Le vote Sarkozy et le message chrétien sont-ils conciliables ?
Je reçois ce jour ce texte, rédigé par le groupe Pavé, le 23 avril 2007. Il entre entièrement dans le débat que je souhaite pour le bien de l'Eglise, corps du Christ. Votre avis ?
Pavé = Pour une attitude vigilante dans l'Eglise
L’Eglise a vocation à être universelle. Elle accueille ses fidèles quelles que soient leurs opinions politiques. Toutefois, l’Eglise a aussi le devoir de rejeter les doctrines politiques qui vont à l'encontre du message chrétien. C’est pourquoi elle a justement condamné les positions du Front national, que les évêques de France ont qualifiées d’antichrétiennes. C’est aussi pourquoi, récemment encore, elle s’est engagée courageusement aux côtés des « sans papiers ».
Nous, chrétiens, au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle du 22 avril 2007, nous nous sentons le devoir d’interpeller nos frères et sœurs chrétiens, et au-delà tous nos compatriotes, sur les questions que nous pose la candidature de Nicolas Sarkozy.
Ses démonstrations de catholicisme très ostentatoires correspondent peu à l’idée que nous nous faisons de la manière dont les chrétiens doivent s’impliquer dans la vie politique de notre pays. Elles nous autorisent aujourd'hui à questionner sa candidature.
En effet, la rupture que Nicolas Sarkozy incarne avec la droite gaullienne et la démocratie chrétienne, son attachement revendiqué au modèle culturel, politique et économique étatsunien, ses liens étroits avec les pouvoirs économique et médiatique, nous interrogent.
Cette critique a été étayée par de nombreux ouvrages. Nous l’appuierons ici tout simplement sur deux slogans de sa campagne : « Travailler plus pour gagner plus » et « Ensemble, tout devient possible ».
Ensuite « Ensemble, tout devient possible ». Cette formule est pour nous tout simplement la négation de la chose politique. Le rôle d’un homme ou d’une femme politique est de réguler la vie publique. Sa légitimité est bien de rappeler au contraire que « tout n'est pas possible » et notamment aux pouvoirs économiques. Ce deuxième slogan sous-tend surtout un message de toute-puissance à l’exact contraire de l’idée que nous nous faisons du rôle d’un responsable.
Traditionnellement, l’Église catholique française était considérée plutôt à gauche sur les questions de justice sociale et plutôt à droite sur les questions de mœurs. Par exemple, comme chrétiens, nous ne considérons pas que l’indifférenciation sexuelle soit un « progrès ». Des psychologues ont mis en évidence, de façon très scientifique, le caractère fondamentalement structurant de l’altérité homme/femme pour le développement de l’enfant. Nous refusons le terrorisme intellectuel qui consiste à disqualifier les opposants à l’homoparentalité en les qualifiant de « réactionnaires ». Nous pensons au contraire que le véritable progrès passe par la reconnaissance de l’altérité des genres pour l’épanouissement de l’enfant. Or, même sur ces questions de mœurs, nous sommes en désaccord avec Nicolas Sarkozy puisqu’il a affirmé sa volonté de voir avancer la légalisation de l’homoparentalité.
Nous engageons donc les chrétiens de France à réfléchir à ses considérations lors du second tour du 6 mai.