art premier, art singulier, hors normes, communion avec les Esprits
Une expo sympa à Confuences-Polycarpe où l'on est plongé dans une saine expression religieuse. Jeudi, vendredi, samedi de 15 h à 18 h jusqu'au 9 juin, 25 rue René
Leynaud, 69001 Lyon.
L'Evangile est peut-être absent de ces ex-votos ; mais on a une belle expression de la dignité païenne en quête de dialogue avec Dieu.
Marion, alias Lucrèce, au coeur du « Votum Fecit Gratia Accepit »
Marion a-t-elle toujours su, au plus secret d'elle-même, que depuis son enfance africaine et monégasque un étrange et difficile chemin de Compostelle était exigé d'elle ?
Précédant l'apparition des ex-voto, Lucrèce enfante de prophétiques et flamboyant peintures-vitraux où paganisme, christianisme, bouddhisme, chamanisme s'enlacent, s'imbriquent en lancinantes mélopées mozarabes.
A l'issue de ce parcours médiumnique qui révèle à l'artiste que sa vie, pour sa propre sauvegarde,se doit de bifurquer résolument, les ex-voto s'imposent comme une évidence. Faisant sienne cette pensée de Chateaubriand « Lorsque je contemplais ces ex-voto, ces peintures de naufrages suspendues autour de moi, je croyais lire l'histoire de mes jours. » (Mémoires d'outre tombe)
Lucrece, en état d'urgence, balaie toute norme contraignante et recettes académiques pour plonger dans l'oeil pailleté d'or du temps immobile. Sa connaissance de l'histoire de l'art sait à quel point les images votives avec leur caractère stéréotypé et leur sentimentalisme naif sont dénigrées et mises à l'écart des grands courants artistiques.La critique elle même les traite souvent avec désinvolture. Lucrèce n'en a cure. Le merveilleux est son domaine. Son imagination pleine d'innocence peut enfin se débrider et neutraliser magiquement les puissances morbides qui l'enchaînent. Sa relation avec l'au-delà ne date pas d'hier. Ce « don », elle le tient de sa grand-mère, Pauline, guérisseuse et barreuse de feu dans la montagne Pyrénéenne .
Chacun des ex-voto de l'artiste s'impose comme un prodige permanent où transparaît l'Invisible. La terre et le ciel s'y confondent souvent. Et l'on pense au songe de Jacob dont l'échelle permit à notre terre d'être reliée au ciel. Intensément présente la Vierge est là qui veille dans sa vibration de schème ascensionnel. Son aide est puissante et bienheureuse au cours de redoutables exorcismes. Le magistère de l'Eglise n'y trouverait pas toujours son compte.
Les madones et saintes que Lucrèce façonne dans l'argile se couvrent de pierreries et paillettes polychromes. Des arcs-en-ciel de plumes et de rubans fusent comme feux d'artifice. Sortes de contrepoids votifs, ces ex-voto pèsent de tout leur poids organique, de toute leur force universelle pour conjurer menaces et symptômes inquiétants. Dans l'aura de leur iridescence la joie annonce sa venue irrésistible. Par le truchement des mystères christologiques la solitude ontologique est annihilée. Point d'acmé de ce parcours sacré de lucrèce: un torse gratulatoire, objet votif anatomique qui, dans un rayonnement incomparable, révèle la force transcendante du « Votum Fecit Gratia Accepit ».
« Elle fit un voeu et la Grâce l'exauça »
Raâk/août 2010
J'enlace le chaos
et serpente le long des saphènes
En coulées ascendantes
je transmute les ténèbres
en lumiére.
En coulées descendantes
j'absorbe et diffuse
la connaissance suprême.
De la glébe de mes écailles
jaillissent les os impatients
de l'humanité.
Autour de l'oeuf cosmique
ils dansent le combat de la dualité.
Au rythme nodal des balafons
renaît le coeur pourpre
de l'amour.
Raâk/août 2010
(Poéme inspiré par le torse)