Vouloir et savoir élargir ses connaissances
Comme je l'ai indiqué précédemment, dans cette catégorie "anthropologie", je donne diverses réflexions sur le sens, ou non sens, du travail. Textes qui me semblent d'une grande importance alors qu'on veut augmenter la durée du travail salarié tout en critiquant "mai 68".
Échanges des compétences
Par un curieux reste d’élitisme, beaucoup de syndicats réagissent avec hostilité à l’idée de la possible et nécessaire banalisation des compétences, comme si chacun devait avoir pour but et pour dignité de détenir un savoir et des capacités professionnelles irremplaçables. La banalisation des compétences signifie tout simplement que ce que je fais, d’autres, beaucoup d’autres, peuvent le faire ou apprendre à le faire. Une foule de compétences réservées jusque-là à des élites ont ainsi été banalisées depuis une vingtaine d'années : la connaissance de langues étrangères, l’utilisation d’un ordinateur, les principes de la diététique, de la prévention de diverses maladies, de la contraception, etc.; mais aussi le ski, le tennis, l’équitation, la voile, etc.
Or la banalisation des compétences et des qualifications élevées est le moyen le plus indispensable et le plus efficace de combattre la dualisation de la société.... Elle est nécessaire à une politique suivie de réduction de la durée du travail par répartition des emplois, même très qualifiés, sur un nombre beaucoup plus grand d’actifs. Et elle doit être, inversement, l'un des buts des réductions de la durée du travail : le temps libéré doit pouvoir être employé aussi à l’approfondissement et à l’élargissement des connaissances, professionnelles ou non. Il n’y a pas d’autre voie pour répartir le travail socialement nécessaire sur tous les citoyens capables et désireux de travailler : tout le monde doit pouvoir travailler moins afin que tout le monde puisse gagner sa vie en travaillant. (p. 102)
extraits de André GORZ, Métamorphoses du travail, Quête du sens, Critique de la raison économique, Galilée, 1988.
Échanges des compétences
Par un curieux reste d’élitisme, beaucoup de syndicats réagissent avec hostilité à l’idée de la possible et nécessaire banalisation des compétences, comme si chacun devait avoir pour but et pour dignité de détenir un savoir et des capacités professionnelles irremplaçables. La banalisation des compétences signifie tout simplement que ce que je fais, d’autres, beaucoup d’autres, peuvent le faire ou apprendre à le faire. Une foule de compétences réservées jusque-là à des élites ont ainsi été banalisées depuis une vingtaine d'années : la connaissance de langues étrangères, l’utilisation d’un ordinateur, les principes de la diététique, de la prévention de diverses maladies, de la contraception, etc.; mais aussi le ski, le tennis, l’équitation, la voile, etc.
Or la banalisation des compétences et des qualifications élevées est le moyen le plus indispensable et le plus efficace de combattre la dualisation de la société.... Elle est nécessaire à une politique suivie de réduction de la durée du travail par répartition des emplois, même très qualifiés, sur un nombre beaucoup plus grand d’actifs. Et elle doit être, inversement, l'un des buts des réductions de la durée du travail : le temps libéré doit pouvoir être employé aussi à l’approfondissement et à l’élargissement des connaissances, professionnelles ou non. Il n’y a pas d’autre voie pour répartir le travail socialement nécessaire sur tous les citoyens capables et désireux de travailler : tout le monde doit pouvoir travailler moins afin que tout le monde puisse gagner sa vie en travaillant. (p. 102)