Un vrai vivre ensemble

Publié le par Michel Durand

De Jean-Marie Delthil. 16 juin 2009.

Écrivain, artiste peintre, chômeur de (très) longue durée.

A lire après avoir lu ou entendu (si cela vous chante) mon homélie de dimanche dernier.


<<Oui, vous venez d'avoir une discussion avec une personne que vous connaissez assez bien sans même la connaître vraiment... l'échange fut long...

Cette personne, au fil des mots échangés, a pris conscience que vous savez réfléchir, avancer des arguments, approfondir les sujets abordés - vous êtes manifestement intelligent ou tout du moins sensé, alors, pourquoi ce chômage de longue durée qui vous colle à la peau ?! L'argument de la crise économique que vous avez avancé semble ne pas tenir, ne pas la séduire - à bien vous regarder et vous entendre -, ne pas lui suffire... la contenter...... Vous avancez donc... en eau profonde... en terrain miné... vous lui exprimez à présent - en marchant sur des œufs - que vous ne souhaitez finalement pas faire marcher le piston ou les relations pour trouver un job - et quel job, d'ailleurs, y aurait-il donc pour vous, justement, alors que vous êtes peu diplômé et disons... assez indépendant ?... Des jobs qui pourraient bien être pénibles sans même vous correspondre et surtout, oui, assez vidés et comme exsangues d'un sens véritable et profond : vidés de l'aide qu'on apporte à autrui, ou en tous cas vidés de la relation vraie, éprouvée et sincère - le travail, n'est-ce pas de l'aide, en son sens profond, à bien y regarder ?! La personne se fâche, « vous n'êtes donc pas "des notre" ?!... », « vous ne souhaitez donc pas collaborer à "l'effort de guerre" ?!... » - passez-moi je vous prie, les expression collaborer, et puis effort de guerre, c'est un peu excessif, j'en conviens... Enfin, non, vous ne souhaitez décidemment pas vous lancer dans la mêlée, dans la mêlée ordinaire dirons-nous, celle qui ne voit que son propre camp, son seul et unique intérêt, sans même penser aux autres - ou si peu. Seulement, les temps semblent à présent changer. L'époque du « tout-profit-et-tout-tout-de-suite, pour-moi-et-pour-moi-seul » - pour mes copains à la rigueur, semble passer de mode. Doucement. Un vent nouveau se lève, meilleur, bien meilleur, je pense... Il est plus doux, il caresse la peau... L'autre vous regarde... elle vous dévisage, à présent, cette personne, plus qu'elle ne vous regarde. Et voilà le scandale : par son travail, par ses impôts et ses cotisations, elle vous aurait donc aidé tant bien que mal « à ne rien faire » (RMI-RSA) - et qui plus est, à « saboter » son œuvre et son travail, alors que vous vous contentiez de vous exprimer, de-ci de-là, au sujet du chômage et de la vie en société, tels que vous les ressentiez et les imaginiez. Incroyable !... Elle pourrait vous haïr, cette personne. Peu importe finalement, vous la laissez à ses propres jugements que vous ne jugez pas.

Et vous espérez, oui, en agissant selon vos dons, même modestement, pour un vrai vivre ensemble, et c'est déjà pas mal...

 - Pardonnez-moi, j'ai peut-être, dans tous mes dires, encore un peu forcé le trait.


Trouvons un vrai désir de vivre ensemble ! >>



Publié dans J. M. Delthil

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J
Merci Michel, d'avoir relayé mes idées et mon texte "Pour un vrai vivre ensemble", et, entre nous, un grand pardon à Monsieur Jean-Claude Pocher si je "collabore" honteusement en perçevant le RMI qui se trouve être maintenant le RSA.Ces idées - cette idée, cet amalgame entre le fait de perçevoir le RMI et "collaborer" et pour le moins nauséabond, je pense (je t'avais tout d'abord écrit "puant", mais tu m'as suggeré d'adoucir le terme en vue d'un dialogue possible). J'ajoute : dangereux ; cet amalgame - le fait de faire cet amalgame, est selon moi dangereux. Oui. Je souhaite simplement que vous : Monsieur Pocher, vous ne soyez pas un provocateur, ou bien un inconscient - ce qui pourrait être finalement un peu la même chose lorsque l'on parle de pauvreté. Bien amicalement à toi, Michel, et il y a - comme je te l'écrivais - encore du pain sur la planche pour ouvrir les consciences !Jean-Marie Delthil, l'auteur de l'article ci-dessus.Et j'ajoute : "courage pour toutes celles et ceux qui sont dans la pauvreté !" (et pour les autres, bien entendu) That's all.
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M
<br /> Dans son ouvrage « le moment fraternité », Régis Debray dit ce qui me semble évident. Au courts d’un débat-internet, à propos de l’argent il écrit : Dans nos sociétés occidentales, il y a une<br /> logique étouffant la conscience collective (exception faite du périmètre purement religieux), c’est la logique du marché et de l'argent roi. Si elle n'était pas dominante, je n'aurais pas ressenti<br /> le besoin de la mettre en question dans cet ouvrage sur cette arme anti-apartheid que peut devenir la fraternité. Voir ici.<br /> <br /> <br />
J
Le témoignage direct du philosophe et homme de la rue "R" serait en effet très interessant - et certainement pas une "collaboration", n'est-ce pas ?... Pas plus que n'est une "collaboration" le fait de percevoir le RMI ou le RSA - je puis vous le certifier, Monsieur Jean-Claude Pochet.Courage pour tout le monde, car il en faut !!Jean-Marie Delthil, auteur de l'article "Un vrai vivre ensemble".
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P
Peu d’information sur R. très discret sur sa vie. Il dort dans la rue. Refusant toute forme d’assistanat, il se nourrit des restes de nourriture qu’il trouve dans les poubelles aux alentours d’une grande gare. Boulimique de lecture, il est intarissable sur les problème de société, ce qui lui a valu le surnom de “R. le philosophe”.
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J
Je connais quelqu'un qui a choisi de "ne pas collaborer". Cohérent avec ses choix, il a aussi décidé de refuser toute aide publique : RMI, etc...Son courage et sa détermination forcent le respect de ceux qui le rencontrent.
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M
<br /> Accepteriez-vous de nous en dire plus ? de nous faire partager son témoignage ? Merci .<br /> <br /> <br />