu a de voir en tout homme ses enfants. Et que tous les hommes soient heureux.
Dans la joie, donc, de la fête de Pâques.