Eglise "exculturée", son accueil de l'art actuel
Je n’avais pas lu l’article de A.-B. Hoffner (voir ci-dessous) quand j’ai écrit mes pensées sur le décalage culturel, entre Eglise et Société. Comme je pense que la réflexion de ces musiciens est bien menée je la transcris ici. Surtout, elle est beaucoup plus sérieuse. Un bon complément à mes propres pensées.
Enfin, je suis persuadé que l’abandon par « l’Institution » des costumes XVe ou XVIIe, chapeau rond ou bonnet à corne, marquerait une ouverture sans retour. Ce serait le signe d’une insertion en plein XXIe siècle.
En fait, il faudrait un vrai débat, officiel, sur la question. L’article de la Croix en donne la trame.
Pourtant, il y a un point sur lequel je prends une distance : le qualificatif « chrétien ». Il n’y pas d’art chrétien. Ni musique, ni rock, ni peinture, ni sculpture, ni littérature, etc… chrétienne. Il y a des musiciens qui créent de la musique et qui sont chrétiens, des philosophes (des rockeurs) qui témoignent de leur attachement au Christ tout en étant philosophe… rockeurs.
Le contenu d’une œuvre artistique peut raconter une histoire chrétienne et en ce sens, il est logique de parler d’art chrétien ; est-ce que cela sera toujours de l’art ? A.-B. Hoffner souligne cette nuance en parlant de « ceux qui ont fait le choix de textes au message “indirect” ».
Va-t-on limiter la création chrétienne à ce qui relève directement du catéchisme ?
Des sentiments non explicitement évangéliques peuvent conduire à la vérité du Christ ce qui m’incite à dire que l’on ne peut, en Eglise, limiter l’art au label dit « chrétien ». En un mot, parler d’art chrétien est trop étroit. Parlons, de l’homme qui se reconnait dans la ligne du Christ et qui crée de la musique, des poèmes…. Une nuance minime, me direz-vous. N’est-ce pas le nœud du dialogue tant souhaité par les musiciens rencontrés par A.-B. Hoffner ! La pointe du débat de l’inculturation d’une Eglise « exculturée », (voir le texte d’hier).
La scène rock chrétienne traverse une crise
Enfin, je suis persuadé que l’abandon par « l’Institution » des costumes XVe ou XVIIe, chapeau rond ou bonnet à corne, marquerait une ouverture sans retour. Ce serait le signe d’une insertion en plein XXIe siècle.
En fait, il faudrait un vrai débat, officiel, sur la question. L’article de la Croix en donne la trame.
Pourtant, il y a un point sur lequel je prends une distance : le qualificatif « chrétien ». Il n’y pas d’art chrétien. Ni musique, ni rock, ni peinture, ni sculpture, ni littérature, etc… chrétienne. Il y a des musiciens qui créent de la musique et qui sont chrétiens, des philosophes (des rockeurs) qui témoignent de leur attachement au Christ tout en étant philosophe… rockeurs.
Le contenu d’une œuvre artistique peut raconter une histoire chrétienne et en ce sens, il est logique de parler d’art chrétien ; est-ce que cela sera toujours de l’art ? A.-B. Hoffner souligne cette nuance en parlant de « ceux qui ont fait le choix de textes au message “indirect” ».
Va-t-on limiter la création chrétienne à ce qui relève directement du catéchisme ?
Des sentiments non explicitement évangéliques peuvent conduire à la vérité du Christ ce qui m’incite à dire que l’on ne peut, en Eglise, limiter l’art au label dit « chrétien ». En un mot, parler d’art chrétien est trop étroit. Parlons, de l’homme qui se reconnait dans la ligne du Christ et qui crée de la musique, des poèmes…. Une nuance minime, me direz-vous. N’est-ce pas le nœud du dialogue tant souhaité par les musiciens rencontrés par A.-B. Hoffner ! La pointe du débat de l’inculturation d’une Eglise « exculturée », (voir le texte d’hier).
La scène rock chrétienne traverse une crise
Trois groupes, dont Glorious,
ont décidé d'arrêter la scène. Plusieurs
se plaignent d’un manque de soutien de l'Eglise
"C'est le cœur rempli d'émotions que nous vous annonçons qu'il est l'heure pour nous aujourd'hui, après cinq ans de tournées, de faire une pause, de réfléchir sur l'avenir." Le groupe de pop-louange Glorious a choisi d'informer ses fans via son site Internet. En fait de pause, l'arrêt pourrait se prolonger. Avant même leur dernier concert fin septembre, les trois frères Pouzin - Aurélien (27 ans), Benjamin (24 ans) et Thomas (23 ans) - se sont inscrits aux Assédic et se disent "en phase de recyclage". Ils ne sont pas les seuls. Deux autres formations -le groupe de rock Totus, emmené par Vincent Buisset. et celui de reggae Spear Hit - ont eux aussi décidé d'arrêter la scène. Certains contient une envie de poursuivre "de leur côté", voire une lassitude après plusieurs années de création commune. Mais tous partagent un même constat : le manque de soutien de la part de l'Église.
"Depuis un an, nous avions le sentiment d'être seuls à tirer notre barque" raconte Aurélien Pouzin. Glorious, souligne-t-il, n'a jamais "demandé de l'argent" mais "d'être soutenu en communication" : par la pastorale des jeunes, des familles, les médias chrétiens, etc. "Les prêtres n'arrêtent pas de dire : il nous faut des jeunes. Mais certains refusent de coller une affiche, au fond de leur église, parce que le concert n'a pas lieu dans leur paroisse", s'insurge son frère Thomas.
Le constat vaudrait surtout pour ceux qui ont fait le choix de textes au message "indirect". Ancien leader du groupe Totus, Vincent Buisset peut en témoigner : il vient de terminer un album - "Venez et voyez" - avec son autre groupe, Sentinelle, qui, lui, reçoit "un accueil fantastique". "L'Église est prête à utiliser des artistes pour animer, mais pas à soutenir les projets de ceux qui veulent avancer en eaux profondes », regrette-t-il. Comme lui, son producteur Rodolphe Tipy, de la société Esquisse Prod, aimerait que les choix de l'Église soient "moins limitatifs".
Lorsqu'ils se sont lancés, souvent après une rencontre avec Jean-Paul II, ou aux JMJ, ces artistes étaient bien conscients qu'ils ne feraient pas fortune. Une chose les agace tout de même : l'idée selon laquelle "parce que c'est catho, ça doit être gratuit". Sur ce point, le fondateur du festival de Pâques à Chartres, Jean-Baptiste Fourtané renvoie la balle aux spectateurs "qui sont prêts à payer 50 € pour une place de concert à Bercy, mais rechignent à payer 40 € un pass leur donnant accès à 35 concerts dans un festival chrétien", Résultat : certains groupes se produisent à perte. Ou bien, en infraction à la loi, ne déclarent qu'une partie de leurs membres.
Tous font d'ailleurs état de difficultés financières. Thomas, le plus jeune des frères Pouzin et le seul à ne pas avoir charge de famille, n'aurait même jamais été payé.
Pour Jean-Baptiste Fourtané, "jeter la pierre aux évêques serait trop simple", Mais à ses yeux, c'est vrai, "l'Église n'a pas suffisamment conscience de l'enjeu. Pourtant si elle veut toucher les 10-18 ans, il faut passer par la musique", La Conférence des évêques de France ne se défend guère. D'ailleurs, personne ne suit le dossier au siège. lnès Azaïs, responsable de la pastorale des jeunes à Paris, en convient : "La musique chrétienne ne figure pas parmi les priorités de l'Église. Elle est sur plusieurs fronts à la fois, et celui-ci n'est pas le premier." "Pourquoi ferait-on la promotion d'un groupe sous prétexte qu'il est chrétien ?". s'interroge de son côté le P. Benoît de Sinety, chargé avec elle du festival parisien de musique rock Holy Wins, "Après tout, on n'a jamais vu un écrivain chrétien demander l'appui de l'Église." Tout en reconnaissant le "courage" de ces jeunes qui «mouillent leur chemise", il estime que "ce n'est pas l'Église qui peut leur ouvrir les portes de la notoriété",
Les musiciens français, d'ailleurs, en conviennent. Si le "rock chrétien" rencontre davantage de succès dans le monde anglo-saxon, c'est que les frontières y sont moins étanches. "Les grandes radios refusent de diffuser nos chansons, parce que cela revient selon elles à cautionner le message catho", constate Thomas Pouzin. Reste la question de « d'efficacité)" d'un tel outil d'évangélisation, qui, manifestement, fait encore débat dans l'Église. Vincent Buisset et les autres souhaiteraient que les évêques de France s'en emparent, "au cours d'une de leurs assemblées générales à Lourdes". ..
ANNE-BÉNÉDICTE HOFFNER La Croix, 17 juillet 2007

ont décidé d'arrêter la scène. Plusieurs
se plaignent d’un manque de soutien de l'Eglise
"C'est le cœur rempli d'émotions que nous vous annonçons qu'il est l'heure pour nous aujourd'hui, après cinq ans de tournées, de faire une pause, de réfléchir sur l'avenir." Le groupe de pop-louange Glorious a choisi d'informer ses fans via son site Internet. En fait de pause, l'arrêt pourrait se prolonger. Avant même leur dernier concert fin septembre, les trois frères Pouzin - Aurélien (27 ans), Benjamin (24 ans) et Thomas (23 ans) - se sont inscrits aux Assédic et se disent "en phase de recyclage". Ils ne sont pas les seuls. Deux autres formations -le groupe de rock Totus, emmené par Vincent Buisset. et celui de reggae Spear Hit - ont eux aussi décidé d'arrêter la scène. Certains contient une envie de poursuivre "de leur côté", voire une lassitude après plusieurs années de création commune. Mais tous partagent un même constat : le manque de soutien de la part de l'Église.
"Depuis un an, nous avions le sentiment d'être seuls à tirer notre barque" raconte Aurélien Pouzin. Glorious, souligne-t-il, n'a jamais "demandé de l'argent" mais "d'être soutenu en communication" : par la pastorale des jeunes, des familles, les médias chrétiens, etc. "Les prêtres n'arrêtent pas de dire : il nous faut des jeunes. Mais certains refusent de coller une affiche, au fond de leur église, parce que le concert n'a pas lieu dans leur paroisse", s'insurge son frère Thomas.
Le constat vaudrait surtout pour ceux qui ont fait le choix de textes au message "indirect". Ancien leader du groupe Totus, Vincent Buisset peut en témoigner : il vient de terminer un album - "Venez et voyez" - avec son autre groupe, Sentinelle, qui, lui, reçoit "un accueil fantastique". "L'Église est prête à utiliser des artistes pour animer, mais pas à soutenir les projets de ceux qui veulent avancer en eaux profondes », regrette-t-il. Comme lui, son producteur Rodolphe Tipy, de la société Esquisse Prod, aimerait que les choix de l'Église soient "moins limitatifs".
Lorsqu'ils se sont lancés, souvent après une rencontre avec Jean-Paul II, ou aux JMJ, ces artistes étaient bien conscients qu'ils ne feraient pas fortune. Une chose les agace tout de même : l'idée selon laquelle "parce que c'est catho, ça doit être gratuit". Sur ce point, le fondateur du festival de Pâques à Chartres, Jean-Baptiste Fourtané renvoie la balle aux spectateurs "qui sont prêts à payer 50 € pour une place de concert à Bercy, mais rechignent à payer 40 € un pass leur donnant accès à 35 concerts dans un festival chrétien", Résultat : certains groupes se produisent à perte. Ou bien, en infraction à la loi, ne déclarent qu'une partie de leurs membres.
Tous font d'ailleurs état de difficultés financières. Thomas, le plus jeune des frères Pouzin et le seul à ne pas avoir charge de famille, n'aurait même jamais été payé.
Pour Jean-Baptiste Fourtané, "jeter la pierre aux évêques serait trop simple", Mais à ses yeux, c'est vrai, "l'Église n'a pas suffisamment conscience de l'enjeu. Pourtant si elle veut toucher les 10-18 ans, il faut passer par la musique", La Conférence des évêques de France ne se défend guère. D'ailleurs, personne ne suit le dossier au siège. lnès Azaïs, responsable de la pastorale des jeunes à Paris, en convient : "La musique chrétienne ne figure pas parmi les priorités de l'Église. Elle est sur plusieurs fronts à la fois, et celui-ci n'est pas le premier." "Pourquoi ferait-on la promotion d'un groupe sous prétexte qu'il est chrétien ?". s'interroge de son côté le P. Benoît de Sinety, chargé avec elle du festival parisien de musique rock Holy Wins, "Après tout, on n'a jamais vu un écrivain chrétien demander l'appui de l'Église." Tout en reconnaissant le "courage" de ces jeunes qui «mouillent leur chemise", il estime que "ce n'est pas l'Église qui peut leur ouvrir les portes de la notoriété",
Les musiciens français, d'ailleurs, en conviennent. Si le "rock chrétien" rencontre davantage de succès dans le monde anglo-saxon, c'est que les frontières y sont moins étanches. "Les grandes radios refusent de diffuser nos chansons, parce que cela revient selon elles à cautionner le message catho", constate Thomas Pouzin. Reste la question de « d'efficacité)" d'un tel outil d'évangélisation, qui, manifestement, fait encore débat dans l'Église. Vincent Buisset et les autres souhaiteraient que les évêques de France s'en emparent, "au cours d'une de leurs assemblées générales à Lourdes". ..
ANNE-BÉNÉDICTE HOFFNER La Croix, 17 juillet 2007