Un vrai vivre ensemble
De Jean-Marie Delthil. 16 juin 2009.
Écrivain, artiste peintre, chômeur de (très) longue durée.
A lire après avoir lu ou entendu (si cela vous chante) mon homélie de dimanche
dernier.
<<Oui, vous venez d'avoir une discussion avec une personne que vous connaissez assez bien sans même la connaître vraiment... l'échange fut long...
Cette personne, au fil des mots échangés, a pris conscience que vous savez réfléchir, avancer des arguments, approfondir les sujets abordés - vous êtes manifestement intelligent ou tout du moins sensé, alors, pourquoi ce chômage de longue durée qui vous colle à la peau ?! L'argument de la crise économique que vous avez avancé semble ne pas tenir, ne pas la séduire - à bien vous regarder et vous entendre -, ne pas lui suffire... la contenter...... Vous avancez donc... en eau profonde... en terrain miné... vous lui exprimez à présent - en marchant sur des œufs - que vous ne souhaitez finalement pas faire marcher le piston ou les relations pour trouver un job - et quel job, d'ailleurs, y aurait-il donc pour vous, justement, alors que vous êtes peu diplômé et disons... assez indépendant ?... Des jobs qui pourraient bien être pénibles sans même vous correspondre et surtout, oui, assez vidés et comme exsangues d'un sens véritable et profond : vidés de l'aide qu'on apporte à autrui, ou en tous cas vidés de la relation vraie, éprouvée et sincère - le travail, n'est-ce pas de l'aide, en son sens profond, à bien y regarder ?! La personne se fâche, « vous n'êtes donc pas "des notre" ?!... », « vous ne souhaitez donc pas collaborer à "l'effort de guerre" ?!... » - passez-moi je vous prie, les expression collaborer, et puis effort de guerre, c'est un peu excessif, j'en conviens... Enfin, non, vous ne souhaitez décidemment pas vous lancer dans la mêlée, dans la mêlée ordinaire dirons-nous, celle qui ne voit que son propre camp, son seul et unique intérêt, sans même penser aux autres - ou si peu. Seulement, les temps semblent à présent changer. L'époque du « tout-profit-et-tout-tout-de-suite, pour-moi-et-pour-moi-seul » - pour mes copains à la rigueur, semble passer de mode. Doucement. Un vent nouveau se lève, meilleur, bien meilleur, je pense... Il est plus doux, il caresse la peau... L'autre vous regarde... elle vous dévisage, à présent, cette personne, plus qu'elle ne vous regarde. Et voilà le scandale : par son travail, par ses impôts et ses cotisations, elle vous aurait donc aidé tant bien que mal « à ne rien faire » (RMI-RSA) - et qui plus est, à « saboter » son œuvre et son travail, alors que vous vous contentiez de vous exprimer, de-ci de-là, au sujet du chômage et de la vie en société, tels que vous les ressentiez et les imaginiez. Incroyable !... Elle pourrait vous haïr, cette personne. Peu importe finalement, vous la laissez à ses propres jugements que vous ne jugez pas.
Et vous espérez, oui, en agissant selon vos dons, même modestement, pour un vrai vivre ensemble, et c'est déjà pas mal...
- Pardonnez-moi, j'ai peut-être, dans tous mes dires, encore un peu forcé le trait.
Trouvons un vrai désir de vivre ensemble ! >>