Election : les catholiques pratiquants sont loin de s’engager en faveur du pauvre et de la protection de la nature.
Selon les sondages, voir par exemple celui réalisé
pour La Vie, les catholiques pratiquants
soutiennent les économies productivistes qui visent plus à l’enrichissement personnel qu’au partage solidaire et fraternel des ressources. On se tourne vers le travailler plus pour gagner
plus selon le slogan usuel.
« Pas moins de 47% des catholiques pratiquants réguliers ont voté pour Nicolas Sarkozy, contre 26,9% de l’ensemble des Français. »
Les catholiques s’entendent pour descendre dans la rue afin de défendre l’école libre ; je parle souvent des manifestations de 1984 dont je regrette ne pas retrouver les photos prises place Bellecour à Lyon ; plus de 150 000 personnes !
Je dis en même temps que selon l’Évangile cette foule devrait se retrouver dans la rue pour signifier la fraternité du frère étranger. Elle devrait être là cette Église pour soutenir les « sans papiers ». La conférence des évêques de France proclame que « l'accueil de l'étranger est un défi lancé à notre société, aussi bien française qu'européenne. L'Église catholique, elle-même impliquée dans l'accueil des étrangers, rappelle qu'il doit se faire dans le respect de leur dignité et dans la fidélité à l’Évangile ». De longtemps, parfois accompagné de quelques mouvements catholiques et de prêtres (les anciens prêtres-ouvriers), c’est plutôt la gauche politique qui souhaite descendre sur les places pour réclamer plus de justice.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les catholiques votent autant pour Sarkozy ? « Commentant les motivations des 3000 personnes interrogées, Jean-Daniel Lévy insiste sur l'intérêt des catholiques réguliers pour les questions économiques et européennes. Ainsi, les thèmes qui ont le plus compté dans le vote de ces catholiques sont dans l'ordre : la lutte contre les déficits, l'emploi, l'Europe, l'immigration, la compétitivité des entreprises françaises, la moralisation de la vie politique et la politique étrangère » (tout cela selon l’article de La Vie). Ils abordent ces questions plus à la lumière de leurs affaires économiques que de l’éclairage qu’apporte l’Évangile. Cela invite à des commentaires violents de la part des lecteurs de La Vie : « Si des catholiques votent Sarkozy c'est pour deux raisons essentielles. La trouille de perdre leur richesse personnelle pour certains. Croire que les socialistes sont de dangereux staliniens ou léniniste qu'il faut combattre à tout prix. Ces cathos se gargarisent de la doctrine sociale de l'Église, mais font tout pour qu'elle ne soit jamais appliquée. »
Et l’écologie ?
Le quotidien La Croix du 24 avril, présentant le document « Enjeux et défis écologiques pour l’avenir » (j’en reparlerai) écrit que les évêques appellent les chrétiens à un sursaut majeur sur l’écologie. Ceux-ci ne sont pas assez sensibles à toutes ces questions. Ils ne veulent pas aborder la nécessité de changer de modes de vie. Et pourtant, sans sombrer dans un catastrophisme paralysant, les raisons pour lesquelles il nous faut convertir « nos façons de penser, de communiquer et de nous déplacer, de travailler et de consommer » sont . Il s’agit donc « de donner des raisons d’agir au moment où le score des écologistes aux élections s’est effondré et où la préoccupation écologique passe au second plan derrière la crise économique ».
Puisque Sarkozy arrive largement en tête chez les catholiques pratiquants (selon La Vie), ce n’est pas par eux que l’on obtiendra une ouverture à une vie sobre et simple où il y a moins de biens, justement pour avoir plus de liens. Jadis, les évêques demandaient à ce que les catholiques « ne retirent pas égoïstement leur épingle du jeu ». Il y a encore beaucoup à attendre pour la protection de l’homme et de l’environnement par les catholiques pratiquants réguliers.
Ceci étant dit, peut-être dois-je me poser la question : mon vote expliquerait-il que je ne suis pas un bon catholique pratiquant ?