La rencontre des personnes l'emporte sur la rigueur de l'application des lois
Du Vatican, Pax Christi : Ne plus financer Amnesty International
Le cardinal italien Renato Martino, de Pax Christi, demande aux catholiques de ne plus soutenir financièrement Amnesty International. Selon le journal La Croix (13 et 14 juin 2007), il accuse cette ONG de soutien aux droits de l'homme, de mener une politique favorable à l'avortement.
En lisant cette information, notamment sur internet, dont j'avais déjà entendu quelques éléments à la radio, me sont revenus à l'esprit des éléments de cours (théologie morale) reçus à l'université pontificale grégorienne. Les cours sont dispensés par des jésuites. Quand on parle d'eux à propos de cet enseignement, reviennent en mémoire trois mots : laxisme, rigorisme, casuistique. On peut les appliquer à l'actualité.
Ne pas tuer
Le principe fondamentale, plus ancien que le code d'Hamourabi qui sera repris dans les « dix commandements » bibliques, est tu ne tueras pas . Cet interdit de tuer prend en compte les enfants. La loi contre l'infanticide marque un progrès de civilisation.
Par rapport aux Romains traditionnels dans leur attachement religieux à l'empereur divinisé, on signalera que les chrétiens ne se distinguent pas d'eux sur beaucoup de point hormis qu'ils ne tuent pas les enfants et que, tout en respectant la loi de l'Etat, ils ne font aucune offrande aux dieux de l'empire.
Voici ce que j'ai écrit, il y a trois ans, dans une homélie :
Un siècle environ après la rédaction des Actes des Apôtres -qui datent vraisemblablement des années 50- un anonyme écrivit une lettre à Diognète que j'aime beaucoup. Il est dit, dans cette correspondance que les Chrétiens vivent absolument comme tous les autres citoyens. Ils mangent comme tout le monde, s'habille comme tout le monde. Ils n'usent pas de langue spéciale. Leur morale est celle de la ville où ils vivent. Seulement, ils ne tuent pas les enfants non désirés ou mal venus et ils respectent en tout point les hommes quelques qu'ils soient ; car ceux-ci, même d'ethnies différentes, sont leurs frères, leurs sœurs.
Avant la naissance
La connaissance du processus biologique de la naissance dans le sein de la mère étend naturellement le devoir de respecter la vie de l'enfant à la période qui précède la naissance. Jaillit alors la délicate question : à quel moment naît la vie ? L'être humain, potentiellement un enfant, existe-t-il dés le premier instant de la fécondation ? Si oui, il y a homicide dés ce moment. L'avortement, ou interruption volontaire (IVG) de grossesse, est sans aucun doute un homicide. Une juste reconnaissance de ce commandement ne peut que se prononcer contre l'avortement.
Mon professeur de morale, pour signifier la complexité du problème, donnait l'exemple suivant. Un cas d'école, assurément, dont on pouvait penser qu'il ne se réaliserait jamais. L'histoire de ces dernières années, quelle que soit la contrée prouve le contraire.
Le cas.
Dans un pays en état de guerre, une religieuse se fait violer. Ses agresseurs disparus, que doit-elle faire ?
A cause de la gravité du choc subi, pour garder un maximum de lucidité, cette religieuse, malgré le traumatisme persistant, doit en parler au plus vite à sa supérieure. Celle-ci l'aidera à retrouver le calme. Puis sans tarder, elles se rendront dans un hôpital, un dispensaire, ou une pharmacie afin de se procurer la pilule adéquate. L'idéal est d'absorber un médicament anti fécondation. Mais est-on certain que ce qui empêche la fécondation ne soit pas en même temps une pilule abortive ? Quel que soit le doute, il importe de prendre au plus vite cette solution radicale, car même s'il y a risque de tuer un fétus potentiel, il y a protection d'une personne vivante qui n'a pas demandée à être sexuellement agressée. Entre une vie à venir et une personne bien actuelle et bien vivante, mais en danger dans son avenir, la sagesse demande de soutenir la personne vivante en la protégeant des conséquences du viol. La reconnaissance récente des droits de la femme et l'amélioration des relations hommes- femmes, même à l'intérieur d'un couple, font que l'on ne va plus sacrifier la mère au bénéfice de l'enfant à naître. La procréation n'est pas la fin ultime du mariage.
Cette réflexion pastorale qui, tout en n'ignorant pas le principe fondamentale de l'interdit de l'infanticide même avant la conception, s'efforce d'entrer dans le détail de l'existence faite de points particuliers, porte le nom de casuistique. Entre divers maux, il importe de dialoguer et de réfléchir pour discerner où est le moindre mal.
Beaucoup de lois sur l'avortement sont à saisir dans le cadre, non des principes, mais de ce moindre mal. La loi Veil (1974) n'avait-elle pas pour but d'éviter le recours à des pratiques abortives clandestines et dangereuses par leur manque d'hygiène ? N'y a-t-il pas des détresses d'adolescents immatures à prendre en compte ? Les questions pour s'avoir où est le moindre mal sont largement moins difficiles à résoudre quand il s'agit de situations en temps de guerre ou en terrorisme comme celle évoquées par Amnesty International.
Amnesty International se défend de prôner l'avortement
Francis Perrin (Amnesty International) explique : « Nous n'avons pas du tout le sentiment d'avoir trahi notre mission... Dans ce cadre, nous nous sommes demandé quelle réponse apporter à des victimes de viol, d'agression sexuelle, d'inceste à des femmes à qui l'on refuse des soins parce qu'elles ont avorté ou à des femmes dont la grossesse représente un risque très important et qui sont jetées en prison parce qu'elles ont dû avorter. Qu'est-ce que cela apporte de les jeter en prison ? »... « C'est le devoir d'une organisation de défendre des droits humains que de défendre les victimes. Le fait de se prononcer pour la dépénalisation de l'avortement ne veut pas dire que notre organisation est favorable à l'avortement ».
Laxisme ou rigorisme ?
Dans les études de cas tels que le pratique (ou pratiquait) la casuistique, on peut frôler le laxisme. Le risque de manquer de miséricorde en voulant à tout prix appliquer une loi sans considération des personnes (appelons cela le rigorisme) n'est-il pas plus grave ? Je le pense. M'appuyant sur le message de l'Evangile, je dis que celle ou celui qui n'a jamais péché, qui mène une vie où tout est totalement parfait, jette la première pierre. Dans la polémique virulente entre Pascal et les jésuites, malgré mon admiration pour la pensée de Pascal (Les Provinciales), je prends le parti des jésuites.
Le cardinal italien Renato Martino, de Pax Christi, demande aux catholiques de ne plus soutenir financièrement Amnesty International. Selon le journal La Croix (13 et 14 juin 2007), il accuse cette ONG de soutien aux droits de l'homme, de mener une politique favorable à l'avortement.
En lisant cette information, notamment sur internet, dont j'avais déjà entendu quelques éléments à la radio, me sont revenus à l'esprit des éléments de cours (théologie morale) reçus à l'université pontificale grégorienne. Les cours sont dispensés par des jésuites. Quand on parle d'eux à propos de cet enseignement, reviennent en mémoire trois mots : laxisme, rigorisme, casuistique. On peut les appliquer à l'actualité.
Ne pas tuer
Le principe fondamentale, plus ancien que le code d'Hamourabi qui sera repris dans les « dix commandements » bibliques, est tu ne tueras pas . Cet interdit de tuer prend en compte les enfants. La loi contre l'infanticide marque un progrès de civilisation.
Par rapport aux Romains traditionnels dans leur attachement religieux à l'empereur divinisé, on signalera que les chrétiens ne se distinguent pas d'eux sur beaucoup de point hormis qu'ils ne tuent pas les enfants et que, tout en respectant la loi de l'Etat, ils ne font aucune offrande aux dieux de l'empire.
Voici ce que j'ai écrit, il y a trois ans, dans une homélie :
Un siècle environ après la rédaction des Actes des Apôtres -qui datent vraisemblablement des années 50- un anonyme écrivit une lettre à Diognète que j'aime beaucoup. Il est dit, dans cette correspondance que les Chrétiens vivent absolument comme tous les autres citoyens. Ils mangent comme tout le monde, s'habille comme tout le monde. Ils n'usent pas de langue spéciale. Leur morale est celle de la ville où ils vivent. Seulement, ils ne tuent pas les enfants non désirés ou mal venus et ils respectent en tout point les hommes quelques qu'ils soient ; car ceux-ci, même d'ethnies différentes, sont leurs frères, leurs sœurs.
Avant la naissance
La connaissance du processus biologique de la naissance dans le sein de la mère étend naturellement le devoir de respecter la vie de l'enfant à la période qui précède la naissance. Jaillit alors la délicate question : à quel moment naît la vie ? L'être humain, potentiellement un enfant, existe-t-il dés le premier instant de la fécondation ? Si oui, il y a homicide dés ce moment. L'avortement, ou interruption volontaire (IVG) de grossesse, est sans aucun doute un homicide. Une juste reconnaissance de ce commandement ne peut que se prononcer contre l'avortement.
Mon professeur de morale, pour signifier la complexité du problème, donnait l'exemple suivant. Un cas d'école, assurément, dont on pouvait penser qu'il ne se réaliserait jamais. L'histoire de ces dernières années, quelle que soit la contrée prouve le contraire.
Le cas.
Dans un pays en état de guerre, une religieuse se fait violer. Ses agresseurs disparus, que doit-elle faire ?
A cause de la gravité du choc subi, pour garder un maximum de lucidité, cette religieuse, malgré le traumatisme persistant, doit en parler au plus vite à sa supérieure. Celle-ci l'aidera à retrouver le calme. Puis sans tarder, elles se rendront dans un hôpital, un dispensaire, ou une pharmacie afin de se procurer la pilule adéquate. L'idéal est d'absorber un médicament anti fécondation. Mais est-on certain que ce qui empêche la fécondation ne soit pas en même temps une pilule abortive ? Quel que soit le doute, il importe de prendre au plus vite cette solution radicale, car même s'il y a risque de tuer un fétus potentiel, il y a protection d'une personne vivante qui n'a pas demandée à être sexuellement agressée. Entre une vie à venir et une personne bien actuelle et bien vivante, mais en danger dans son avenir, la sagesse demande de soutenir la personne vivante en la protégeant des conséquences du viol. La reconnaissance récente des droits de la femme et l'amélioration des relations hommes- femmes, même à l'intérieur d'un couple, font que l'on ne va plus sacrifier la mère au bénéfice de l'enfant à naître. La procréation n'est pas la fin ultime du mariage.
Cette réflexion pastorale qui, tout en n'ignorant pas le principe fondamentale de l'interdit de l'infanticide même avant la conception, s'efforce d'entrer dans le détail de l'existence faite de points particuliers, porte le nom de casuistique. Entre divers maux, il importe de dialoguer et de réfléchir pour discerner où est le moindre mal.
Beaucoup de lois sur l'avortement sont à saisir dans le cadre, non des principes, mais de ce moindre mal. La loi Veil (1974) n'avait-elle pas pour but d'éviter le recours à des pratiques abortives clandestines et dangereuses par leur manque d'hygiène ? N'y a-t-il pas des détresses d'adolescents immatures à prendre en compte ? Les questions pour s'avoir où est le moindre mal sont largement moins difficiles à résoudre quand il s'agit de situations en temps de guerre ou en terrorisme comme celle évoquées par Amnesty International.
Amnesty International se défend de prôner l'avortement
Francis Perrin (Amnesty International) explique : « Nous n'avons pas du tout le sentiment d'avoir trahi notre mission... Dans ce cadre, nous nous sommes demandé quelle réponse apporter à des victimes de viol, d'agression sexuelle, d'inceste à des femmes à qui l'on refuse des soins parce qu'elles ont avorté ou à des femmes dont la grossesse représente un risque très important et qui sont jetées en prison parce qu'elles ont dû avorter. Qu'est-ce que cela apporte de les jeter en prison ? »... « C'est le devoir d'une organisation de défendre des droits humains que de défendre les victimes. Le fait de se prononcer pour la dépénalisation de l'avortement ne veut pas dire que notre organisation est favorable à l'avortement ».
Laxisme ou rigorisme ?
Dans les études de cas tels que le pratique (ou pratiquait) la casuistique, on peut frôler le laxisme. Le risque de manquer de miséricorde en voulant à tout prix appliquer une loi sans considération des personnes (appelons cela le rigorisme) n'est-il pas plus grave ? Je le pense. M'appuyant sur le message de l'Evangile, je dis que celle ou celui qui n'a jamais péché, qui mène une vie où tout est totalement parfait, jette la première pierre. Dans la polémique virulente entre Pascal et les jésuites, malgré mon admiration pour la pensée de Pascal (Les Provinciales), je prends le parti des jésuites.